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Une place Jean-Paul II au vote aujourd’hui

Alors qu’au lendemain de la mort de Jean-Paul II, le Maire de Paris, Bertrand Delanoë avait fait émettre le voeu par le Conseil de paris d’un baptême d’un lieu parisien au nom du défunt Pape, cette décision devrait être votée lors du Conseil de Paris qui se déroule actuellement.

Le Maire socialiste de Paris avait fait adopter avec l’appui de la droite et sans les voix pleines de ses alliés politiques une proposition de principe en ce sens. René Dutrey, président du groupe Verts, avait estimé que « Jean-Paul II n’a pas besoin d’une rue à Paris pour sortir de l’ombre, sa notoriété est assurée (…) Seule l’Histoire jugera si ses positions, notamment sur la pandémie de sida, ont été une régression ou non pour l’humanité », sa collègue communiste, Nicole Borvo, souhaitait quant à elle « éviter la précipitation » pour un pape qui avait « été en rupture avec ce qui bouge » sur les questions sociales.

Bertrand Delanoë, tout en condamnant les positions sociétales de Jean-paul II persiste à vouloir lui octroyer la reconnaissance de la ville en lui dédiant le parvis de Notre-Dame. Le bilan contrasté d’un Pape qui s’est opposé sur tous les grands thèmes sociaux (avortement, contraception, place des femmes, homosexualité.) ou pastoraux (célibat des prêtres, ordination des femmes.) et n’a jamais eu une position positive sur la prévention au VIH en se refusant à se positionner sur le préservatif et ne prêchant que l’abstinence, la fidélité ou la chasteté comme modes de lutte contre le Sida, fait apparaître des voix discordantes au sein de la majorité municipale sur le sujet, notamment celles d’élus PRG, verts ou communistes qui pourraient s’abstenir de voter cette décision, voir s’y opposer. A la mort de Jean-Paul II, les mêmes s’étaient émus des précipitations de la ville à faire mettre les drapeaux en berne, symbole du deuil de la municipalité républicaine.

Pour Bertrand Delanoë il s’agit de voir reconnaître «la trace la plus féconde du pontificat et, en particulier, le dialogue entre les religions, qui est une urgence aujourd’hui». A l’opposé et pourtant allié politique du Maire de la Capitale, le PRG a publié un communiqué hostile à cette proposition concernant Jean-Paul II «dont l’action a été guidée par des convictions éminemment critiquables sur les questions de société et qui a cultivé une grande proximité avec les tenants des régimes dictatoriaux d’extrême droite», Gilles Alayrac, membre du PRG et conseiller de Paris proposant un amendement en faveur d’un parvis Notre-Dame, esplanade des Religions et de la Conscience universelle. Clémentine Autin, apparentée PC et adjointe de Delanoë, estime que «les places ou les rues de Paris devraient déjà se doter de plus de noms de femmes avant que soit favorisé le tenant d’une révolution conservatrice».

Au surplus, comme la précipitation concernant le voeu exprimé l’an dernier avait été dénoncé, ce choix interviendrait de manière dérogatoire, mais légale, à la règle qui veut que l’on ne puisse attribuer à une voie de Paris le nom d’une personnalité moins de cinq ans après son décès.

Au-delà, et alors que Jean-Paul II, comme son successeur, Benoît XVI, n’a pas hésité à s’immiscer dans les questions de politiques intérieures pour dénoncer les choix légaux et démocratiques d’Etats indépendants, notamment quand il s’agissait du droit à l’avortement, à la contraception, des questions liées à l’homosexualité etc voire d’appeler à s’opposer, de manière contra legem à ces législations, ce choix intervient un an après une célébration molle de la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat. L’Ile de la Cité n’est pas une enclave du Vatican et ce choix de voir baptiser un espace du domaine public au nom du défunt Pape est un signe qui au-delà de la personnalité même de Jean-paul II ne soucie pas les élus républicains quant à un nouvel affaiblissement de la laïcité et l’affirmation d’un espace religieux au coeur de la capitale, de surcroît par le fait de la municipalité.

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Delanoë pour un lieu parisien au nom de Jean-Paul II





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