L’édito du numéro de mars du magazine Têtu n’est pas au goût des militantEs LGBT. Bien que l’on ne puisse nullement faire le procès en militantisme du mensuel dirigé par Pierre Bergé, militantisme assumé par le leader de la presse LGBT depuis sa création, l’édito du rédacteur en chef de la publication, Thomas Doustaly, titré «On a gagné», ne passe pas du côté associatif.
Un excès d’optimisme ou de relativisme serait-il à mettre au débit du mensuel ? L’édito en question reprend les positions des principaux candidats et partis politiques pour les prochaines échéances électorales et avance que l’«On peut toutefois prévoir que le deuxième tour de l’élection présidentielle verra s’opposer Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy et, pour ce qui nous concerne, quel que soit le vainqueur, les homosexuels pourront accéder soit à une union style Pacs, soit au mariage. On peut donc dire qu’on a gagné.».
Pour le CGL Paris, le magazine a pêché «avec un enthousiasme nous semble t-il quelque peu naïf», «Au Centre LGBT Paris IDF, nous considérons qu’il y a une différence significative entre l’ouverture au mariage et à l’adoption pour les homosexuels et une simple amélioration des dispositions actuelles du Pacs qui ne répondra toujours pas aux attentes des nombreuses familles homoparentales». Le CGL entend que l’élection soit l’occasion de s’engager également en matière de lutte contre l’homophobie via l’éducation et de «légiférer sur ces questions afin d’assurer une sécurité juridique aux couples et aux familles homoparentales et alors, nous pourrons prétendre, non pas avoir « gagné » mais avoir avancé sur le long chemin de l’égalité des droits».
Les militants LGBT du Parti Socialiste qui ont adressé une lettre ouverte à la publication, estiment que en dépit des engagements affichés par Nicolas Sarkozy sur le sujet «cela n’aurait pas dû (vous) conduire à oser, sous le titre « on a gagné », un éditorial annonçant peu ou prou la fin du combat pour l’égalité des droits en France. Les projets présidentiels se vaudraient ? Le mariage ne serait qu’un mot ? L’homoparentalité ne serait qu’un mirage ? La poignée de main du ministre de l’Intérieur équivaudrait aux engagements plusieurs fois confirmés de Ségolène Royal ? Comment le représentant d’un média aussi averti peut-il se laisser séduire par des images aussi dégradantes de l’homosexualité réduite à d’insupportables clichés, qui n’illustrent qu’une absence cherche à gauche. A droite, on isole des communautés et on ne propose pas de projet de société pour les réunir. On y entretient les clichés et on se berce d’illusions. de proposition ?».
Pour les Panthères Roses, le même constat de non différenciation entre les propositions de la droite et de celles de la gauche est critiqué : «le clivage gauche-droite n’a jamais été aussi clair sur les questions d’égalité des droits entre homos et hétéros. Les candidatEs de gauche sont très largement favorables à l’égalité des droits, y compris à l’ouverture du mariage aux couples homosexuels. Tous les partis de droite s’y opposent, dans le but affiché de ne pas leur ouvrir la parentalité. À part ça, la droite n’est pas homophobe.».
De manière non idéologique admettons que la droite, comme la gauche, a avancé sur ces questions et gageons que au-delà de la polémique sur ce qui semble être d’avantage une maladresse de langage qu’une minoration des revendications LGBT, tous se réuniront sur l’intérêt commun que les droits des personnes homosexuelles avancent, point dont personne ne remet en doute la nécessité.
EN SAVOIR PLUS
L’édito de Têtu : www.tetu.com
La lettre ouverte de HES : www.hes-france.org
Le communiqué du CGL Paris IDF : Ici.
Le communiqué des Panthères Roses : Ici.