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Rififi autour du ravivage de la flamme et de la cérémonie en hommage à Pierre Seel

Au-delà de la querelle et des oppositions militantes, le conflit opposant les auteurs du site Triangles Roses, rejoints par les responsables du Mémorial de la déportation homosexuelle, contre les OubliéEs de la Mémoire est significatif des difficultés à traiter un sujet historique, mémoriel et symboliquement fort comme celui de la reconnaissance de la déportation homosexuelle et du devoir de mémoire envers les victimes.

En l’espèce, et alors que la communauté LGBT dénonçait unanimement l’ostracisme dont elle était victime dans le cadre des cérémonies liées à la déportation et aux souvenirs des victimes du régime nazi, ces associations, qui appelaient à la reconnaissance pleine et entière des cas de déportations d’homosexuels et victimes gaies du régime hitlérien, s’opposent dans la forme et au fond à une cérémonie de ravivage de la flamme sous l’Arc de Triomphe et qui vise à saluer la mémoire de Pierre Seel, unique déporté homosexuel officiellement reconnu en France, décédé en novembre 2005.

Cette opposition pourrait paraître incongrue relativement à une cérémonie qui se veut militante et historique pour autant elle illustre un devoir tout aussi important que celui de mémoire qui est celui a forciori du strict respect des données historiques et d’un usage raisonné des symboles.

A l’invitation du Comité de la Flamme sous l’Arc de Triomphe, Les «oublié(e)s» de la mémoire, association civile homosexuelle du devoir de mémoire, ravivera la Flamme du Souvenir le vendredi 31 mars 2006 à 18h30 à l’Arc de Triomphe. A cette occasion, un hommage sera rendu à Pierre Seel, déporté français politique pour motif d’homosexualité, disparu en novembre 2005, par un dépôt de gerbe sur la tombe du Soldat Inconnu. Le groupe Mélo’Men interprètera, à l’issue du dépôt de gerbes sur la tombe du Soldat Inconnu, le « Chant des Marais », hymne européen de la déportation, créé en 1933 dans le camp de concentration nazi de Boergermoor.

Cette initiative n’est pas au goût des auteurs du site Triangles Roses et des responsables du Mémorial de la déportation homosexuelle qui indiquent souhaiter faire savoir «qu’ils se désolidarisent totalement de cette manifestation qui, selon eux, ne peut être que dommageable aux objectifs de mémoire qu’ils poursuivent. Ils ne participeront — ni n’inviteront à participer — à aucun « ravivage de Flamme » et autre cérémonie de ce type, et insistent sur leur volonté de se dissocier d’une organisation, les Oubliés de la Mémoire, dont ils contestent la représentativité, la pertinence des analyses et la légitimité des moyens.».

Joint par CitéGAY, Franck Zanni, responsable du site Triangles Roses explique cette position : «Au-delà d’un contentieux purement associatif, il s’agit d’une opposition profonde concernant une association (NDR : les Oublié(e)s de la Mémoire) très « Anciens combattants », dont le symbole même, un triangle rose avec les couleurs bleu-blanc-rouge, travestit historiquement la mémoire». Franck Zanni s’oppose également à l’action même du ravivage de la flamme, qui historiquement, à ses yeux, n’a pas de sens pour des victimes civiles et dont la forme militaire ne correspond pas à une action pédagogique comme serait celle de l’apposition de plaques commémoratives dans les camps. Triangles Roses dénonce également le nom Oublié(e)s de la Mémoire, «fourre-tout historique et intellectuel».

A l’inverse, Philippe Couillet, joint également, refuse cette analyse : «Nous ne sommes pas polémistes, nous ne sommes pas concurrentiels, on essaie d’avancer. C’est peut être cela qui gène, le travail fait depuis trois ans par notre action. Nous acceptons toute critique pour autant». Sur les motifs opposés, Philippe Couillet avance que les questions liées à la déportation homosexuelle sont du ressort même du ministère délégué aux anciens combattants et des administrations liées et que l’utilisation du drapeau tricolore est justement «un acte militant, démocratique, visant à sa réappropriation par tous, et non aux seuls partis politiques d’extrême droite». Les Oublié(e)s de la Mémoire rappellent également que «la Flamme est celle également de l’espérance et de l’avenir, ne réunissant pas seulement les combattants mais aussi les victimes». Philippe Couillet annonce la venue d’une quarantaine de participants et, sous réserve, celle de la veuve de Pierre Seel, ainsi que la participation d’une représentante du ministère délégué aux anciens combattants, de Valérie Pécresse, députée et porte-parole de l’UMP, et de Roger Madec, sénateur maire PS du 19ème arrondissement.

Les participants sont priés d’arriver à 17h30, Angle rue Balzac / Avenue des Champs Elysées, tenue de ville sombre et décorations.

A l’opposé, Triangles Roses et le Mémorial de la déportation homosexuelle préparent également une cérémonie à la mémoire de Pierre Seel, avec la participation annoncée par Franck Zanni de Bertrand Delanoë, pour un «hommage centré sur Pierre et le legs qu’il a fait à la génération actuelle».

EN SAVOIR PLUS

Le communiqué de Triangles Roses : Ici

Le site de l’association Oublié(e)s de la Mémoire : http://pagesperso.aol.fr/devoiretmemoire

Le site Triangles Roses : www.triangles-roses.org

Le site de l’association Mémorial de la déportation homosexuelle : www.france.qrd.org/assocs/mdh

Si vous souhaitez commander en ligne le livre « Moi Pierre Seel, déporté homosexuel » (1994, Calmann-Lévy) : ICI




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