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Sida, Grande Cause Nationale : au fil des mois, mars

Si la visibilité des personnes touchées par le Sida a été forte chez les hommes, au sein de la communauté homosexuelle, ou au sein des toxicomanes, touchés par un double impératif de santé publique, il n’en est pas de même chez les femmes qui sont victimes de la pandémie et trop souvent encore souffrent du silence social les concernant.

Il faut malheureusement attendre que les femmes elles mêmes se constituent en groupe de parole, comme l’association Femmes Positives, ou que des procès mettent l’accent sur les contaminations de femmes hétérosexuelles pour que la parole se libère et que les spécificités liées aux cas de VIH chez les femmes soient examinées. De part le monde les femmes constituent désormais le genre le plus touché par la pandémie. En France, une hausse des cas de contamination et des dépistages de la séropositivité chez les femmes sont enregistrés, avec des chiffres inquiétants chez les femmes migrantes d’origine subsaharienne. Les femmes représentent 43% des nouvelles infections diagnostiquées en 2003/2004, le mode hétérosexuel de transmission devenant majoritaire. En Guyanne, dans les Antilles, en Ile de France et en PACA, elles regroupent 60% des cas diagnostiqués en 2004.

A l’instar de l’association Femmes positives, beaucoup de femmes contaminées souhaitent que le partenaire masculin qui a transmis le virus soit condamné dans le cas d’un statut sérologique positif connu et caché avec des prises de risque intentionnelles pour leur partenaire féminine. Cette position décriée par la majorité des associations de lutte contre le Sida, qui prônent le maintient du principe de responsabilité partagée, est venue répondre de la mauvaise manière à un vrai problème. La prise en compte comme victime sociale et civile des femmes contaminées ne doit pas faire oublier le devoir de responsabilité conjointe quant à l’usage du préservatif lors des rapports sexuels, responsabilité partagée entre les deux partenaires.

La contamination est souvent perçue par les femmes non seulement comme entraînant des conséquences médicales mais également comme une « trahison » du fait du partenaire qui a caché son statut sérologique ou, au pire, a menti, trompé. Ce n’est pas la condamnation des hommes « contaminants » qui répondra au problème de la contamination des femmes lors de rapports hétérosexuels mais la prise en charge, par les femmes elles-mêmes, des moyens de protection.

Comme le rappel Aides, en charge de l’organisation de ce mois, « Pour des raisons à la fois socioculturelles et biologiques, les femmes sont plus vulnérables que les hommes au VIH/sida lors de rapports non protégés. Elles ont en effet 3 à 8 fois plus de risques d’être contaminées. Ces chiffres effrayants doivent pousser à développer des actions de prévention et des groupes de paroles qui soient spécifiquement destinés aux femmes. ». Outre des facteurs biologiques de vulnérabilité, Aides a recensé les facteurs socio-économiques, culturels et juridique propres aux femmes : dépendance économique, précarité, religion, statut juridique et normes sexuelles qui régissent les rapports hommes-femmes.

Prévention au VIH et information sur la contraception vont de pair. Trop souvent encore au sein des pays occidentaux, les femmes prennent des risques au motif qu’elles disposent de moyens de contraception et sous-estiment voir ignorent leur prise de risque en matière de MST/IST au motif que les femmes contaminées ne sont pas visibles, la gestion du risque de grossesse non désirée primant sur toute autre question.

Egalement, la maternité a aussi une place importante pour les femmes séropositives. La peur de la perte des enfants est un facteur d’isolement et la question du désir d’enfant, légitime pour toute femme, est encore socialement perçu comme un tabou chez les femmes séropositives.

Enfin, l’impact du sida chez les femmes est d’autant plus important qu’il renvoie à la place des femmes tant dans le couple, au sein de la cellule familiale qu’au sein de la société.

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15 femmes vivant avec le VIH/sida prennent la parole à l’occasion du lancement du mois de Mars consacré à « l’impact du sida chez les femmes »

15 femmes touchées par le VIH/sida viendront témoigner de leur vie quotidienne avec le virus (parcours de femmes migrantes/étrangères, jeune femme séropositive au VIH depuis sa naissance, etc.). Vous pourrez entendre leur témoignage et leurs revendications actuelles lors d’une conférence qui se déroulera en présence de Christiane Marty-Double, Professeur de médecine à la Faculté Montpellier/Nîmes et vice-présidente de AIDES et de Tina Kieffer, Directrice de la rédaction de Marie Claire :

Le mardi 1er mars 2005 entre 10h30 et 12h30

A MARIE CLAIRE
Salle Auditorium 7ème Etage
10 bd Frères Voisin
92130 Issy Les Moulineaux
Métro : Mairie D’Issy

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