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« 58% des contaminations hétérosexuelles concernent les femmes »

Dans le cadre de l’année Sida, Grande Cause Nationale, le mois de mars est consacré à l’impact du Sida chez les femmes. Delphine DORIER pour Sida Info Service a interrogé Graciela Cattaneo, référente nationale Femmes à Aides, association en charge de l’organisation de ce mois. Nous reproduisons in extenso cet entretien.

Sida Info Service : Quelles sont les actions prévues dans le cadre de la grande cause nationale concernant le sida chez les femmes ?
Graciela CATTANEO : De nombreuses actions nationales et locales sont prévues. A Paris, le 1er mars, dans les locaux du magazine Marie-Claire, aura lieu une conférence de presse « Tribunes des femmes concernées » pour le lancement des opérations du mois sur l’impact du VIH chez les femmes. Une quinzaine de femmes concernées par le virus parleront de leur vécu, partageront leurs expériences et exprimeront leurs revendications. Le 5 mars, à la Mairie du IVème se déroulera un colloque « Femmes, sida et sexualité » dans la continuité des Etats généraux Femmes et sida organisé l’année dernière par le collectif Sida Info Service, Aides, le Kiosque Info Sida, Act up Paris, le Planning familial. A cette occasion, nous clôturerons la campagne pour les microbicides lancée le 1er décembre. Le 8 mars, une conférence « Des femmes parlent du sida aux femmes » à l’hôpital Georges Pompidou est organisée par les élus du 15ème arrondissement et la Mairie de Paris. Le 29 mars, l’association Ikambere organise une journée sur le thème « Femmes, familles et infection à vih ».

Sida Info Service : Les femmes atteintes et concernées par le sida forment des groupes de paroles, se mobilisent et interpellent les pouvoirs publics. Quelles sont les spécificités de l’impact du VIH dans la population féminine ?
Graciela CATTANEO : Les spécificités concernent la prévention et le suivi médical et social. Il est important de souligner que les femmes présentent une vulnérabilité plus grande sur le plan biologique en ce qui concerne le risque de contamination. Le sperme est plus contaminant que les sécrétions vaginales et peut rester plusieurs jours dans le vagin. Les muqueuses, plus étendues que chez l’homme, sont fragilisées par plusieurs aspects : l’existence des règles, la présence des MST dépistées tardivement car non visibles, l’immaturité du col de l’utérus chez les jeunes femmes et à la ménopause.
D’autre part, le contexte social, culturel, religieux, juridique et économique influe sur la capacité des femmes à pouvoir négocier l’utilisation du préservatif avec leur partenaire. Les risques ne sont pas les mêmes pour toutes les femmes. C’est l’addition ou non de ces différents facteurs qui vont les rendre plus au moins vulnérables à la prise de risque.
Les effets spécifiques de l’infection par le VIH et des traitements sur les femmes aux différentes périodes de leur vie restent peu étudiés : par exemple, l’adaptation des doses de médicaments au poids, la prise en compte des interactions entre les traitements et le système hormonal, le risque d’ostéoporose, vraisemblablement aggravé par l’infection par le VIH et par certains antirétroviraux etc.
Les femmes sont largement sous-représentées dans les essais cliniques. Il est essentiel que les spécificités féminines soient prises en compte dans la recherche et dans l’octroi des autorisations de mise sur le marché des médicaments.
Désir d’enfant, modifications corporelles, discriminations, les femmes vivent la séropositivité de manière plus lourde et plus douloureuse que les hommes.

Sida Info Service : Comment les associations et les professionnels de santé répondent à la spécificité de cette demande ?
Graciela CATTANEO : Sur le plan de la prévention, Sida Info Service s’est beaucoup engagé dans la promotion du préservatif féminin. Malgré les efforts des associations, il reste très cher et peu diffusé en pharmacies et grandes surfaces. Les femmes souhaitent que cet outil soit modifié. Il serait important que le fabricant en tienne compte pour augmenter son acceptabilité car le préservatif féminin représente une alternative très importante.
Depuis des années, on constate l’augmentation inquiétante des contaminations chez les femmes. Aujourd’hui il est urgent de mettre en place une prévention adaptée et de prendre conscience que les préservatifs ne peuvent pas rester les seuls outils disponibles. La place des microbicides devient essentielle.
Les pouvoirs publics devraient financer des campagnes nationales, fortes et ambitieuses, en direction des femmes.
Malgré les recommandations des experts, la prise en compte globale des spécificités féminines dans le suivi de l’infection à vih n’est une réalité que dans quelques rares centres en France. Trouver une gynécologue formée au VIH et avec qui une femme séropositive peut parler de sa vie sexuelle relève de l’exploit !

Sida Info Service : Où en est la recherche sur les microbicides ?
Graciela CATTANEO : Actuellement, aucun microbicide n’est disponible sur le marché. Une soixantaine de produits sont à l’étude, dont douze d’entre eux en phase avancée. L’Etat français ne se mobilise pas assez. Les chercheurs non plus. Les autorités doivent prendre la mesure de l’urgence en matière de santé publique, inciter au développement des microbicides et contribuer financièrement à leur recherche. Un partenariat public/privé permettrait des avancées.

Sida Info Service : 58% des contaminations hétérosexuelles concernent les femmes. Comment inciter les responsables de santé publique à mettre en place une prévention et une prise en charge adaptées aux femmes ?
Graciela CATTANEO : En menant des actions de lobbying coordonnées et collectives, comme la campagne en faveur des microbicides. Les institutions et les associations doivent, dans leurs objectifs et leur fonctionnement interne, prendre conscience des difficultés que traversent les femmes atteintes.
En facilitant l’expression de femmes concernées, en portant leurs revendications auprès des pouvoirs publiques

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Entretien réalisé par Delphine DORIER pour Sida Info Service


EN SAVOIR PLUS

Notre article sur les actions de ce mois : Sida, Grande Cause Nationale : au fil des mois, mars

L’organisation de ce mois est placée sous la responsabilité de Aides :
Listing des actions prévues durant ce mois (Format PDF)
Dossier de presse femmes et VIH (Format PDF)
Les actions de Aides avec les femmes (enquête réalisée en mai 2004)

Le site de l’association Sida Info Service : www.sida-info-service.org

Le site de l’association Aides : www.aides.org

Le site dédié du collectif Sida Grande Cause Nationale 2005 : www.sida2005.net

Vous pouvez retrouver tous les articles parus sur CitéGay en rapport avec l’opération Sida, Grande Cause Nationale 2005 sur www.sida2005.citegay.com

TOUTES NOS ACTUALITES PREVENTION EN UN SEUL CLIC : ICI







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