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Se souvenir pour ne plus avoir à se taire

Ainsi ce mois de mars a été – c’est le moins que l’on puisse dire – chargé en actualités concernant les filles qui préfèrent les filles et les garçons qui préfèrent les garçons.

L’année 2005 a été déclarée grande cause nationale du SIDA et un certain nombre d’événements sont organisés : ainsi cette année le Sidaction revêtira un caractère impérieux notamment au regard de la situation française où l’un des enjeux sera de demander la levée de l’interdiction faite aux homosexuels de donner leur sang. Act Up souhaite également rendre attentifs les pouvoirs publics en lançant le slogan « Le sida ne dort pas ». Au-delà de nos frontières les acteurs de prévention Sida s’interrogent sur le virus ultra résistant découvert à New York au début du mois. Plus que jamais la prévention tient sa place dans les dispositifs sanitaires et l’information auprès de toutes les populations.

Et ce d’autant plus que l’homophobie renforce le sentiment de honte de jeunes gays et lesbiennes qui ne peuvent parler de leur sexualité et ne peuvent prendre conseil auprès d’interlocuteurs de la prévention. Ainsi le monde du sport reste un bastion de l’homophobie ambiante où les valeurs viriles sont fortement investies par les sporti (f) (ve)s. On ne peut donc que saluer l’initiative de l’Inter-LGBT qui est devenue partenaire avec le PSG, Paris Foot Gay, la LICRA du programme « La Sport attitude » qui vise à lutter contre toutes les discriminations dont l’homophobie.

Homophobie toujours mais cette fois-ci du côté de nos voisins italiens et non des moindres puisque c’est Silvio Berlusconi en personne qui s’est permis un dérapage dont il est coutumier. En commentant sa mise en examen pour corruption d’actes judiciaires prononcée à Milan, il a signifié qu’ « en Italie, si l’on veut être sanctifié, il faut devenir l’un ou l’autre » en désignant les Gays et des communistes. Entre Rocco Buttiglione et Silvio Berlusconi, nos cours ne balancent pas !

Si la vieille Europe se crispe sur de tels enjeux, une légère brise homophilie semble venir d’outre atlantique. Mais ne nous y trompons pas, les Etats-Unis restent cramponnés à leur droit divin son président le premier. Notons toutefois cette décision d’un juge californien, Richard Kramer qui déclaré, ce mois-ci, anticonstitutionnelle la loi de 2000 qui limite aux seuls couples hétérosexuels la possibilité de se marier.

C’est à Toronto, au Canada que quatre couples homosexuels israéliens ont profité de la douceur printanière pour officialiser leur union qui n’est pas anodine si l’on songe à la WorldPride qui se déroulera cet été à Jérusalem et qui suscite des débats en Israël.

En France aussi les associations bougent et réaffirment les revendications des lesbiennes, gays, bi et trans puisque cette année le slogan de la Marche des fiertés 2005 qui se déroulera en juin prochain sera : « Couples et parentalité : l’égalité maintenant ! ».

Mais Doc ne peut terminer ce billet d’humeur sans rendre compte de l’horreur présente et passée. Ce mois de mars a été terni par les agissements d’un gouvernement dont la société est régie par des règles d’un autre temps. En Arabie Saoudite, une centaine d’hommes ont été arrêtés lors d’une célébration privée de « mariage gay ». Si la majeure partie a été libérée, une trentaine reste en geôle. On sait que l’homosexualité est illégale en Arabie Saoudite et est punie par la flagellation, la prison ou la mort. Ce genre de rafle existait aussi en France au moment du gouvernement de Vichy entre 1940 et 1945, elle menait d’abord en prison mais aussi aux camps de la mort. Et ce mois de mars a ému des millions de téléspectateurs français : avec la projection et la diffusion sur une chaîne du service public d’ « Un amour à taire ». Il s’est agi de rendre compte, par le biais d’une fiction, de la question de la déportation des homosexuels durant la Seconde Guerre mondiale. Cette thématique fait l’objet de nombreuses mobilisations pour que cette déportation soit reconnue par les pouvoirs publics. Ce travail de mémoire est nécessaire pour que des hommes et des femmes ne soient plus ostracisés à raison de leur préférence amoureuse. Ainsi le week-end pascal a vu se tenir à Lyon les 4ème Assises de la mémoire gay et lesbienne dont le thème était justement la déportation homosexuelle. Sous la houlette de Michel Chomarat, chargé de mission des questions homosexuelles auprès du maire de Lyon, les conférences se sont succédées avec des spécialistes en histoire, en sociologie, en science politique, la projection d’Un amour à taire a ému le public ainsi que celle Paragraphe 175 du nom de l’article du code pénal allemand réprimant l’homosexualité sous le IIIème Reich.

Pour ne pas oublier, rendez-vous le 24 avril prochain aux commémorations du souvenir de la déportation !




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