in

« Si ! »

Quelle victoire ! Les Cortes, chambre basse du Parlement espagnol, a adopté par 183 voix contre 136 la loi autorisant le mariage entre deux personnes du même sexe ainsi que l’adoption par les couples homosexuels. Le texte prévoit également une égalité en matière successorale.

Réputée conservatrice dans un pays catholique fervent, l’opinion publique espagnole a massivement soutenu le projet de loi du gouvernement socialiste de José Luis Zapatero qui conduit l’Espagne en tête des pays européen au niveau des législations égalitaires pour la communauté LGBT. L’Espagne rejoint les Pays Bas et la Belgique sur la question de l’ouverture du mariage civil aux couples gays et lesbiens et va plus loin en matière successorale et sur la question de l’adoption.

La navette parlementaire va continuer avant une adoption définitive pour l’été. Le ministre de la Justice, Juan Fernando Lopez Aguilar, avait défendu avec conviction le projet de loi qui « dépasse les barrières de la discrimination (…) qui affectent les droits et libertés et notamment le libre choix dans la recherche du bonheur, un droit fondamental non écrit », son collègue de la Défense, José Bono, catholique pratiquant, avait répondu aux hiérarques religieux qui ont menés une campagne haineuse en ces termes : « Les gens couchent avec qui ils veulent » et « le Christ serait aujourd’hui plus préoccupé par ces 25.000 enfants qui meurent chaque jour de faim dans le monde et par ces guerres meurtrières et contraires au droit international ».

Il faut dire que le Pape Jean-Paul II avait vertement invectivé le gouvernement espagnol sur ses réformes sociales, «attaques contre la foi chrétienne» et dénoncer «mépris ou ignorance envers le fait religieux, reléguant la foi dans la sphère privée et s’opposant à son expression publique». La curie est allée jusqu’à appeler les catholiques, hommes politiques ou non, à faire barrage à ces réformes.

Le porte-parole de l’organisation catholique, Antonio Martinez Camino, avait estimé qu’autoriser le mariage homosexuel revenait à « imposer un virus à la société, quelque chose de faux qui aurait des conséquences négatives pour la vie sociale ». Dans un communiqué les instituions catholiques espagnoles ont déploré « une loi radicalement injuste et nuisible au bien commun », ressortant l’antienne enfantile en estimant que « Le bien supérieur des enfants exige qu’ils ne soient pas fabriqués dans des laboratoires ni adoptés par des unions de personnes du même sexe ».

Le premier ministre espagnol interrogé sur les possibles réactions du nouveau Pape Benoît XVI a déclaré que « l’une des garanties de la démocratie est la liberté de religion, la liberté d’opinion et la liberté de mener à bien à un projet politique avec les citoyens », façon de rappeler que l’Espagne est souveraine et qu’il est choquant que le Vatican ai pris partie sur un fait de politique intérieur d’un pays tiers.

Face à une opinion publique acquise aux réformes sociales du gouvernement Zapatero, l’opposition a fait profil bas en ne donnant pas de consignes de vote. Le public présent aux Cortes à quant à lui applaudit sous les vivas l’adoption du projet de loi en première lecture.

Ce vote ne règle pas tout. Dans une Europe qui se veut plus politique et alors que les Etats adoptent de plus en plus des législations reconnaissant les unions homosexuelles, les questions liées aux régimes matrimoniaux demeurent de la compétence interne des pays membres et l’on assiste à des situations kafkaïennes, chaque pays ne reconnaissant pas des unions légalement formées dans des pays tiers membres de l’UE.

On ne peut plus tolérer – cas qui nous a été soumis- qu’un mariage Gay légalement enregistré en Belgique ne soit pas reconnu en France, couple qui ne peut pas plus se pacser en France puisqu’il ne peut délivrer de son pays d’origine un certificat attestant que chaque partenaire n’est pas marié, condition de conclusion d’un Pacs en France SIC

Après le combat égalitaire dans chaque état, nous devrons nous mobiliser pour une harmonisation européenne des reconnaissances légales des unions homosexuelles. Cette harmonisation devra se faire par le haut, le mariage étant une institution reconnue par chaque ordre juridique, ce sera par la reconnaissance au niveau européen du droit au mariage pour les couples homosexuels que l’égalité sera atteinte.

EN SAVOIR PLUS

Bras de fer entre le gouvernement Zapatero et le Vatican




Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Front à l’ONU contre les discriminations liées à l’orientation sexuelle

La Coordination InterPride France (CIF) soutient le CADOS