Alors que le président Georges W. Bush est au plus bas dans les sondages à cause du bourbier irakien, la Maison Blanche tente une diversion en ramenant sur le devant de la scène le débat lié au mariage homosexuel. Le président US se rappelle qu’il avait gagné les dernières élections en 2004 avec son électorat le plus conservateur et tente de reprendre la main en donnant des gages à cette Amérique blanche, anglo-saxonne et protestante, qui constitue la base dure du parti républicain, alors que les élections législatives se dérouleront en novembre prochain.
La tactique usitée par les partis conservateurs de tout pays (NDR : il suffit de se rappeler le poids du débat sécuritaire sur les présidentielles françaises de 2002) consiste à se faire le porte-parole et le défenseur des valeurs morales et se présenter comme oeuvrant pour la défense de la société traditionnelle dans ses composantes raciales ou religieuses (questions liées à l’immigration ou aux religions), liées à l’ordre public (lutte contre la délinquance, l’insécurité ou le terrorisme) ou familiales (préservation du mariage traditionnel, des valeurs familiales voire remise en cause du droit à l’avortement).
Aussi, George W. Bush vient de relancer sa proposition d’amendement à la constitution fédérale visant à faire interdire les mariages entre personnes de même sexe alors que des jurisprudences dans certains Etats rejettent pour inconstitutionnalité les lois interdisant le mariage gay (Etats de Washington, Californie, Maryland, New York, Nebraska), le Massachusetts ayant autorisé par la voie législative de telles unions.
Samedi dernier a rappelé sa conception des valeurs familiales, soulignant «l’engagement d’un mari et d’une épouse à s’aimer et se servir l’un l’autre» qui «favorise le bien-être des enfants et la stabilité de la société». Georges W. Bush en profite à nouveau pour dénoncer les jurisprudences favorables aux unions homosexuelles, faites à ses yeux par des «juges militants».
Le même ajoute que «Le mariage ne peut pas être coupé de ses racines culturelles, religieuses et naturelles sans affaiblir son influence bénéfique sur la société» assurant toutefois que «nous devons nous souvenir que tout Américain mérite d’être traité avec tolérance, respect et dignité. Chacun d’entre nous a le devoir de mener cette discussion dans la civilité et la décence mutuelle, et tout le monde mérite de faire entendre sa voix».
La proposition d’amendement doit être examinée au Sénat cette semaine mais n’a aucune chance d’aboutir, deux tiers des voix devant être réunies au congrès, et trois quarts des Etats devant ratifier par la suite cette proposition pour que la constitution américaine soit amendée.
George W. Bush doit s’entretenir ce jour avec un groupe de constitutionnalistes et de représentants religieux, d’associations familiales et de défense des droits civils opposants mariage gay.
Lynne Cheney, épouse du Vice-président Dick Cheney, s’était déclarée opposée en février 2005 à l’amendement constitutionnel souhaité par Bush qui empêcherait tout mariage entre personnes de même sexe. Le Vice-président avait déclaré pour sa part qu’il suivrait l’avis du Président en exercice qu’elle que soit le choix politique final de ce dernier.
Les arguments religieux, sécuritaires et moraux avaient pesé lourd pour remporter un second mandat, il n’est pas assuré que cette fois ci l’opinion publique américaine soit dupe de la manoeuvre et que ce retour au discours sur les valeurs paie de nouveau devant les électeurs à l’automne prochain.
EN SAVOIR PLUS
Le discours intégral de Georges Bush sur le site de la Maison Blanche (Anglais) : www.whitehouse.gov
Nos articles liés au sujet :
– Bush réitère sa définition du mariage comme une union entre un homme et une femme
– Bush réitère son soutien à l’interdiction des mariages gays
– Loi empêchant les mariages gays anticonstitutionnelle
– La vice-première dame contre le projet d’amendement
– Busherie orale contre le mariage gay
