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Cinema Bizarre : Soyez comme vous voulez être et pas comme la société veut que vous soyez …

Mine de rien de nombreuses personnalités, internationales ou nationales, connues ou plus confidentielles, se sont déjà succédées devant mon dictaphone fébrile, mais je réalise que c’est bien la première fois que je vais pouvoir poser mes questions à un groupe réuni devant moi au grand complet. Pas n’importe quel groupe, puisqu’en l’occurrence, celui-ci déchire littéralement avec un gros son pop-rock, sur son premier album événement, qu’il est composé de 5 allemands androgynes au look ultra sophistiqué (du maquillage à la coupe de cheveux mangas en passant par des vêtements futuristes, qu’on imagine peu fonctionnels), qu’ils s’apprêtent à donner sérieusement du fil à retordre au phénomène Tokio Hotel, et qu’une meute de fans énervés fait déjà les cent pas devant l’hôtel où ils donnent leurs interviews. Et oui, il fait moins le fier le Tof qui plaisantait par mail avec leur responsable promo, demandant si un dress-code particulier était requis pour avoir droit à les rencontrer. Passé la barrière des fans (en fait j’emprunte une porte qui se situe plus loin que celle devant laquelle ils attendent), je me fais accueillir par le staff de Polydor, qui me présente rapidement aux cinq garçons aux yeux charbonneux. Pendant qu’ils s’installent je remarque la voix grave de l’un d’entre eux, qui porte les cheveux longs noir corbeau, semblant échappé du film « Entretien avec un vampire ». Je comprends qu’il s’agit de Luminor, le claviériste. Passée une petite minute d’angoisse, l’interview va bien entendu se révéler agréable, souriante et détendue. Finalement ces Cinema Bizarre ne seraient-ils pas tout à fait normaux en fin de compte ? Je vous invite à le découvrir sans attendre !

Tof : Salut à tous ! Pour commencer pouvez-vous vous présenter et me dire comment vous vous êtes rencontrés ?
Strify :
Nous sommes Cinema Bizarre, cinq garçons venus d’Allemagne. Nous avons créé le groupe en 2005 et nous nous sommes rencontrés tous les 5 à une convention manga, avec la même envie de faire de la musique. Pour moi la façon dont nous nous sommes trouvés correspond tout simplement à une vraie destinée ! [Sourire]
Luminor : Je m’appelle Luminor, je suis la deuxième voix du groupe et le claviériste.
Yu : Moi c’est Yu, guitariste.
Kiro : Je suis Kiro et je joue de la basse.
Strify : [En français] Moi c’est Strify et je chante ! [Rires]


Tof : Avant tout pardonnez-moi, mais est-ce que vous êtes habillés comme ça dans la vie de tous les jours ?
Strify :
[Sourire] Tu aimes ? En fait on garde toujours le même style vestimentaire, mais sur scène c’est encore plus extrême !
Luminor : Le groupe est formé de cinq personnalités vraiment singulières et cela se voit dans notre façon de nous habiller. Nous travaillons avec une amie styliste à laquelle nous donnons des indications pour créer nos vêtements.

Tof : Vous êtes tous passionnés par la culture Visual Kei. Pouvez-vous m’expliquer un peu mieux ce que c’est et ce qui vous séduit en particulier là-dedans ?
Strify :
Oui, c’est d’ailleurs autour d’un événement autour du Visual Kei, que nous avons fait connaissance. C’est une sous-culture du Japon, une manière d’être différent pour les jeunes de là-bas, parce que le système de société y est vraiment très difficile. Il s’agit pour eux d’un vrai moyen de s’évader, de sortir d’un carcan. Pour ma part j’ai surtout été fasciné par les looks qui y sont vraiment extraordinaires. Je n’avais jamais rien vu de semblable auparavant, en tout cas de cette manière là.
Shin : Il faut voir ce phénomène avant tout comme un mouvement qui invite les gens à vivre pour eux-mêmes, et à se libérer de tout compromis. Cela nous correspond tout à fait.

Tof : Ce monde vous séduit-il parce que vous-mêmes vous vous sentez mal à l’aise dans la société actuelle ?
Strify :
Moi pas vraiment. C’est juste mon style. Les japonais veulent vraiment échapper à un quotidien. Je pense que la société européenne est tout de même plus confortable.
Luminor : Moi je ressens les choses différemment car on peut dire à l’inverse, que je n’aime pas vraiment la société européenne et allemande. Je suis en désaccord avec pas mal de choses et je préfère agir uniquement à mon idée, vivre comme je l’entends. Je suis ce que je suis. J’ai l’habitude de rencontrer des problèmes avec la société. Je n’ai jamais voulu vivre selon un modèle strict, clair, un modèle qui me mets en colère à vrai dire .Je suis quelqu’un d’émotionnel, qui se consacre à une vie mentale et une pensée mentale, en rupture avec la société adulte moderne…

Tof : Il ne faut pas m’en vouloir, mais lorsqu’on regarde les crédits des titres de votre album, on s’aperçoit que vous n’êtes pas impliqués dans leur écriture. Du coup je me suis demandé si vous êtiez un vrai groupe, ou alors un produit monté de toutes pièces …
Strify :
Non non nous sommes un vrai groupe ! En fait nous n’avions pas écrit de chansons avant que notre management nous en propose. Jusqu’alors nous faisions des reprises. Nous avons eu des propositions pour travailler avec des song writters, et nous avons pensé que c’était super car nous n’avions aucune expérience dans ce domaine. Nos chansons sont vraiment basées sur ce que nous voulons vraiment chanter, sur nos propres expériences. Nous n’accepterions pas de chanter des textes qui ne nous correspondent pas à 100 %.
Luminor : Oui, je voudrais quand même préciser qu’il y a quand même des gens dans le groupe, comme moi par exemple, qui ont toujours écrit des chansons et des poésies, et que nous avons énormément de choses à exprimer, mais pour ma part je suis plus intéressé par le côté show et performance, que par l’écriture. Pour moi c’est une évidence. Nous ne sommes pas des modèles de mode qui n’ont rien à dire, au contraire nous avons encore plus à proposer. Nous avons tous une vraie expérience dans la création de chansons. Pour nos futures productions par contre, il est prévu que nous écrivions complètement les textes. Moi-même j’en écris beaucoup, qui se retrouveront sur le prochain opus.

Tof : Comment alors avez-vous travaillé avec l’équipe qui a écrit les textes de vos chansons ?
Luminor :
Tout a été rédigé à partir des thèmes qui nous tenaient vraiment à coeur. Ca été très clair dès le début. Le choix a été long car il fallait que ça colle vraiment à notre identité, c’est pourquoi nous avons aussi refusé beaucoup de propositions. Et puis globalement, l’album parle de la difficulté à s’imposer au sein d’une société hostile, du fait de se sentir incompris, mais en même temps le thème central reste l’amour et toutes les expériences qui peuvent tourner autour, bonnes ou mauvaises.
Luminor : Nous voulions un album avec du gros son, qui soit taillé pour les performances live. Pour cela nous avons beaucoup voyagé. Nous avons par exemple collaboré avec Remee au Danemark, qui est responsable de plusieurs hits, et puis avec Anders Wollbeck, le producteur d’Army of Lovers à Stockholm.

Tof : Est-ce qu’il est vrai que Malcolm Mc Laren en personne, celui qui a découvert les Sex Pistols, vous a proposé une chanson ?
Strify :
Oui c’est vrai mais le titre n’est pas sur l’album. Il était très intéressé par travailler avec nous et nous a envoyé des démos qui n’ont finalement pas été gardées. Mais comme tu l’imagines, nous sommes vraiment très fiers qu’il ait pensé à nous.


Tof : En fait il vous a connu par Internet ?
Strify :
A vrai dire c’est un mystère, on aimerait bien savoir comment on nous a connus, car c’est vrai qu’on a eu beaucoup de feedback de la part de l’Europe.

Tof : Comment fonctionnez-vous au sein du groupe ? Y a -t-il un leader ou est-ce que chacun a son mot à dire?
Strify :
C’est plus une collaboration à cinq. Chacun d’entre nous a un fort caractère et l’ego qui va avec. Ce n’est pas toujours facile mais on se complète ! [Sourire]

Tof : Les textes de vos chansons parlent de la différence et du fait de devoir se faire accepter. Est-ce que vous-mêmes vous avez été confrontés à ce genre de problème ?
Luminor :
Bien sûr ! Pour ma part j’en ai vraiment bavé durant mon adolescence et je suis très fier d’avoir réussi un développement personnel sans avoir eu à faire des compromis.
Strify : Pour beaucoup de monde, être « Bizarre », c’est quelque chose de négatif. Nous avons dû nous battre pour être acceptés. Chacun d’entre nous, avons connus une forme de rejet de la part d’amis ou même de la famille. Pourtant il ne devrait pas être nécessaire de se battre pour se faire accepter. Nous avons choisi de nous appeler « Bizarre » pour mieux revendiquer notre diversité, et parce qu’il fallait montrer qu’être différent, être comme on veut être et pas comme la société veut que l’on soit, peut être une chose épanouissante.

Tof : A quel public s’adresse Cinema Bizarre ? Hétéro, gay ?
Cinema Bizarre :
Nous ne faisons aucun calcul. Chaque personne sensible à notre musique est ben entendu bienvenue !

Tof : Quelle est votre sentiment lorsqu’on vous rapproche de Tokio Hotel ?
Luminor :
Au début c’était plutôt flatteur, mais en fait c’est quand même beaucoup plus compliqué que cela car notre son est très très éloigné du leur.

Tof : Qu’avez-vous pensé de l’affaire du coming-out du chanteur Bill, vite démenti ?
Strify :
Oui on en a parlé beaucoup aussi en Allemagne. Si on te demande si tu es gay il faut le dire quand c’est le cas, et ne pas le dire si ce n’est pas le cas, personnellement je m’en fiche !
Luminor : Je n’y ai pas prêté beaucoup attention moi non plus à vrai dire .

Tof : On pourrait vous demander également si vous êtes gay .
Cinema Bizarre :
[Eclat de Rire collégial]
Strify : . Et on le fait ! [Sourire]
Luminor : Chaque membre du groupe vit comme il l’entend. C’est vrai qu’on a toujours été intrigué par ma façon de m’habiller, mais c’est mon mystère et ça a toujours été comme ça.

Tof : Dans votre musique on retrouve beaucoup de sonorités des années 80. Comment est-ce possible alors que vous êtes à peine âgés entre 18 et 22 ans ?
Strify :
J’imagine que cela vient de ce qu’écoutait notre famille. Mon père était un grand fan des années 80, et j’ai donc grandi avec ces références. En fait je n’ai pas réellement écouté cette musique de manière volontaire mais elle était toujours présente en arrière plan. Elle a dû marquer mon subconscient ! [Sourire] J’ai ainsi grandi avec Depeche Mode et Duran Duran. Aujourd’hui je suis un grand fan de Muse. J’admire la voix de Matthew Bellamy et je considère que chacune des chansons de son groupe est une véritable oeuvre d’art.
Luminor : Personnellement j’ai été surtout influencé par la scène New Romantic et la scène Dark Romantic. Les sons eighties populaires comme Depeche Mode également . Je suis un grand fan de Him par ailleurs…
Kiro : Moi je situerais mes influences plutôt du côté de T.A.T.u., et du JRock (Rock japonais ; ndlr)
Yu : Je suis également fan de JRock et de Metal .
Shin : Moi j’aime beaucoup Dir en Grey, et un groupe de Jrock qui s’appelle The Gazette.


Tof : Et quelles sont vos références dans le domaine du Cinéma ?
Yu :
Moi j’aime beaucoup Stephen King.
Strify : Quant à moi je suis un grand fan de Tim Burton, avec Edward aux mains d’argent en tête !
Kiro : Pour moi ce serait plutôt des films avec des chevaliers et des héros [Sourire]

Tof : Comme Duran Duran par exemple, vous accordez une grande importance à l’image et aux vidéo-clips. N’avez-vous pas peur, comme pour eux encore maintenant, qu’on parle plus de vos clips que de votre musique et que votre crédibilité de musicien soit remise en cause ?
Strify :
Ho, en fait nous n’avons jamais pensé à ça. Ce qui nous intéresse, c’est de faire les choses comme nous les ressentons maintenant
Luminor : Quant à moi je ne peux pas dissocier l’image du son, c’est un tout .

Tof : Que signifie le titre du premier single Love songs, they kill me. Est-ce que vous avez subi des déceptions amoureuses ?
Strify :
En fait cela parle d’un sentiment que tout le monde connaît, la période qui suis une rupture et pendant laquelle on se sent mal et seul. A cet instant il est difficile d’ignorer l’amour autour de soi, parce qu’il est vraiment partout, y compris dans les chansons d’ »amour qui passent à la radio ! C’est tout simplement pénible parce que tu ne peux pas les éviter !

Tof : Dites-moi quel est votre degré d’implication dans vos clips .
Strify :
Les idées de base viennent du video director et de son équipe, mais nous avons aussi beaucoup travaillé avec eux sur leur développement.

Tof : Est-ce que vous avez déjà eu l’occasion de vous produire en concert ?
Strify :
Nous avons déjà tourné en Allemagne, Autriche et Suisse, et nous espérons venir en France dés que possible.

Tof : En arrivant j’ai vu qu’il y avait une poignée de fans devant la porte. Comment réagissez-vous à tout cet engouement ?
Strify :
Avant tout, on croit vraiment qu’on est en train de devenir fous, parce qu’on ne s’attendait vraiment pas à être accueillis par tant de fans en France. C’est vraiment dingue, on a été très surpris en descendant de la voiture ! On communique beaucoup avec eux via myspace, dans la mesure du possible, mais là on a quand même halluciné. Pour les concerts, nous essayons toujours de trouver des idées inédites et de faire des choses que nous aimons, mais pour le moment nous préférons garder le secret de ce que vous allez voir [Sourire]. Ce qui est sûr par contre, c’est que nous voulons un énorme show !

Tof : Que se passe-t-il en ce moment en Allemagne ? Pourquoi tant de groupes semblent arriver de là-bas ? Lafee, Killerpilze
Yu :
Nous nous concentrons vraiment sur Cinema Bizarre, et à vrai dire on ne fait pas beaucoup attention aux autres groupes.
Luminor :

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