Vous avez été le premier à révéler publiquement votre homosexualité. Votre initiative, comme celle de Bertrand Delanoë, le nouveau maire de Paris, est citée en exemple pour avoir participé à l’évolution des mentalités.
– Si c’est le cas tant mieux. Personnellement, je l’ai fait pour mieux me sentir dans mes baskets et aussi pour apporter ma petite pierre à l’édifice. Je n’aime pas les registres trop démonstratifs : je ne suis pas un fan de la Gay Pride. C’est toujours bien de simplifier les choses.
Comment avez-vous vécu l’élection et surtout la décision des parisiens d’accorder à Bertrand Delanoë « le droit à l’indifférence » au sujet de sa vie personnelle ?
– C’est l’illustration d’une véritable évolution des idées. J’en suis ravi. Les Français et les parisiens ont été plutôt intelligents.
Vous êtes l’un des principaux soldats de France 2 pour cette rentrée cathodique en vous installant dans la difficile tranche du 19/20. Comment vivez-vous la situation ?
– J’ai bien conscience du défi et du challenge que me propose la chaîne. Je ferai le maximum pour gagner mais personne ne peut maîtriser les retombées de l’audimat. Le public décidera.
Que sera la version quotidienne de On a tout essayé ?
– On ne change rien ou presque. Nous testerons tout en passant au crible l’actualité, des sujets people, à la politique en passant par les faits de société. L’équipe s’est élargie : Jean Benguigui, Annie Lemoine, Sophie Garel, Valérie Mairesse rejoignent Claude Sarraute, Jean-François Derek, Maureen Door, Philipp Geluck, Isabelle Alonso et Dan Bolander qui continuera à piéger les personnalités.
Comment allez-vous gérer télévision et radio au quotidien ?
– C’est un rythme qui ne m’inquiète pas. Pendant trois mois, j’ai fait du direct à la télévision tous les jours. Pour moi, le travail n’est jamais inquiétant en soi. Si l’émission fonctionne, l’euphorie du succès sera notre carburant. Si en revanche, ça ne marche pas, ça va être dur. Je ne sais pas comment Julie Snyder a fait pour rester aussi longtemps à l’antenne. Mon objectif n’est pas de faire un triomphe ni d’être leader de la tranche horaire. Un bon score, c’est déjà pas mal. Au moins faire mieux que ce qu’il y avait avant !
L’audimat ne vous a pas suivi à l’époque des News et de Rien à Cirer. Aujourd’hui, France 2 mise sur vous. Le vivez-vous comme une revanche ?
– Pas du tout et d’abord parce que j’ai un peu oublié ces expériences. Une carrière est une succession de réussites et d’échecs. Bizarrement, on l’oublie quand il s’agit d’un animateur télé. Je me sens d’abord artiste. Les réussites et les échecs sont le lot quotidien de tous les comédiens de cinéma ou de théâtre. Tous ne font que de bons films ou de bonnes pièces. C’est vrai aussi pour les peintres et les écrivains qui ne font pas best-seller sur best-seller. C’est normal qu’une vie professionnelle soit jalonnée d’échecs et de succès. J’espère que ma prochaine aventure sur France 2 ne sera pas un échec mais je sais que j’en connaîtrai d’autres. C’est obligé.
Cet horaire de fin de journée n’est-il pas impossible à gérer ?
– Tous les horaires sont difficiles. Toutes les émissions ne peuvent pas marcher en même temps. Passer à 19h n’est pas un exercice plus difficile que les autres. Il faudra s’adapter et surtout rencontrer le public. Sinon, on reprendra nos valises et on continuera la route.
Quelle est l’origine du concept de On a tout essayé ?
– C’est Thierry Ardisson qui a eu l’idée d’une émission où l’on testerait tout. Le principe était basé plus les produits de consommation. Thierry m’a contacté pour me proposer d’animer l’émission. J’ai adhéré tout de suite à l’idée. J’ai amené ma bande en proposant de tester y compris l’actualité.
Comment allez-vous gérer radio et télévision au quotidien ?
– Tout reposera sur une organisation d’enfer ! Je vais surtout essayé de m’amuser. C’est le secret de la réussite. J’ai engagé de nouveaux chroniqueurs pour révéler des talents, faire en sorte que le public ne s’ennuie pas et moi par la même occasion. Sur Europe 1, Christine Ockrent et Steewy du Loft, rejoignent l’équipe.
Quelle sera votre journée-type ?
– Je vais me lever à 5h30. Jusqu’à 7 h, je vais lire la presse. A 7h30, écriture de mon billet pour Europe 1. 8h45, le direct avec Julie. Ensuite, je me consacrerai à On a tout essayé. La base essentielle de mon travail repose sur le lecture de la presse. Ce que je fais tôt, me sert tout au long de la journée. L’enregistrement de l’émission de France 2 se fera à l’heure du déjeuner. Si j’ai le temps, je m’accorderai une petite sieste. Ensuite, je retournerai à la radio pour le direct entre 16h30 et 18h. Voilà mon programme du lundi au jeudi. Le Vendredi, les deux émissions seront enregistrées la veille. Tout est regroupé sur quatre jours. Ce sera très intense mais j’aurais trois jours d’affilée pour me reposer.
Quels sont vos loisirs ?
– Je viens d’acheter un loft à Biarritz. Il y a des travaux à faire. Je vais souvent passer le week-end à Honfleur en Normandie qui est ma région natale.
Quand vous reverra-t-on sur scène ?
– Pas tout de suite, c’est sûr ! Je n’ai rien prévu avant 2003. A moins qu’il m’arrive malheur à la télévision, auquel cas je serai libre pour l’élection présidentielle ! Si ça arrive, je me vengerais sur les candidats à l’Elysée !
Vous êtes débordant d’énergie, avec mille projets à l’heure. Quel est votre moteur ?
– Je m’amuse. J’aime le changement. J’ai le goût du challenge. J’aime bouger, faire des choses nouvelles. Je suis incapable de rester sans rien faire même en vacances. Le transat, ce n’est pas réellement pour moi ! Je suis toujours occupé. Le secret de ma forme, c’est aussi le sport. Avant trente ans, je n’en avais jamais fait. Depuis, le squash, la musculation, la course et la natation ont changé et transformé ma vie.
Avez-vous des hobbies ?
– J’ai la chance de faire un métier dans lequel les loisirs sont compris. Grâce à mon métier, je vais au cinéma et théâtre très souvent. Ce sont les loisirs du plus grand nombre, il ne faut pas l’oublier. Certains d’entre-nous le prennent comme une corvée. Il faut remettre les choses à leur place. Mon métier m’offre mes loisirs.
Quel regard portez-vous sur la « télé-réalité » ?
– Je crois que c’est une formidable chance pour ceux qui veulent se faire connaître. Une vraie opportunité de mettre un pied dans ce métier, même si parfois il faut manger des vers sur une île déserte ou d’être filmé dans les toilettes.
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INTERVIEW : JEAN-FRANCOIS GUYOT / OHLA !
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Commander OH LA ! n° 156 dans le Kiosque Presse CiteGay
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