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La charge d’Act-Up contre Jospin

« La santé publique ? Lionel Jospin s’en fout ! » : c’est en ces termes qu’Emmanuelle Cosse et Thomas Doustaly enclenchent le débat. La charge est dure et sans appel : « avec la crise de la vache folle, Lionel Jospin a montré un triste visage: celui d’une gauche qui, au lieu de traiter une épidémie, c’est-à-dire en premier lieu des malades et des personnes menacées, se consacre à réguler l’hystérie supposée des masses en restant le nez collé aux sondages d’opinion et au cours de la viande de bouf. Cette gauche qui n’a pas voulu voir la crise du sida, mais qui a été rattrapée par l’épidémie, se retrouve aujourd’hui confrontée, dans le dossier Creutzfeldt-Jakob, à une nouvelle donne: l’apparition longtemps empêchée des morts, des malades, des mourants »…

La présidente d’Act-Up et le patron de « Têtu » considèrent ainsi que la mode insensée du « relapse » est apparue « parce que la place était libre »… « Évidemment, il n’échappe à personne que la prise de risque est le fruit de facteurs multiples, souvent intimes et irrationnels. Mais cette complexité ne doit pas devenir le dogme qui glace la puissance du politique et disqualifie tous les messages et actions de prévention simples et lisibles » ajoutent-ils.

« Epargnés affectivement par l’hécatombe qui a décimé l’entourage des homosexuels de plus de 35 ans, les jeunes gays n’ont eu que très peu d’informations sur le VIH… » insistent Emmanuelle Cosse et Thomas Doustaky. « Ceux qui voient en nous des tenants de l’ordre moral confondent volontairement le goût du sexe et le goût du risque: nous n’avons jamais considéré que la sexualité, en backroom, à plusieurs ou dans son lit, était moins joyeuse parce que protégée (…) Issus de la communauté homosexuelle, nous avons fondé notre colère sur une idée simple: le sida est une maladie mortelle. Nous avons considéré qu’en tant qu’activistes nous ne pouvions pas jeter du sang sur des ministres le jour pour leur faire prendre conscience de ce que nous vivions et participer au développement de l’épidémie la nuit en ne nous protégeant pas ou en ne protégeant pas nos partenaires. Aujourd’hui, la communauté homosexuelle, lourde de ses 25 000 morts, est en train de se rassembler, à l’initiative d’Act Up, pour s’adresser d’une seule voix aux pouvoirs publics ».

En conclusion, Act-Up Paris et « Têtu » réclament d’urgence « des moyens nouveaux pour la prévention intracommunautaire et des campagnes ciblées d’information simple et explicite à destination des jeunes gays ».

« Nous jugerons l’engagement réel de ce gouvernement par un seul signe: si, comme le laisse déjà entendre le directeur général de la santé, l’Etat ne compte pas engager plus de moyens dans le renouvellement de ses actions, celles-ci seront incapables de lutter contre la reprise redoutée des contaminations. Sida ou vache folle, si Lionel Jospin ne se contente pas de naviguer à vue avec comme seul horizon les sondages d’opinion, peut-être alors commencera-t-il à mener ce qu’il convient d’appeler une politique de santé publique » concluent Emmanuelle Cosse et Thomas Doustaly.



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