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Amalgames : le CGL monte au créneau

Ces dernières semaines, de terribles affaires de pédophilie ont hanté l’actualité. Très souvent, un amalgame inacceptable est observé avec l’homosexualité. Le Centre Gai et Lesbien s’en indigne.

« Avec la récente affaire d’un père qui aurait prostitué ses enfants lors de « soirées homosexuelles », nous constatons que certains média insistent systématiquement sur l’homosexualité prétendue ou avérée des agresseurs dans les affaires de moeurs », souligne le CGL.

Le Centre Gai et Lesbien rappelle que « l’homosexualité est l’attirance sexuelle et/ou amoureuse envers une personne du même sexe. Elle ne peut être pénalisée car elle respecte le consentement du partenaire. L’homosexualité ne peut donc expliquer en aucun cas les comportements délictueux ou criminels qui ont récemment fait l’actualité. »

L’association insiste en estimant utile de comparer le traitement des affaires de moeurs où la personne entendue est un homme, selon que la victime est un homme ou une femme.

« Ainsi dans l’affaire concernant un père soupçonné d’avoir prostitué ses enfants, on mentionne des «soirées homosexuelles». Par contre, quand un réseau pédophile est découvert entre le Nord de la France et la Belgique, parle-t-on des circonstances de la prostitution des enfants en parlant de « soirées hétérosexuelles » ? Point, il est alors seulement question de soirées/rencontres pédophiles. De même, dans des affaires d’inceste comme celle concernant le pasteur Andras Pandi, il n’est pas fait question de son
hétérosexualité comme justification de ses actes. Cette omission est compréhensible mais devrait concerner toutes les affaires d’agressions sexuelles sur mineurs. Force est de constater que ce n’est pas le cas », ajoute le CGL. « Certains média cherchent en effet à faire de l’homosexualité prétendue ou avérée des supposés agresseurs une cause explicative de leurs agissements coupables. »

« Ainsi jeudi 7 mars, dans Libération page 11, une journaliste reprend une affaire de harcèlement sexuel dont l’archevêque de Poznan serait à l’origine. La lecture de l’article nous apprend que les victimes sont des séminaristes. La cause de ce harcèlement reste obscure : détresse sexuelle ? chantage à la promotion hiérarchique ? Alors s’exprime toute la subjectivité du journal Rzeczpospolita, qui a découvert le scandale : «de nombreux membres du clergé et des laïcs étaient au courant des penchants homosexuels de ce haut représentant de la hiérarchie et en vain avaient essayé de mettre fin à ces pratiques». De quelles pratiques s’agit-il ? Pratiques violentes ? «Pratiques homosexuelles»? En l’absence d’autres explications avancées par le journal, le lecteur en aura vite déduit que l’archevêque a harcelé les séminaristes car il était homosexuel », souligne l’association.

« Déception : le mérite d’un journal qui se dit indépendant comme Rzeczpospolita, et d’un quotidien aussi renommé que Libération, qui a repris la nouvelle, aurait été de poser des questions plus pertinentes à ce sujet : était-ce le premier acte de harcèlement ? Si tel est le cas, on peut examiner la situation de cet homme : l’Eglise catholique et la société
l’obligent à la négation de son orientation sexuelle et le sacerdoce à l’hypocrisie de l’abstinence. N’est-ce-pas parce qu’il s’est cru protégé par le titre que lui confère cette Eglise toute-puissance en Pologne, et par la supposée respectabilité de ses 67 ans, que cet homme s’est senti libre d’agir comme il le souhaitait, même au détriment et contre la volonté des autres ? Ce délit aurait-il été commis si l’Eglise polonaise n’était pas
aussi statique, influente et normalisante à l’extrême ? »

Pour le CGL, ces affaires font aussi apparaître les différences lexicales pour traiter de
l’homosexualité : un pédophile agressant des garçons est un homosexuel ; un
homosexuel sympathique et branché est un gai. Ce type de dérapage médiatique a montré la nécessité et la légitimité de Média G et de l’association S.O.S. Homophobie, qui, en plus d’accueillir les témoignages de victimes de l’homophobie, décortique dans son rapport annuel le traitement de l’homosexualité dans la presse écrite. Ses constats sont
parfois édifiants.




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Printemps des Assoces 2002, le 6 et 7 Avril 2002