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Jimmy Somerville

Jimmy revient : l’ex « Bronski Beat » sort le 16 mars un nouveau single, « Can’t Take My Eyes Off You », reprise efficace du célèbre tube de Diana Ross. Jimmy Somerville propose une version toute personnelle spécialement enregistrée pour la B.O. de « Queer As Folk 2 », avant un prochain album.

Avec ce nouveau single, ton ambition est-elle de redevenir numéro un ?

– Je veux juste avoir du succès. Ca ne sera déja pas si mal. Je ne veux pas forcément être le numéro un.

Le succès t’a-t-il manqué ?

– Le succès commercial est intéressant, mais pas si important que cela. C’est surtout agréable parce que le succès permet à plein de gens d’avoir accès à ta musique.

C’est aussi pour l’argent ?

– D’abord, je n’ai pas tant d’argent que cela… Comme beaucoup de gens, j’ai un prêt à rembourser et j’ai besoin de rentrées d’argent régulières. Je veux continuer à faire de la musique, à écrire de nouveaux morceaux. J’ai besoin d’un succès commercial pour intéresser les maisons de disques et pouvoir ensuite faire autre chose.

Pourquoi cette nouvelle reprise dont tu as le secret ?

– Ce single est sorti pour la bande originale de « Queer As Folk 2 » à la demande du producteur. Le titre est sorti en face B en Angleterre et la France me l’a réclamé en face A. J’ai accepté car le son est très bon.

Un album est-il en préparation ?

– Le but du single est de relancer la machine et de me faire connaître d’un public plus jeune. Il y a un album en préparation avec un label italien.

A ton avis, quelle image le public a-t-il de toi ?

– Certains me voient sans doute comme la folle des années 80. D’autrres ne peuvent me supporter et le reste n’a rien à faire de moi. Tant que les gens ne me font pas de mal physiquement et que je peux faire mon travail, tout va bien. Je suis par essence exhibitionniste et j’espère toujours un peu attirer l’attention du public.

.Exhibitionniste comment ?.

– C’est difficile de citer des artistes qui ne sont pas exhibs. Tout le monde l’est, notamment en boite. Moi, je veux que tout le monde me regarde. J’adore attirer l’attention.

Es-tu nostalgique de « Bronski Beat » et des « Communards » ?

– Ces deux aventures étaient basées avant tout sur l’amitié, bien avant le succès. L’amitié est ensuite devenue artistique. Si je devais m’investir dans un groupe, ce serait aussi d’abord pour l’amitié. Pour le moment, j’aime travailler en solo car je suis maître de mes choix, avec toutes les possibilités. Ce n’est pas aussi évident dans un groupe.

Tu as été le premier artiste à proclamer ton homosexualité. Etait-ce une volonté militante ?

– En fait, je n’aime pas me mettre en avant sur le plan de ma sexualité. J’ai été obligé de le faire contre les discriminations. Cela m’a dérangé de la faire. Si tout s’était bien passé, je n’aurais pas eu besoin de le faire. C’est aussi une raison de continuer. Avec mes chansons, j’écris la chronique de la vie quitidienne d’un gay et je chante aussi des chansons d’amour au masculin. Je suis le seul à le faire.

A propos de l’homosexualité, estimes-tu que les mentalités évoluent dans le bon sens ?

– Cela va de mieux en mieux avec des changements mais il y a toujours une partie des gens qui cherchent à oppirmer et à discriminer les gays. Ils représentent encore une certaine force qu’il faut prendre en compte.

La France s’est dôtée du Pacs. De plus en plus de pays reconnaissent aussi le mariage gay. Ton avis ?

– C’est tout simplement un problème d’égalité avec les couples hétéros. C’est normal aussi de régler les implications financières entre deux personnes en général, gays ou pas.

Que t’inspire Eminem ?

– D’abord, je ne veux pas lui faire de publicité. Il sait tellement bien s’y prendre ! C’est un coup de marketing. Je ne peux admettre que un petit blanc soit misogyne et homophobe sans être raciste alors qu’il travaille avec des équipes noires. Ce qui pue chez lui c’est qu’il devrait aussi être raciste mais il ne peut se le permettre. Dans le Rap, on se doit d’être misogyne et homophobe.

Regrettes-tu certains de tes propos sur l’usage de drogues ou sur ta sexualité ?

Je ne regrette rien. J’ai dû dire des conneries comme tout le monde. Parfois, les choses sont sorties de leur contexte. J’ai sans doute changé aussi. Sur la drogue, j’ai une consommation occasionnelle qui se limite à un extasy de temps en temps et je sais que cela ne va pas ruiner ma vie comme quelqu’un qui serait accro à la cocaïne. Sur ma sexualité, je suis fier de ce que je suis et de ce que j’ai dit. Je pense d’ailleurs avoir participé un tout petit peu à l’histoire gay, du moins en Angleterre.

Tu as confié un jour être un vértitable accro du sexe. Cela te passe avec le temps ?

– Je n’ai pas changé ! C’est exactement ça ! On peut dire que j’aime le sexe. J’ai eu des milliers et des milliers de rencontres sexuelles mais il ne faut pas mélanger les rencontres de quelques minutes et les fiancés.

As-tu des endroits favoris à Paris ?

– Je n’ai pas d’endroits préférés. Je vais là où mes amis parisiens vont. Paris est surtout une ville très intéressante pour se promener et marcher. C’est la ville idéale pour cela.

Vas-tu te produire bientôt à Paris ?

– Rien n’est prévu mais j’adorerais… J’aimerais beaucoup refaire de la scène : ça me manque beaucoup. Je garde un souvenir fantastique de mes concerts à l’Olympia avec les Communards. A l’époque, on était les premiers à jouer en direct de la disco !

Ceux qui te connaissent, disent que tu as du mal à accepter l’idée d’être aimé.

– Je suis quelqu’un de très timide. J’angoissais même à l’idée de l’interview. J’ai dû mal à m’impliquer, à aller vers les autres, à entrer en contact… J’ai dû mal à imaginer que l’on m’aime. Je me remets en question, notamment en faisant ce métier. J’ai besoin de me prouver au quotidien que des gens m’aiment. Quand j’étais jeune, j’étais petit, homo et roux et je ressemblais à une fille… Les gens n’avaient que des motifs pour s’en prendre à moi.. Avec le succès, j’essaye de compenser !

Tu es une icône gay et l’une des principales personnalités homosexuelles internationales. Que penses-tu du barbacking ?

– Déjà, je pense qu’il n’y a pas assez d’informations sur le sida et les maladies sexuellement transmissibles. Tous les clubs et bars devraient se regrouper pour provoquer cette prise de conscience, en distribuant mieux des préservatifs par exemple. Il faut parler plus aussi de l’incidence de l’alcool et des drogues. On les oublie dans les comportements dangereux qui n’incitent pas au Safe Sex. A partir du moment où tout le monde est informé, la question du barbacking se résume à une volonté délibérée entre deux adultes consentants et ça ne me regarde plus. Il faut surtout informer les jeunes homosexuels pour qu’ils comprennent bien que la tri-thérapie n’est pas vaccin et ne soigne pas mais permet juste de prolonger la vie.

Es-tu toujours socialiste ?

– Je n’ai pas changé.

Cela se matérialise comment ?

– Je refuse aussi de jouer comme à Tel Aviv ou dans des pays où je ne suis pas en accord sur le plan politique, là où il y a des discriminations. Quand on me propose des utilisations commerciales de ma musique, je refuse toujours. C’est tout aussi hors de question pour les cigarettes ou l’alcool. Je ne veux pas que ma musique entraîne des jeunes à boire ou à fumer.

Quel a été le moment le plus difficile de ta vie ?

– La pire période a été celle qui a suivi mon avant-dernier album qui a eu un succès confidentiel malgré de bonnes critiques. J’ai commencé à douter de ma vie, de ma carrière, sans savoir où je devais aller. Je me suis remis en question jusqu’à l’album Manage To The Damage. C’est lui qui m’a remis en selle car j’ai été libre de mes choix artistiques. Chaque chanson a été une libération. Je suis sans doute trop protestant dans ma façon de penser. Je n’ose pas communiquer sur ce que je ressens vraiment et je me demande d’ailleurs depuis longtemps si je n’ai pas besoin d’une psychanalyse.

Que veux-tu faire de ta vie ?

– Je suis vivant et je veux en tirer le meilleur parti. Ma motivation profonde est d’essayer de changer la vie des gens sans forcer le changement pour autant. C’était déjà mon ambition lors du premier album de Bronski Beat. Je ne voulais pas forcément devenir une pop-star mais je voulais aider les gens à prendre conscience de leur choix ou de leur sexualité.

Es-tu un fan d’Internet ?

– Je ne suis pas réellement un surfeur fou. J’aime bien rechercher des informations. En ce sens, Internet est une mine fabuleuse.

Que penses-tu du débat sur Napster et les droits d’auteurs sur le Web ?

– C’est surtout un problème pour les jeunes artistes qui démarrent ou qui s’autoproduisent. Les pirates ratent toute une partie du produit comme la pochette, le texte des paroles et la conception du disque.

Comment te définis-tu ?

– Intelligent et vraiment unique. Le seul de mon espèce. Comme tout le monde…



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