J’avais déjà eu plusieurs fois D’Gey au téléphone, et j’avais été frappé par la chaleur de sa voix . Un atout certain pour cet artiste -de charme- dont l’album C Mon Seul Espoir sonne comme un mélange de fragilité, de sensualité et de mélancolie, dominés par ce sentiment universel qui est l’Amour .
J’aperçois le jeune homme qui s’avance au loin, tout sourire . Nous nous installons devant un café, et je me dis que ce n’est pas gagné : comment rester concentré face à ces yeux là ?
Heureusement la fameuse voix chaude dont je parlais tout à l’heure, a aussi le don de rassurer . En plus, D’Gey a la sérénité contagieuse, même s’il revient de loin et qu’il lui reste encore quelques inquiétudes . Gros plan sur un ex membre de boysband, affranchi de toute contrainte et fort de lucidité et de générosité .
Tof : Tout d’abord peux-tu me dire ce que tu es devenu depuis G Squad ?
D’Gey : La fin de G Squad date de début 98 . J’ai sorti un single en solo qui avait été bien accueilli, puis un deuxième qui n’a pas du tout marché . Plus personne ne voulait des Boys Bands . Ensuite j’ai pris du recul pour comprendre un peu tout ce qui s’était passé et redescendre un peu sur terre . J’ai finalement réalisé que j’avais envie de persévérer dans le domaine de la musique . Par contre je voulais revenir avec quelque chose de valable et qui me corresponde vraiment . J’ai donc dû beaucoup bosser de manière à sortir le meilleur de moi-même …
Tof : Tu gardes quels souvenirs de G Squad ?
D’Gey : Excellents ! Tu imagines ? Voir son rêve de gosse se réaliser à 16 ans, sortir un disque, voyager …
Tof : Justement du fait de ta jeunesse, tu as dû te sentir d’autant plus perturbé ensuite ?
D’Gey : Bien sûr, j’ai fini de grandir dans un univers qui n’était pas « normal » entre guillemets . On a tendance à croire que la vie se résume au succès, aux belles voitures et aux avions, alors que bien sûr la vie ce n’est pas ça du tout . A un moment donné on est forcé de redescendre . Ca reste tout de même une super expérience, un réel apprentissage du métier, un acquis qui me sert encore maintenant . Et puis les erreurs que j’ai pu faire, je ne les reproduirai pas …
Tof : Du fait de ton expérience en tant que membre de Boys Band, tu dois avoir un regard particulier vis-à-vis des émissions de real-tv qui s’évertuent à créer des stars … Tous ces jeunes sont-ils préparés à ce qui les attend ?
D’Gey : On n’est jamais préparé au succès, aux paillettes, aux sourires, parce qu’on ne sait pas que les gens ne sont pas sincères … Je vois ça comme un phénomène de mode . Celui qui sort d’une telle expérience doit vraiment avoir quelque chose à présenter . Ensuite de toutes manières les plus forts restent et les plus faibles sont dégagés, mais ça ce n’est pas forcément vrai que dans ce milieu, c’est vrai dans tous les milieux .
Tof : Comment a été conçu l’album C mon seul espoir ?
D’Gey : A partir du moment où je me suis dit « je vais faire un disque » ça a pris un an et demi, mais il y a des chansons sur l’album, qui datent de plus longtemps . Techniquement, on est deux à l’avoir fait . Je suis l’auteur de la plupart des titres . Les autres ont été écrits par Stéphane Mondino . Maintenant le choix de travailler avec un label indépendant est important car j’ai vraiment eu le total contrôle de mon disque . J’ai tout dirigé, chose qui aurait été impossible avec une multinationale .
Tof : Comment travailles-tu pour la réalisation des titres ?
D’Gey : Il n’y a pas de règles : l’écriture des textes ne vient pas forcément toujours avant la musique et vice versa . Ca part souvent d’un yaourt improvisé et de trois accords . New Kind Of Love, que j’ai écrit il y a 3 ans et demi, m’est venue d’un coup alors que je jouais de la guitare dans mon jardin, d’une façon assez magique . C’était unique !
Tof : Cette chanson parle du droit d’aimer qui on veut, sans notion de sexualité, et sans être jugé par les autres . Le choix de l’anglais ne la rend elle pas moins accessible au public français ?
D’Gey : Non, parce que la communication qui est faite autour est tellement claire . Rien n’est caché si c’est ce que tu sous-entends .
Pas mal de chansons de l’album sont en anglais, simplement parce que je trouve que ça sonne mieux . J’ai fait des essais en français pour New Kind Of Love, mais ça ne fonctionnait pas .
Tof : Parler de ce sujet a dû être un choix délicat …
D’Gey : Tu sais New Kind Of Love n’est même pas pro Gay forcément, son texte est valable pour toutes les façons d’aimer . Si il y a des gens que ça choque, des anciens fans par exemple, qui ne vont pas acheter mes disques parce que je suis pédé, c’est que ces gens n’ont pas écouté ma musique, et donc ils ne m’intéressent pas .
Tof : C’est un retour à l’authentique en fait …
D’Gey : J’ai tellement été formaté à mes débuts, qu’aujourd’hui je veux vraiment être moi-même . Mon objectif maintenant est de pouvoir faire ma musique, en espérant que ça touche mon public .
Tof : Quelle a été la réaction de ta famille ?
D’Gey : Ma famille était au courant depuis un moment, plus d’une bisexualité . Ca n’a pas posé de problèmes à mes parents . Ca s’est plus mal passé pour les grand-parents, qui ne tenaient pas à ce que cela se sache (c’est râté !). Mais le problème vient plus des différences de génération . La seule chose que j’ai à leur dire c’est qu’on a qu’une vie et qu’il faut la vivre . Sinon aucun souci de la part de mon entourage proche .
Tof : Tes chansons engagées ont-elles suscité des réactions homophobes ?
D’Gey : Non, j’ai plutôt eu le contraire : Sur mon site, je reçois des témoignages de jeunes de province qui ont du mal à vivre ce qu’ils sont , le genre de situations extrêmes qui peuvent mener au suicide . Ceux-là m’ont plutôt encouragé en me disant merci . De toutes façons, je suis assez imperméable aux attaques qui viennent des gens limités du cerveau …
Tof : Le ton général de l’album est assez mélancolique . Cette mélancolie fait-elle partie de toi ?
D’Gey : C’est clair ! L’angoisse de perdre la personne que l’on aime, de la voir partir, je l’ai connue . L’écriture est alors un bon moyen d’évacuer .
Tof : Tu écris plus facilement dans les moments où tu ne vas pas bien ?
D’Gey : Pas forcément . Ca arrive quand il y a un trop plein d’émotions, pas forcément négatives, un peu comme une cocotte-minute qui menace d’exploser . Il faut alors écrire, sans pour autant savoir dans quelle direction on va aller . Après on synthétise …
Tof : Il y a aussi une autre chanson sur l’album, qui parle d’homosexualité …
D’Gey : Oui c’est I’m Your Man . Elle est beaucoup plus récente que New Kind Of Love, c’est une chanson cachée en fait sur l’album . C’est une chanson que j’ai écrite au moment de ma rencontre avec le mec que j’aime . J’étais tellement heureux que j’ai ressenti le besoin d’écrire cette ballade . Cette chanson est très personnelle … Une chanson d’Amour quoi !
Tof : Quels sont tes projets ?
D’Gey : Le vrai rendez-vous c’est mon Show Case du 8 Juin au Nirvana , où je vais vraiment pouvoir montrer mon travail aux médias . Et puis il y a le maxi de New Kind Of Love …
Tof : Merci Beaucoup D’Gey ! Nous serons tous au rendez-vous pour t’applaudir !
Retour aux locaux de CitéGay, qui se trouvent juste à côté du café où j’ai pu discuter avec D’Gey . La journée est belle, avec un soleil radieux . Un temps idéal pour réécouter C Mon Seul Espoir, et se replonger dans son atmosphère feutrée et intimiste .
On se dit que D’Gey a bien raison de voler de ses propres ailes, et qu’il atteindra forcément très bientôt les plus hautes cîmes .
Encore merci pour ces textes qui feront forcément plus de bien à la jeunesse désespérée, que mémère Boutin, récemment chargée de la question du suicide en France .
Le Maxi single est disponible dans notre boutique . Cours-y vite !
Et l’ Album aussi … Pas d’hésitation !
Le 08 Juin, D’Gey donne un Show Case exceptionnel au Nirvana, 3 Avenue Matignon 75008 Paris,.
Réservation impérative auprès de Florence au 06 07 37 63 56 ou par mail : [email protected]
Plus d’infos sur le site ( disponible très bientôt ) www.symbamusic.com