Nous savons la Communauté Chinoise en France très discrète pour ne dire fermée. Nous savons également que la Chine connaît une situation épidémiologique dramatique concernant le Sida. Aussi, l’association Arcat a demandé à deux sociologues, Chloé Cattelain et Sébastien Ngugen, de se pencher sur les pratiques des Chinois d’Ile de France, bassin migratoire principal de cette communauté.
Les deux spécialistes viennent de rendre leur rapport qui dresse un constat préoccupant de la situation des immigrés chinois sur notre sol. En effet, pour les auteurs, les Chinois cumulent des vulnérabilités liées d’une part au contexte politique et social chinois et d’autre part à un parcours migratoire fragilisant.
Longtemps ignorée par le pouvoir central chinois, la propagation du virus en Chine a été facilitée par des barrières sociologiques, le gouvernement préférant laisser croire que l’épidémie ne concernait que les communautés marginalisées de la prostitution et des toxicomanes. De plus, le gouvernement chinois a usé de l’argument idéologique selon lequel le Sida venait de l’occident et illustrait la décadence de nos systèmes de valeurs, les chinois étant supposés préservés du fait de la « pureté » de leurs moeurs.Pour finir, les malades chinois subissent tant une oppression sociale qu’institutionnelle.
C’est dans ce contexte que des migrants chinois arrivent sur notre territoire. Les sociologues expliquent la difficulté d’effectuer un travail de prévention au VIH ainsi que la prise en charge et le dépistage des personnes chinoises malades en Ile de France.
En effet, la santé est un problème secondaire pour les migrants chinois, le passage ayant un coût et la contrainte morale est importante. Ils subissent aussi bien la pression des réseaux de financement, la contrainte du remboursement que celle générée par la position majoritairement illégale de leur situation en France. Aussi, il y a de nombreuses réticences à la prévention et au soin : la barrière de la langue non maîtrisée pour les primo arrivants, l’accès aux droits sociaux inconnus ainsi qu’une réticence à se tourner vers la médecine française.
Comme le soulignent les sociologues auteurs du rapport « la pression économique et morale est si forte sur ces personnes qu’elles préfèrent subir la maladie que de l’avouer à leur communauté ». Un chiffre pour illustrer ce constat : sur 19 centres hospitaliers interrogés seulement 6 personnes de nationalité chinoise sont suivies pour infection au VIH…
Vous pouvez consulter le dossier publié par Arcat Ici