En marge de la grogne des chercheurs publics français, le quotidien Libération pointe du doigt ce jour le malaise qui traverse la communauté scientifique européenne quant aux essais et programmes de recherche d’un vaccin contre le Sida.
Ainsi, pour Michel Kazatchkine, directeur de l’Agence nationale de recherche sur le sida en France, la situation est plus que préoccupante, «C’est honteux et dramatique. Rien ne se passe, en dépit des promesses et des résolutions (.) Les Etats-Unis ont fait de la recherche sur le vaccin contre le sida un enjeu scientifique et politique majeur. Et nous ? En France, l’ANRS y consacre 8 millions d’euros, ce qui est déjà conséquent. Mais au-dessus, l’Union européenne n’a aucune vue d’ensemble, ni aucune stratégie. Et pendant ce temps-là, les Etats-Unis mettent 750 millions de dollars par an.»
Aussi, le quotidien révèle que des programmes de recherches ou des essais vaccinaux sont stoppés, faute de budget ou faute de coordination suffisante des politiques de santé au niveau Européen, contrairement aux engagements de la Commission et de son Président, Romano Prodi.
Alors que les pays de l’Union Européenne étaient en pointe dans les découvertes liées au VIH, ils sont désormais à la traîne pour ne pas dire largués fasse aux Etats-Unis. Quant on connaît la politique de brevetabilité des données et découvertes scientifiques en Amérique du Nord ainsi que l’influence des firmes pharmaceutiques, il est légitime de s’inquiéter de la faiblesse de la recherche publique européenne actuelle et des conséquences à moyen et long terme de l’abandon progressif de la recherche européenne contre le Sida.