Les Cortes, chambre basse du Parlement espagnol, avait adopté jeudi dernier la loi autorisant le mariage entre deux personnes du même sexe ainsi que l’adoption par les couples homosexuels.
En opposition frontale avec l’Eglise catholique sur le sujet, le gouvernement espagnol se retrouve pris une nouvelle fois sous le feu des hiérarques religieux. Le cardinal colombien Alfonso Lopez Trujillo, président du Conseil pontifical pour la famille, estime que les chrétiens ont « le devoir de s’opposer » à cette loi qualifié d’« injuste ».
Le prélat prend directement à partie les catholiques espagnols et les invite à s’opposer individuellement à l’application de cette loi, en particulier les fonctionnaires chargés de l’appliquer et ce sans nuances : « Je parle de toutes les professions qui auraient un lien avec l’application : ils doivent exercer la même objection de conscience demandée aux médecins et infirmières contre un crime comme l’avortement » ajoutant que « Ceci n’est pas facultatif : tous les chrétiens (…) doivent être prêts à payer le prix le plus élevé, incluant aussi la perte de l’emploi ».
Le fait que l’Eglise appelle à la désobéissance civile, professionnelle, et s’immisce ainsi dans la politique intérieure d’une démocratie est un acte non seulement rarissime mais qui s’oppose à tous les usages en matière de droit international sauf à considérer l’Etat espagnol comme un pays hostile.
Le cardinal Trujillo s’était déjà illustré dans un texte de 2003 sur la sexualité sans risques par des propos édifiants et mortifères : « J’ai aussi proposé que les Ministères de la Santé doivent exiger des étiquettes pour les préservatifs, comme ils le font dans le cas des cigarettes, en informant que la protection apportée par les préservatifs n’est pas totale, et que les risques sont en effet significatifs » ou dans le même texte « Dans une perspective médicale, le préservatif ne semble pas être la vraie réponse même dans le cas des couples sérodiscordants » etc etc
Toutefois, l’Eglise rappelle toute la « bienveillance » qu’elle a pour les homosexuels, même bienveillance qu’elle a avec les vieux, les malades, les pauvres . : « L’Eglise n’accepte pas que les homosexuels fassent l’objet de plaisanteries, d’insultes ou d’expressions inhumaines. Ce sont des personnes qui méritent tout notre amour, notre soutien et notre aide ».
On se demande bien de quel soutien les homosexuels ont besoin et quelle aide ils attendent de l’Eglise à moins de rester encore dans un discours de victimologie des personnes LGBT, pêcheurs se livrant à des actes pervers.
La pire insulte faite aux homosexuels est de nier tant leur identité sexuelle que les unions qu’ils peuvent conclurent mais sur ces points l’Eglise ne demeure pas sourde elle devient belligérante.
EN SAVOIR PLUS
Le site du Conseil pontifical pour la famille : www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/family/index_fr.htm
Le texte du Cardinal Trujillo sur la sexualité dite sans risques (cf Préservatifs), non seulement ce texte est édifiant mais tout bonnement criminel : Ici
Nos articles précédents sur le sujet :
– « Si ! », l’Espagne sur la voie du mariage Gay et de l’adoption par les homosexuels…
– Bras de fer entre le gouvernement Zapatero et le Vatican
