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Prego, un caffè freddo con panna, per favore!

Prego, un caffè freddo con panna, per favore!
Cette phrase magique vous permet d’accéder au nirvana du café sicilien, imaginez une sorte de granita (glace pilée) pas très sucrée, surmontée d’une chantilly impeccable, un breuvage clairement mythique, dont vous ne sortirez pas indemne et telle la Madeleine de Proust, « caffè freddo con panna » vous rappellera irrémédiablement à cette douceur sicilienne

Ainsi, chers internautes, vous l’avez compris Doc ad Hoc vous propose de plonger dans cet univers méditerranéen à quelques encablures de la Tunisie et aux influences multiples. Pour ce billet d’humeur de rentrée, Tof se joint à Doc ad Hoc car en effet, la doc et le Tof ont choisi une fois de plus de devenir « collocataires » pour une quinzaine sicilienne mémorable ! N’est-ce pas ?

TOF : Tout à fait, et le séjour fut non seulement agréable mais riche en enseignements sur un sujet qui nous a vite titillé la curiosité, à savoir « fait-il bon être gay ou lesbienne dans un pays marqué par la tradition, et le poids de la religion ? ».

Souviens-toi l’an dernier, nous avions déjà un peu commencé l’investigation, au contact de notre joyeuse bande d’hôtes latins. Notre nouvel ami coiffeur Arturo nous avait rejoint une semaine après notre arrivée, semble-t-il après des vacances de débauche en Croatie.

Il avait été bien embarrassé voire énervé, lorsque nous lui avions demandé comment il se voyait plus tard, répondant que de toute évidence il devrait se marier, mais avait coupé court à la conversation lorsque nous avions sous-entendu que connaissant son tempérament, il ne pourrait jamais rester fidèle à sa future épouse. Un an plus tard, le processus est engagé …



DOC : Oui mais avant d’entrer dans le vif du sujet, plantons le décor ! Voici donc une carte postale destinée à nos citégaynautes :

Arrivés le 20 juillet à Palerme sous une chaleur torride – « fa troppo caldo » vous dirait l’autochtone -, pas loin de 38 degrés au soleil pour tout dire !
Une journée inoubliable dans la capitale sicilienne, point de rendez-vous avec nos amis qui nous rejoindraient pour partager ce séjour.

Au programme : Découverte du centre historique de la capitale et sa magnifique cathédrale, ancienne église byzantine, ex grande mosquée, qui unit art arabo-normand, gothico-catalan et dôme néo-classique, et dégustation des produits locaux à ne pas manquer (prosciutto, pizze, poissons et fruits de mer, canelloni à la riccota).

Le lendemain notre bande recomposée quitte le sympathique B&B aux allures d’hôtel tout confort, direction notre pied à terre à Trapani sur la côte ouest de l’île, surnommée Sicile orientale , non loin des criques aux eaux turquoises des somptueuses îles Egades.

Il palazzo (un appartement de 150 mètres carrés) nous accueille durant la durée du séjour. Pincement au cour à l’arrivée : Trapani qui accueille les régates de voiliers de l’America’s Cup est un chantier à ciel ouvert, nous décidons donc d’organiser des escapades et des visites autour de la ville, notamment à Erice, petit village médiéval perché à 750 mètres d’altitude et qui a la particularité d’être souvent dans la brume du fait de la condensation de l’eau venant de la mer. Outre une architecture somptueuse, on peut y déguster d’excellentes pâtisseries à base d’amandes qui sont largement récoltées dans la plaine.

Le soir nous retrouvons les amis trapanais que nous avions laissé l’an dernier : Giacomo, Arturo et Giani, autour d’un gelato. Les retrouvailles sont chaleureuses même si nous avons très vite droit à des remarques relatives aux élections européennes -nos amis ne comprenant pas que nous ayions voté non-. Nous en profitons ensuite pour prendre des nouvelles sur l’évolution du mode de vie de nos trois amis gays dans leur pays.

L’an dernier nous étions venus avec Pierre et Antoine, un couple d’amis gays qui avait vite fait de provoquer l’admiration de notre clan de siciliens, tant leur image de « couple gay idéalisé » les avait fait rêver. En effet, il nous était paru clair que l’homosexualité ne pouvait absolument pas être vécue au grand jour dans ce pays. Le joug des pressions sociales semblait tellement fort que Giacomo semblait attendre avec impatience la fin de l’été pour retourner poursuivre ses études à Rome, où la vie gay semblait plus libérale, loin des responsabilités et des pressions familiales.



TOF : En effet, Giani quant à lui, m’avait expliqué que malgré quelques crises, il restait amoureux de Giacomo, mais n’imaginait pas montrer son amour au grand jour. Pour Giacomo les choses n’étaient pas si simples car il avait un parcours riche aussi bien du côté des garçons que des filles, semblant indécis ou même négatif en ce qui concerne son avenir avec Giani, qui de toute manière avait des impératifs familiaux.

D’ailleurs tu te souviens que nous n’avions pas vu tout de suite qu’il s’agissait d’un couple . Sans chercher à faire de généralités, ici chaque homosexuel semble avoir une copine qui lui sert de couverture, ou sort indifféremment avec les filles et les garçons, au gré de ce qu’il faut laisser transparaître selon la situation.

Paradoxalement si l’homosexualité semble cachée, la mode est beaucoup plus permissive pour les garçons que chez nous. L’an dernier, Giacomo fervent croyant, impliqué dans la vie religieuse de sa ville, nous avait accueilli en arborant fièrement un tee-shirt « Hiro de Puta », et ne le quittait même pas pour nous faire visiter quelques églises. Des modèles de vêtements aux couleurs rose flashy, qu’on ne pourrait raisonnablement porter qu’avec cinq ou six coups dans le nez (et encore !), sont ici portés couramment comme s’il s’agissait de la seule et unique chance d’extérioriser une « différence » latente .

DOC : Je me souviens aussi de la mine décomposée de Arturo, qui nous avait intrigué l’an dernier : Le pauvre n’a pas pu échapper à son destin imposé. Il doit se fiancer avec une étudiante que la famille lui a présentée. Evidemment il n’est pas ravi et comme il nous l’a dit: « c’est comme ça en Sicile, tu te fiances, puis tu te maries, c’est pour la famille. Moi je sais qu’à Trapani je ne peux plus regarder de garçon, mais comme je bosse souvent à Rome, je sais que je pourrai là-bas profiter un peu ».

Impressionnant pour nous de voir qu’ en 2005, un jeune gay sicilien doit se résigner à se marier contre son grès pour faire bonne figure.

De toute évidence la variable religieuse est lourde, l’Eglise joue un grand rôle chez les insulaires. Comme souvent dans les pays méditerranéens on peut vivre son homosexualité mais en restant discret et en assumant son rôle social. Jusqu’à un certain âge il n’est pas gênant de fréquenter des copains, la société sicilienne considère ces relations viriles comme relevant de la camaraderie.
Dès lors que l’âge du mariage arrive, les hommes doivent accomplir leur devoir et mènent souvent une double vie parsemée d’amants. Et les filles nous direz-vous ? Les lesbiennes ne sont pas visibles, on a du mal à évaluer la sociabilité des gays et lesbiennes sur l’île, à tout le moins sur la côte ouest.



TOF : Quant à moi, je souris encore jaune en pensant à notre conversation concernant le chanteur pop-rock italien Nek, dont je suis fan devant l’éternel, un bel idalgo aux yeux bleu azur, avec une voix qui rappelle celle de Sting.
Les garçons m’ont demandé si je pensais aller le voir en concert lors de son passage prochain à Milan, mais j’avais avoué hésiter suite au visionnage de son dvd live, qui m’avait atterré car 99 % du public présent dans la salle était féminin. En riant j’avais annoncé que je pensais être fan d’un artiste pop-rock, mais qu’il s’agissait finalement peut-être d’un herzatz italien de chanteur de charme comme Julio Iglesias. A ma grande stupeur, les garçons m’expliquèrent alors avec un sourire narquois, qu’il s’agissait aussi d’un des « codes de conduite » du pays. « En Italie, un garçon ne va pas voir le concert d’un artiste masculin, ça ne se fait pas, de surcroît si le chanteur est un aussi beau gosse que Nek, à moins bien sûr d’accompagner sa petite amie . »

DOC : Allez le lendemain on se remonte un peu le moral en reprenant notre périple. Cette fois nous avons en tête de faire le tour du pays en voiture de location, à des tarifs toujours très attractifs. Direction d’Agrigente dans le sud ouest de l’île où nous faisons une escale obligatoire à la vallée des Temples, un moment grandiose et. caldissimo avec plus de 45 degrés à l’ombre, la canicule s’est installée durant quatre jours sur la Sicile.
Rien de tel ensuite que de gravir le point culminant de l’île pour trouver un peu fraîcheur. En effet, même s’il est toujours en activité (nous n’avons pas dit actif ), l’ Etna culmine à 3023 mètres et offre un havre de fraîcheur lorsque dans la baie de Giardini Naxos (le village situé au pied du volcan où nous avons élu domicile pour deux nuits) le mercure grimpe à 48 degrés.
Nous nous retrouvons sur des côtes plus animées et touristiques, Catane étant un des rares endroits à proposer des saunas gays. On y admire surtout une superbe baie qui abrite Isola Bella la bien nommée, une réserve naturelle convoitée des divers, sans oublier Taormina et son théâtre grec, ses rues tortueuses où ont été tourné le Grand Bleu avec Jean-Marc Barr et Jean Reno « Roberto, mio palmo ! » dans sa légendaire cinquecento ! Une montée vers Castelmola pour siroter un vin à l’amande, une pure merveille.

Enfin on ne peut quitter la Sicile sans avoir fait un plongeon à la réserve naturelle de Zingaro et sans avoir visité Monreale, une cathédrale arabo-normande du plus bel effet.

L’aventure doit hélas se finir le 3 août, avec un retour sur les terres de France où Doc ad Hoc et Tof ont subi un choc thermique. Il a fait bien froid les jours passés.

Et pendant ce temps l’homophobie persiste et signe : ça et là en Iran, au Nigéria la peine de mort pend au nez de « sodomites », le Vatican accentue son conservatisme avec le rapprochement de la Fraternité PieX des lefebvristes, les néo-nazis tentent d’en découdre avec les gays et lesbiennes de Manchester.

Ne nous y trompons, les tenants de l’ordre moral, eux, ne sont pas en vacances !

Mais qui sait, peut-être que Paris en 2010 sera la capitale des Gays Games. Affaire à suivre …

Pour l’heure Doc ad Hoc et Tof savourent l’été indien qui s’est enfin installé, et Doc ad Hoc vous livrera le mois prochain un billet d’humeur version solo !

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