Mardi 13 Décembre : dehors, sur deux trottoirs qui se font face, l’affrontement entre des sympathisants de Vanneste et les militants associatifs fait rage.
Les premiers sont venus supporter le député UMP, au nom de la liberté d’expression.
Les seconds, Flamands Roses, SUD rail, Act Up, la CGT et des sans-papiers, arborent fièrement des tee-shirts « Tapiole militante » et scandent des slogans provocateurs : « Les vieux en gériatrie ! ». Il est vrai que leurs opposants ne sont pas de toute première fraîcheur.
Christian Vanneste arrive, il semble imperméable aux insultes qui fusent : « facho », « Homophobe » ou « Colonialiste » (il est aussi l’auteur de la loi sur le rôle « positif » de la colonisation ; ndlr) Rien ne semble altérer son sourire détendu.
C’est devant la Cour que son visage se ferme. Le député affirme qu’il a été mal compris, se défend d’être homophobe, invoquant de manière entendue le fait qu’il ait eu des amis homosexuels, et se targue de la présence d’un centre de lutte contre le SIDA dans sa commune, pour montrer qu’il s’intéresse au sujet.
Revendiquant par contre son conservatisme, il s’enfonce à nouveau : « Je n’ai aucune prétention contre les personnes homosexuelles mais je conteste le comportement ».
Christian Vanneste part du principe, on ne sait sur quelles bases, que l’homosexualité est bien acquise et non innée, et que suivant ce principe elle peut donc être rééduquée. Il persiste et signe : « d’un point de vue moral, l’homosexualité est inférieure à l’hétérosexualité »
Christian Vanneste est un ex professeur de philosophie, ce qui donne une résonance encore plus grave à ses propos.
Indécrottable. L’élu de 58 ans était présent dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale le jour où la loi contre les propos homophobes avait été votée. Et il s’y était opposé avec force.
Jean-Luc Roméro, a tenu à témoigner du fait qu’il se sent particulièrement blessé par l’attitude du député UMP. Il souligne qu’un élu de la République ne doit pas être au dessus des lois, même s’il n’est pas en accord avec celles-ci.
Nicolas Sarkozy, lui-même en désaccord avec le projet de loi, avait d’ailleurs condamné les premières déclarations homophobes du député, et assuré que celui-ci serait exclu du parti en cas de récidives. Mais ces belles paroles n’ont pas été suivies d’effet. Les déclarations ont été réaffirmées, impunément jusqu’à aujourd’hui.
Le SNEG, Act Up et SOS Homophobie ont tour à tour pris la parole pour souligner le préjudice qui découle des allégations de Vanneste, réclamant chacune une publication de la sanction dans la presse et 7500 euros de dommages et intérêts, qu’elles souhaitent utiliser dans la lutte contre l’homophobie.
Finalement le substitut Laurent de Caigny a requis l’application de la loi du 30 Décembre 2004, mettant sur un même plan les discriminations raciales, xénophobes et sexistes.
Le député sera donc le premier sanctionné par une loi qu’il ne tolérait pas. Il encourt 6 mois de prison ferme et 25 000 euros d’amende.
Le délibéré sera rendu le 24 Janvier.
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