Avec Nicolas Sarkozy, quelle politique franaise de lutte contre le sida dans le monde ?

Communiqu de presse d’Act Up-Paris, 15 mai 2007

AVEC NICOLAS SARKOZY, QUELLE SERA LA POLITIQUE FRANCAISE DE LUTTE
CONTRE LE SIDA DANS LE MONDE ?

A la veille de la passation de pouvoir entre Jacques Chirac et Nicolas
Sarkozy et trois semaines du prochain sommet du G8, l’investissement de la
France dans la lutte contre la pandmie est incertain, tant le candidat de l’UMP
a lud cette question durant la campagne.

Jacques Chirac s’tait exprim de nombreuses reprises sur la pandmie sans
pour autant concrtiser ses engagements. Nicolas Sarkozy, lui, n’a strictement
rien prvu pour lutter contre une maladie qui tue dans le monde 10000 personnes
par jour. Maintenant qu’il est Prsident de la Rpublique et que l’international
est son domaine rserv , il serait temps qu’il y songe. Act Up-Paris lui
rappelle les enjeux et les engagements historiques de la France sur le
sujet.

Pour tre la hauteur de ses responsabilits [1], la France doit augmenter
sa contribution financire la lutte internationale contre le sida et
promouvoir les versions gnriques des antirtroviraux, seul moyen de faire
baisser le prix des traitements fixs par l’industrie pharmaceutique. Deux
points majeurs absents du programme de Nicolas Sarkozy, quand ils ne sont pas
incompatibles avec d’autres mesures qu’il a prconises.

L’ENGAGEMENT FINANCIER DE LA FRANCE

En 2005, la France et les autres pays du G8 se sont engags atteindre
l’accs universel au traitement du sida d’ici 2010. Depuis, rien n’a t fait,
notamment en termes d’engagements financiers.

D’aprs l’ONU, il manque au moins 13 milliards de dollars pour l’anne 2007
(soit moins de 0,05% du PIB des sept pays les plus riches, selon l’OCDE). Il
faut donc que les pays riches, dont la France, paient beaucoup plus pour sauver
les vies des malades des pays pauvres.

Au prorata de sa part du PIB (6 %), la France devrait donc augmenter sa
contribution au financement de 780 millions de dollars en 2007, qui viendraient
s’ajouter aux 300 millions d’euros prvus dans les diffrentes lignes de la loi
de finances de 2007.

Nicolas Sarkozy ne s’est jamais exprim sur ce sujet. La politique fiscale et
budgtaire qu’il a programme nous fait craindre le pire.

Dans quelques semaines se tient le sommet du G8, o, ces dernires annes, la
lutte contre le sida n’a t aborde que grce l’investissement franais. Si
Nicolas Sarkozy ne s’engage pas publiquement sur ces questions financires, la
promesse de 2005 de fournir des traitements aux malades des pays pauvres ne fera
pas l’objet de nouvelles discussions, et le nouveau Prsident de la Rpublique
devra en porter la responsabilit.

LA RESPONSABILIT MORALE DE LA FRANCE FACE AUX IMPASSES DE LA
PROPRIT INTELLECTUELLE

La France doit soutenir les rares pays qui osent mettre des licences
obligatoires pour produire ou importer des mdicaments gnriques, ce qui permet
de faire baisser les prix des mdicaments et de soigner plus de malades. Nicolas
Sarkozy doit par exemple prendre publiquement parti pour le gouvernement
thalandais dans le conflit qui l’oppose au laboratoire Abbott [2] : face aux
pressions de l’industrie pharmaceutique, relayes par les Etats-Unis, le poids
du Prsident de la Rpublique a une relle importance.

Autres mesures promouvoir : la France pourrait envoyer des versions
gnriques de mdicaments contre le sida dans les pays du Sud en amendant
l’article L613-5 du Code de la Proprit intellectuelle sur les exceptions aux
monopoles de brevet. La France pourrait promouvoir le systme de patent pool
[3], actuellement appliqu aux brevets sur les DVD. La France pourrait enfin
organiser une runion o les pays du sud dcideraient de la mise en pratique de
leur droit de fabriquer ou d’importer des mdicaments gnriques afin de se
protger des pressions, notamment amricaines.

Sur ces questions prcises lies aux enjeux sanitaires de la proprit
intellectuelle, le programme de Nicolas Sarkozy ne dit rien. Mais le reste de
son programme, l’adhsion indfectible du nouveau Prsident de la Rpublique
la politique amricaine, ainsi que sa proximit avec les grands patrons
d’entreprise nous font craindre le pire.

En tant que Prsident de la Rpublique, Nicolas Sarkozy ne peut plus
dcemment ignorer les enjeux d’une pandmie qui tue 10 000 personnes par jour
dans le monde.

Nous exigeons de Nicolas Sarkozy qu’il porte la contribution financire de la
France hauteur des engagements pris aux prcdents G8 et qu’il soutienne
publiquement l’accs aux mdicaments gnriques dans les pays du Sud