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La dernière fille avant la guerre – Chloé Delaume

La plume est là. Incisive. Corrosive. Maladive aussi, tellement le bouillonnement est fiévreux et obsessionnel. Vous lisez quelques lignes, l’écriture s’insinue dans le mental par une rythmique implacable. Les battements du cour ont cette grammaire étrange et hoquète les syllabes. Sans cesse l’oil s’écorche sur une poésie froide et chirurgicale. Vous ne le savez pas encore, mais vous venez de rencontrer Chloé Delaume. Une écriture d’abord, puis un sens précis de l’autofiction. Chloé le dit elle-même : « Je suis un personnage de fiction ». Elle joue avec vous mais ne ment pas : elle s’est créée dans sa propre glaise.
 

« La dernière fille avant la guerre » est un livre à tendance musicale, publié chez Naïve, éditeur ascendant maison de disques. Il est ici question du groupe Indochine mais pas que. Et de Chloé, mais pas que. C’est avant tout l’histoire d’une rencontre, entre un auteur et un pan de la bande originale de son adolescence. Culture à la fois revendiquée et honteuse mais assurément constitutive (« J’ai
compris que j’étais vivante puisque j’éprouvais du désir. Moi aussi j’aurais préféré que ce soit la faute à Wagner, manque de pot c’est tombé sur Nicolas Sirkis
 »), le récit s’articule dans une énergie quasi schizophrénique entre la voix de Chloé Delaume et celle d’Anne, moi pas si lointain du double-je habituel de l’auteur.
 

La musique a ce pouvoir de frapper à l’instinct, l’endroit suffisamment précis du cour capable de relancer la machine. Ainsi, les pulsations d’Anne, ressuscitée par les musiques d’Indochine, achèvent de rendre à l’écriture de Chloé Delaume une âme franchement palpable et incarnée. Un texte précis et touchant, baignée d’une passion sincère et
communicative.
 

« J’avais envie de l’avoir en moi, cette chanson. De l’avoir au-dedans pour toujours, disponible et incorporée. Il me suffirait de vouloir et aussitôt mon sang se boiterythmerait pendant que je cours loin, très loin, le plus loin qu’il peut être possible sans que rien ne puisse m’arrêter ».

Prix éditeur : 12
euros

Editeur : Naive

Collection : Naive Sessions

Date de parution : 16/03/2007

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