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Lettre ouverte au prsident de la MILDT : 15 ans en arrire ?

 


Communiqu de presse, mardi 4 dcembre 2007

RdR : 15 ans en arrire ?
Lettre ouverte
Etienne Apaire, prsident de la Mission Interministrielle de Lutte contre la
Drogue et la Toxicomanie (MILDT)


Les Etats Gnraux des Usagers de drogues et de la Substitution
(EGUS) qui auraient d se tenir ce mois-ci n’auront pas lieu.

A peine
nomm dans ses fonctions, le nouveau prsident de la MILDT, Etienne Apaire, a en
effet dcid de priver l’association d’autosupport ASUD de la subvention qui lui
avait t accorde les annes prcdentes par la MILDT, entranant ainsi la
suppression des EGUS.

Cette dcision, ainsi que ses propos pour le moins
ambigus sur la rduction des risques [1], poussent aujourd’hui prs de cinquante
associations et structures de soins, associes une quarantaine de
personnalits, interpeller Etienne Apaire sur ses intentions, au travers d’une
lettre ouverte que vous trouverez ci-joint et ci-dessous.

[1] Voir Valeurs Actuelles du 19 octobre 2007
:
http://premiereligne.ch/blog/2007/10/22/le-chantier-antidrogue-de-sarkozy-et-apaire
Et dpche AFP du 21 septembre 2007 :
http://www.drogues.gouv.fr/article5427.html



———–

15 ans en arrire ?
Lettre
ouverte Etienne Apaire, prsident de la Mission Interministrielle de Lutte
contre la Drogue et la Toxicomanie (MILDT)

Paris, le 3 dcembre 2007

Monsieur,

Quelques mois aprs votre nomination
la tte de la MILDT, vos premiers gestes et dclarations suscitent chez nous la
plus vive inquitude.

La MILDT a refus l’association d’auto-support
d’usagers de drogues ASUD une subvention qu’elle lui accordait chaque anne
avant votre nomination, pour l’organisation des quatrimes Etats Gnraux des
Usagers de drogues et de la Substitution (EGUS) qui auraient d se tenir ces
jours-ci. Vous ne pouvez ignorer cependant ni le rle central des associations
d’auto-support dans le champ de la rduction des risques, ni la qualit des
dbats, souligne par tous, qui avait caractris les prcdentes ditions des
EGUS – puisque votre prdcesseur en avait inaugur la tenue il y a tout juste
un an -, ni le caractre paradoxal d’une telle mesure, quelques annes peine
aprs le vote de la loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et la
qualit du systme de sant
.

L’ensemble du secteur des intervenants en toxicomanie
s’est toujours accord en effet sur l’importance d’une collaboration avec les
associations d’auto-support, tant comme vecteurs d’information que pour leur
rle d’ducation auprs des usagers, leur parler vrai sur les questions de
dpendance ou de plaisir, ou comme regard critique sur l’laboration des
programmes. Loin d’
encourager des
usages illgaux
, comme vous le
suggriez l’AFP le 21 septembre dernier, les associations d’usagers sont des
partenaires indispensables de la lutte contre les maladies infectieuses ou de la
rduction des risques en gnral. Nous ne pouvons comprendre cette
dcision.

Selon
Valeurs actuelles
du 19 octobre 2007, vous vous
seriez par ailleurs fix comme objectif de
renforcer l’ide selon laquelle la substitution n’est pas
une fin en soi et qu’il faut en sortir

, ambition nos yeux lourde de sous-entendus, que nous ne pouvons que
rapporter aux dbats souvent violents qu’avait suscits la mise en place des
traitements de substitution il y a quinze ans.

Faut-il vous rappeler les
succs imputables ces traitements : chute spectaculaire du nombre d’overdoses,
rduction du taux de nouvelles contaminations VIH chez les usagers de drogues
3% des cas diagnostiqus en 2004, contre 40 % en 1993 avant l’arrive du Subutex
? Faut – il aussi vous rappeler la fragilit de ces acquis, la difficult de
suivre des traitements aussi lourds que ceux du sida ou de l’hpatite C, qui
sans la dlivrance d’opiacs de synthse se seraient souvent avrs impossibles,
la menace que fait peser aujourd’hui sur les usagers de drogues l’hpatite C, la
stigmatisation continuelle dont ils font l’objet ?

De l’avis unanime de
nos structures, seul l’abandon de l’abstinence comme norme unique et pralable a
permis de sauver des vies et continue de permettre aujourd’hui, dans bien des
cas, de convaincre de se soigner, de rentrer en contact avec un tablissement,
d’entreprendre des dmarches administratives ou juridiques. Le dsaveu de ce
parti-pris de pragmatisme ne peut que nous alarmer dans la bouche d’un prsident
de la MILDT, dont la fonction devrait tre de garantir une pluralit d’approches
de la question des drogues.

Il nous laisse par ailleurs incrdules, tant
les succs de la rduction des risques invalident vos positions. La stratgie de
rduction des risques lis l’usage de drogues adopte depuis bientt quinze
ans en France a si bien fait ses preuves que le principe en a t inscrit dans
la loi en 2004, avec l’adjonction de trois articles au Code de Sant Publique
qui lui fixent notamment comme objectifs de prvenir la transmission des
infections, la mortalit par surdose, et les dommages sociaux lis la
toxicomanie. Aujourd’hui ces objectifs nous paraissent plus d’actualit que
jamais. Rien ne nous permet de penser en effet, dans le contexte actuel de
progression de l’hpatite C, de diversification des produits, de progression des
pratiques de polyconsommations, que nous puissions nous passer de programmes
innovants, clairs par l’expertise critique des usagers de drogues, et
acceptant de suspendre tout jugement pour rpondre concrtement aux problmes
sanitaires ou sociaux.

Rien ne nous permet non plus de penser que les
dputs qui ont vot cette loi, ni le secteur devenu dsormais essentiel de la
rduction des risques, puissent comprendre ce qui apparat aujourd’hui comme un
revirement de fond.

C’est
pourquoi nous vous demandons, Monsieur le Prsident, de bien vouloir :

revenir sur votre dcision concernant Asud, et lui confirmer le soutien que la
MILDT lui a apport depuis huit ans ;
– nous donner des garanties sur le
respect du Code de la Sant Publique, en ses articles L. 3411-6, L. 3411-7 et L.
3411-8 notamment, qui concernent la rduction des risques ;
– affirmer votre
engagement dans la poursuite de la politique de rduction des risques initie
par vos prdcesseurs, et de ses extensions ncessaires pour faire face
l’volution des pratiques de consommation et des risques sanitaires qui y sont
lis.



Signataires au 4 dcembre 2007 :


Associations
ACCES
Act Up-Paris
Actions
Traitements
AERI
AFR
(Association
Franaise de Rduction des risques)
AIDES
ANPREF
,
Association Nationale de Prvention et de rduction des risques en espaces
festifs
ARCAT
ARS
92
Autrement
, Association de RDR en
milieu festif Bordeaux
Chrtiens et
sida
CIRC Nord-est
CLIPS
,
Collectif Local d’Information et de Prvention du SIDA, Mantes-la-jolie
(Yvelines)
Coordination Toxicomanie
18
Elus Locaux Contre le Sida
Espoir Goutte
d’Or
EXAEQUO

(Reims)
FASTI (Fdration des Associations de Solidarit avec les
Travailleurs Immigrs)
FRISSE, Femmes,
Rduction des rISques et SExualit (Lyon)
FTCR (Fdration
des Tunisiens pour une citoyennet des deux rives)
Gay Pride Lyon
Gaa Paris
(CSST Bus mthadone et CAARUD)
Hpital Marmottan, Centre de Soins et d’Accompagnement des Pratiques
Addictives
Collectif INTER-PES d’Ile-de-France, dont :
association Charonne, SOS Drogue
International
, association Emergence, association
FIRST
, association Proses, CAARUD
Yucca
, CSST Dune,
Rseau Ville-Hpital 77
Keep
Smiling
, autosupport en milieux festifs,
Lyon
Le Kiosque Infos Sida &
Toxicomanie
(Groupe
SOS)
Ligue des Droits de
l’Homme
(LDH)
Mille et Un Jardins
Mouvement Franais pour le
Planning Familial

(MFPF)
Le
Pare-A-ChuteS
, CAARUD du
Morbihan
Rduire Les Risques
Rseau
Bastille
SAFE
Secours Catholique
Sidaction
SOS Hpatite Champagne
Ardennes
Stalingrad Quartier Libre
Techno+
Le Tipi
(Marseille)


Syndicats et Partis
FSU
, Fdration
Syndicale Unitaire
MJS, Mouvement des Jeunes
Socialistes
Fdration
Sud Sant
Sociaux

Personnes

Philippe Batel
, Psychiatre-Addictologue
Denis Baupin,
adjoint au maire de Paris, chef de file des Verts pour les municipales de
2008
Jean-Louis Bara, Prsident de SAFE et directeur de
CAARUD
Patrick
Beauverie
, membre de la commission
nationale des Stupfiants et de la commission nationale d’Addictologie, membre
du conseil d’administration de Mdecins du Monde
Bernard Bertrand,
Chercheur en science sociale, Mulhouse
Franois Bonnenfant, psychanalyste et ancien prsident de l’association
Psygay
Pascale Brachet, Directrice d’une association gestionnaire d’un Centre
Spcialis de Soins aux Toxicomanes et d’un Centre d’Accueil et d’Accompagnement
la Rduction des risques pour Usagers de Drogues Nantes
Pascal Caroff,
responsable de projet au centre Dune de Cergy
Natacha Chetcuti,
sociologue, EHESS Paris
Anne
Coppel
, sociologue, prsidente d’honneur
de l’Association franaise de rduction des risques
Sergio Coronado,
adjoint au maire du 14e arrondissement de Paris.
Jean Pierre Couteron, CEDAT, Mantes la Jolie.
Vronique Dubarry, Conseillre de Paris et du 10e, Porte parole de la
campagne des Verts Paris, Tte de Liste des Verts pour les municipales dans le
10e
Ccile Duflot, Secrtaire nationale des Verts
Patrick Dumargne
Gabrielle
Errard-Lalande
, mdecin
tabacologue
Farid
Ghehioueche
, Prsident d’honneur d’ENCOD
(Coalition europenne des ONG pour des politiques justes et efficaces en matire
de drogues)
HF Guyon, coordinateur mdical et administratif du Rseau
Bastille
Adeline Hazan, dput europenne (PS)
Amparo Ibanez,
enseignante
Claude
Jacob
, Psychiatre des Hpitaux, Chef de
service intersecteur des pharmacodpendances de la
MoselleMetz)
Martine Klein
Jean
Lamarche
, prsident de l’association
Croix verte et Ruban rouge
Audrey
Leroy
, Directrice de l’association La
Marmite (Bondy)
Pierre
Leyrit
, directeur Coordination
Toxicomanie 18
Alain
Lhostis
, adjoint au Maire de Paris
charg de la sant et des relations avec l’APHP
William Lowenstein, Directeur Gnral Clinique Montevideo
Institut
Maurice de Rothschild pour la Recherche et le traitement des
Addictions
Laurent
Maitrugue
. Infirmier en unit de
substitution et pour la rduction des risques auprs des usagers de
drogues
Madeleine Mercier
Alain
Morel
, directeur Mdical du Trait
d’Union
Jean Francois
Perdrieau
, prsident de la Fdration
des Intervenants en Addictologie du 92
Perlette Petit,
prsidente de l’association Charonne
Emmanuelle
Peyret, Medecin-addictologue, hpital Georges
Pompidou
Patrick Pharo directeur de recherche au CNRS et l’Universit Paris
Descartes
CERSES (Centre de recherche sens thique
socit)
Mikal
Quilliou
, sociologue, responsable de
projet BUC-Ressources
Jean-Baptiste
Selleret
, intervenant en Maison d’arrt,
membre du conseil d’administration de l’AFR
Anne Souyris,
porte parole nationale des Verts
Sylviane Touz,
sociologue, Montpellier
Maryline
Touze
, mdecin – psychiatre CEDAT,
Mantes la Jolie



 

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