Communiqu de presse
Makwan = mort : un vnement politique
L’excution de Makwan Moloudzadeh, le 5 dcembre
dernier, est passe presque inaperue, ici. En Iran, 6000 personnes ont rendu
hommage ce jeune Kurde excut. En France : quasi rien. Il est vrai qu’on ne
sait plus o donner de la tte : les menaces qui psent l’encontre de
personnes LGBT sont si frquentes que nos insuffisantes mobilisations menacent
de s’puiser. On s’habitue par l doucement ce que les cadavres fassent
partie du paysage, vivre sereinement dans un monde o, au mme moment, on
emprisonne, tabasse, assassine, excute des pds, des
gouines, des trans’.
Il fallait, nous semblait-il, se rassembler.
Qu’ ce crime ne succde pas seulement la frnsie des achats de Nol, des
asphyxiantes discussions familiales. Bref, que la mort de Makwan soit
reconnue comme l’vnement politique qu’elle est, comme l’est toute agression,
tout assassinat d’une personne LGBT au motif de son orientation sexuelle ou de
son identit de genre. Notre prsence plutt que rien – mme si celle-ci est
encore une fois symbolique.
Nous crivions, dans notre appel rassemblement, que l’tat Franais, par son
silence, tait comptable de cette mort. Nous assumons : le silence, les
avis timors, les modrations diplomatiques tmoignent d’orientations
politiques. Mais voil, l’tat Franais avait condamn l’excution de Makwan, le 7
dcembre. Nous ne l’avons su qu’aprs coup. Les ricanants ont rican : nous
tions dmentiEs par les faits. Soit.
Seulement : La condamnation par l’tat
de ce crime devrait donc nous satisfaire ? Ce communiqu, nous l’avons lu
jusqu’ l’puisement, la recherche d’un mot. Nous n’y avons trouv nulle
part le mobile de ce crime d’tat : l’homosexualit.
Que Makwan ait
eu des relations homosexuelles : cela ne doit pas tre dit. Qu’un pd n’a pas
tre perscut pour motif d’homosexualit, nulle part, qu’il soit majeur ou
mineur : cela ne doit pas tre dit.
L’tat Franais se scandalise :
Makwan tait trop jeune au moment des faits pour tre condamn.
L’tat
Franais aime les enfants.
Mais l’tat Franais n’aime pas les pds.
L’tat Franais aime surtout les Droits de l’Homme . Enfin
: a dpend quels droits et a dpend de quelLE homme. Il faut faire clater
le cynisme, l’arrogance et le racisme de l’idologie des Droits de
l’Homme (riche, blanc, straight, chrtien, sronegatif etc.)
Car le discours de Sarkozy sur les Droits de l’Homme
n’est pas qu’une simple et obscne opration de communication. Il vhicule, en
outre, une conception du monde dtestable.
Sarkozy veut
homognser des situations : il y aurait la France, l’Iran,
la Libye… prendre en bloc, en gros, en lourd. Des pays uniformes,
taills dans la mme glaise, sans contradictions, ni conflits.
Dans
ces conditions, on efface les peuples et les rsistances : ya eux et nous, et
nous c’est mieux.
Ce partage du monde n’est pas le ntre.
Nous re-dcoupons le monde notre manire, la recherche de ses failles : il y
a toujours eux et nous , mais la ligne de fracture n’est plus la
mme. Elle est entre nous et ceux qui n’ont aucun intrt l’mancipation des
peuples et des personnes.
De l’Iran, nous connaissons, par des
amiEs, les rsistances du peuple. Les rsistances des femmes, des militantEs
progressistes, des personnes LGBT. Rsistances opinitres, difficiles. Notre
tche est de les soutenir, inconditionnellement. De l o on peut. Et l
o on peut, pour nous, c’est d’ici. C’est peser de toutes nos forces sur
l’tat Franais. Et l’obliger. L’obliger, par exemple, accueillir toute
personne migrante qui en fait la demande. L’obliger s’engager pour la
dpnalisation partout des homosexualits.
Mais voil : un monde
spare les intrts des unEs des revendications des autres.
Nous
connaissons le racisme qui anime la politique d’immigration de l’tat Franais.
Nous connaissons l’homophobie de Vanneste, Boutin et de leurs amiEs. Et nous
savons comment ils/elles sont aujourd’hui soutenuEs par Sarkozy.
Nos deux revendications (minimales), droit d’asile et dpnalisation
des homosexualits, nous ne les obtiendrons donc que par l’instauration de
rapports de force consquents.
Nous voulions signifier, ce samedi,
devant un Palais des Droits de l’Homme dsert, que la mort de Makwan tait un
vnement politique : un crime, plus prcisment. Et qu’un crime
politique appelle une rponse politique. Une rponse qu’il nous reste
construire si nous voulons que la mort de Makwan soit la dernire.
TaPaGeS, le 15 dcembre 2007
Transpdgouines de
Strasbourg