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Les rapports non protgs ne sont plus ce qu’ils taient



Les rapports non protgs ne sont plus ce qu’ils taient.


Prservatif ou trithrapie ?  


 


Ainsi donc les sropositifs sous traitement charge virale
indtectable sont s’ils habitent en Suisse, non contaminants. Les rgles de la
biologie franaise font qu’une fois pass la frontire, ces mmes sropositifs
redeviennent contaminants. Passons sur le rocambolesque feuilleton opposant le
Conseil National du Sida aux chercheurs et spcialistes de sant suisses. Ce qui
compte c’est de rflchir aux consquences en terme de prvention de l’annonce
suisse. Imaginons donc que les recommandations helvtiques viennent
s’appliquer un jour en France. Explorons donc l’avenir.

La scurit dans les couples srodiffrents : une prvention
ngocie


Un nouvel espace de plaisir s’ouvre aux couples srodiffrents.
Qu’ils soient homosexuels ou htrosexuels, ces couples, sous certaines
conditions peuvent redcouvrir la jouissance, jouir ou se faire jouir sans
risquer la transmission du VIH au partenaire srongatif. Ceci sous certaines
conditions :



  •  La thrapie doit avoir supprim les virus dans le sang depuis au moins
    six mois, de sorte que ceux-ci ne puissent plus tre dcels.

  •  La thrapie antirtrovirale doit tre systmatiquement suivie par le
    patient (observance rigoureuse) et contrle rgulirement par un mdecin.

  •  Le patient ne doit pas tre atteint d’une autre infection sexuellement
    transmissible.

  •  C’est le partenaire srongatif qui doit dcider s’il souhaite ne plus
    utiliser de prservatif


    On le voit rapidement, cette nouvelle technique de prvention a
    des similarits avec ce qu’on appelle couramment la scurit ngocie. Ce
    concept invent en Australie dans les annes 90 visait formaliser une pratique
    de prvention mise en place dans les couples gays o les deux partenaires sont
    srongatifs.





    La scurit ngoci : il s’agit d’utiliser un prservatif durant
    les 3 premiers mois de la vie en couple, puis de faire un test pour chaque
    partenaire. Si le rsultat est ngatif, l’abandon du prservatif est
    possible sous rserve que les rapports sexuels en dehors du couple soient
    protgs. Cet accord est bas sur la confiance. Le partenaire qui a pris
    un risque avec une personne d’un soir doit avertir son ami et envisager de
    recommander le cycle (test, prso, test…). Voici en bref ce qu’est la
    scurit ngocie, dont nous avons parl sur notre site Belle
    Tapiole pour les couples srongatifs.

    La proposition helvtique fonctionne sur un principe qui concerne
    cette fois-ci les couples srodiffrents. Il s’agit de tester la charge virale,
    de s’assurer qu’elle est indtectable depuis 6 mois avant d’envisager l’abandon
    du prservatif. Cet abandon n’est possible que si les partenaires vitent
    d’attraper une IST lors de relations extrieures qui pourrait faire rebondir la
    charge virale du partenaire sropositif et ou si cela arrive de rutiliser le
    prservatif dans le cas le temps de rgler cette question. Ce temps reste
    dfinir.


    Un lment s’ajoute, les recommandations suisses suggrent que
    c’est au partenaire srongatif de dcider en dernire instance de l’abandon du
    prservatif. Probablement la dcision se fera de manire concerte au sein du
    couple avec avis et changes auprs de l’entourage, du ou des mdecins du
    couple.


    Rformer les outils de mesure pidmiologiques : pour une
    vision dynamique de l’endmie


    Ainsi un rapport  non protg  n’est pas dans
    certaines conditions un rapport risque de transmission du VIH. Nous en avions
    dj parl longuement sur Warning au sujet des rapports anaux entre partenaires
    sroconcordants qui comme ils sont de mme statut srologique ne peuvent pas se
    contaminer. Cette fois-ci, la question se pose mme pour les relations avec
    partenaires de statut srologique diffrent. Il est donc important, pour avoir
    une meilleure vision de la dynamique de l’endmie, de commencer affiner les
    indicateurs.


    On ne peut plus considrer l’ensemble de rapports sexuels sans
    prso chez les sropositifs comme des pratiques risques. S’ils pratiquent le
    srochoix, ils ne contaminent personne. S’ils sont sous traitement virmie
    indtectable, il ne peuvent plus contaminer leurs partenaires srongatifs.
    S’ils pratiquent la sroadaptation, le risque de transmission s’en trouve
    rduit.


    Actuellement nous n’avons pas en France, contrairement d’autres
    pays, d’indicateurs sur les pratiques de srochoix ou de sroadaptation. En
    outre, nous n’avons aucun indicateur corrlant les rapports risque avec la
    charge virale des personnes.


    Le risque dpend donc de la srologie mais aussi de l’efficacit
    du traitement et de son impact sur la prsence ou non de virus dans les fluides.
    Bref, si une partie des rapports sans prservatif ne sont pas contaminants,
    encore faut-il pouvoir en mesurer la part.


    L’Institut national de veille sanitaire doit faire ici un effort
    srieux sous peine de brouiller la comprhension des facteurs dterminant la
    dynamique des contaminations.


    L’adaptation stratgique ou le nouveau safer sex (sexe moindre
    risque)


    Du fait de l’volution des connaissances biomdicales, la
    prvention acquiert une composante la fois dynamique et stratgique. Les
    techniques voluent et bientt arriveront les tests rapides, et probablement
    moyen terme des tests rapides de charge virale conus comme outils rgulant la
    prvention. Comme le dit avec justesse Pietro Vernazza [1] ,
    la prvention devient plus simple mais aussi plus complexe . Faut-il alors faire
    l’autruche ou s’en effrayer ? Ce dfi n’est pas insurmontable. Il ncessite
    un accompagnement et une pdagogie adapte l’volution des savoirs relatif aux
    risques (VIH, IST). Les sropositifs qui pratiquent la sroadaptation l’ont
    compris depuis bien longtemps, ceci indpendamment du discours officiel de
    prvention qui n’a, cet endroit, plus aucune prise car inadapt. La nouvelle
    prvention doit donc davantage tre centre sur les capacits d’adaptation des
    personnes. La nouvelle prvention est une adaptation stratgique au contexte
    (mes dsirs, ma sant, mes pratiques, mes partenaires, l’environnement, les
    normes prventives et sociales, les donnes pidmiologiques et mdicales ….).
    Elle doit cesser de rejeter une large frange de personnes pratiquant des
    prventions non reconnues ou alternatives.


    Cesser d’entretenir une homophobie qui favorise les
    contaminations


    Les gays seraient dans le dni. Ils auraient cess de lutter
    contre le sida. Alors que l’endmie rgresse chez les htros, elle ne diminue
    pas chez les gays. Ce genre de propos racoleurs, sans fondement srieux, et
    mensongers est tenu par des responsables d’organismes de prvention financs par
    l’Etat ou des journalistes en mal de sensation. Pas par tous, c’est vrai, mais
    les dgts sont rels. Au lieu de lutter contre les vrais dterminants
    favorisant la transmission, ils s’acharnent stigmatiser les gays du fait de
    l’augmentation des pratiques sans prservatif constates depuis une dizaine
    d’anne. Or, une grande partie de ces pratiques ne sont pas contaminantes. Par
    exemple, une personne sous traitement virmie contrle n’est pas
    contaminante. C’est le cas de prs de 80% des sropositifs.


    Certaines pratiques restent
    toutefois hautement contaminantes, parce que les personnes sont en
    primo-infection alors qu’elles se croient srongatives, ou parce qu’tant
    discrimines du fait du regard social sur la sropositivit, de l’acharnement
    imbcile de certaines associations, elles peuvent avoir du mal grer leur
    prvention. Aussi en renforant l’homophobie, en entretenant le soupon, la
    mfiance, certains acteurs de prvention ou journalistes ne font qu’aggraver la
    situation.

    Au lieu de ressasser un improbable dni des gays contre le sida,
    il serait plus intelligent de se mobiliser srieusement pour changer le regard
    social sur la sropositivit, de s’activer pour favoriser l’accs aux tests
    rapides et aux auto-tests.


    Une offre dynamique de tests


    Pour aider les personnes mieux grer le risque de transmission,
    il est urgent d’offrir une vaste palette d’accs aux tests, que ce soient les
    tests de dpistage VIH, et l on attend depuis 3 ans que les tests rapides
    soient disponibles en France. Par ailleurs, faut-il ne faire les virmies que
    dans le cadre des consultations VIH semestrielles ou ne faudrait-il pas
    permettre un accs plus ais, plus rapide aux sropositifs qui souhaitent
    adapter leur prvention en fonction de leur situation de sant ?


    On l’a compris, les dfenseurs de la prvention ont du pain sur la
    planche.

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