On pensait avoir tout dit de la lutte contre le VIH et que la conférence mondiale qui se tenait à Mexico ne serait qu’une synthèse de données déjà connues et se limiterait à un rappel de recommandations habituelles : importance de la prévention et appel à l’accès généralisé aux thérapies. Il n’en fut rien tant sur le plan scientifique que militant.
Sur le plan scientifique, la conférence a débuté avec le constat unanime que l’épidémie de VIH marque le pas, de manière relative, et qu’au niveau mondial l’année 2007 a connu une baisse des nouvelles contaminations de près de 10%. Pour autant, 33 millions de personnes demeurent infectées et l’on connaît une recrudescence des contaminations dans certaines zones géographiques et au sein de la communauté homosexuelle. A Mexico donc, les 22000 participants ont également eu le bénéfice de déclarations positives sur le plan scientifique et de la recherche alors qu’on craignait à la veille de l’évènement un désengagement sur le sujet des laboratoires pharmaceutiques.
Soit, les chercheurs ont fait une nouvelle fois le constat de la difficulté de trouver un vaccin préventif et curatif de la maladie, avec des échecs répétés sur ce sujet, mais ils ont également souligné l’importance de continuer ces recherches pour la compréhension du virus. Soit, les mêmes laboratoires se désengagent en partie de ces recherches mais des signes d’espoir sont également apparus. Ainsi, une combinaison thérapeutique «inédite» permettant de traiter avec une grande efficacité les patients en multi-échec et porteurs d’un virus immunodéficitaire ultra-résistant a été présentée. Egalement, l’efficacité de nouvelles molécules a été annoncée tout comme il a été préconisé de démarrer plus tôt les traitements antirétroviraux voir même de modifier radicalement la prise en charge thérapeutique en évoquant la possibilité d’une prise en charge médicamenteuse à finalité préventive avant même toute infection. Plus efficaces et avec moins d’effets secondaires, les molécules récentes incitent à traiter plus précocement les personnes infectées et les résultats d’études ont montré une espérance de vie prolongée pour les personnes infectées amenant de nombreux intervenants à parler de «chronicité» ou de «maladie de longue durée» même si cette même espérance de vie demeure inférieure à celle de la population générale séronégative.
Sur le terrain scientifique encore, la prévention a été revisitée lors de cette conférence. On a reparlé bien sûr des recommandations suisses concernant le fait – contesté par une étude australienne pour autant- que les personnes séropositives sous traitement et dont la charge virale est indétectable ne seraient pas susceptibles de transmettre le VIH. Sur le même terrain préventif, l’Onusida a appelé à combiner les modes de prévention, espérant éviter selon ses chiffres 12 millions de contaminations d’ici 2015, le nombre de nouvelles infections annuelles serait alors réduit des deux-tiers en utilisant conjointement le préservatif, la circoncision, l’échange de seringues ou les changements de comportement sexuel.
Des nouvelles donc sur le plan scientifique mais également sur le plan politique, militant et idéologique. La France, sur ce terrain n’a pas été en reste avec des associations présentes et remontées contre l’absence de membres de l’exécutif aux travaux de la Conférence obligeant la Présidence comme les ministres de tutelle a réagir par communiqués et à s’engager. Egalement, la lutte contre les discriminations sérophobes comme celles liées à l’homophobie de part le monde et qui ont un impact sur les contaminations et la prise en charge des personnes malades ont été l’objet de nombreuses déclarations. Autre appel unanime des participants : le respect du principe d’un «traitement pour tous» pour 2010, principe adopté en 1996 aux nations unies. Alors que les USA ont annoncé le triplement de leurs subventions, les autres membres du G8 ont été rappelés à leurs engagements, non tenus concernant la France pour les associations françaises malgré les déclarations ministérielles sur le sujet.
Autre sujet largement commenté par les participants à la conférence : le respect des droits de l’Homme et de ceux des personnes touchées avec l’appel à la libre circulation de part le monde des personnes séropositives comme la fin de la pénalisation de l’homosexualité.
La conclusion générale de cette conférence sera donc celle de la ténacité si l’on souhaite voir s’amplifier ces bonnes nouvelles et espérer accroître la baisse des nouvelles contaminations : ténacité des scientifiques à poursuivre les recherches de nouveaux traitements comme d’un hypothétique vaccin ; ténacité des Etats et des personnalités politiques à maintenir leurs engagements et les accroître pour respecter les objectifs d’une prise en charge universelle des personnes touchées.
La prochaine grande conférence mondiale sur le Sida aura lieu dans deux ans à Vienne.
EN SAVOIR PLUS
Le site de la conférence : http://www.aids2008.org/start.aspx.
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