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Lorie : Je veux avant tout faire danser le public !

« – Allo Olivier? c’est Tof … J’aperçois du monde, je suppose que c’est là que ça se passe … » Devant la porte d’un grand bâtiment en béton, se pressent des tas d’adolescents a l’air impatient. « – Oui oui Tof, il me semble que je t’aperçois ». Effectivement, le responsable promo web chez Columbia apparaît bientôt, portable à l’oreille et me faisant signe de la main, à quelques mètres de moi. C’est lui qui a pu m’arranger cette interview un peu inhabituelle, puisqu’elle va se passer en pleines coulisses des préparations d’une émission télé qui va être tournée en direct, plus tard dans la soirée. Il s’agit de « La Chanson de l’année 2008 », présentée par Flavie Flament. Autant dire qu’un beau panel de stars françaises est attendue, ce qui explique l’impatience du public. Arrivés à l’intérieur du bâtiment, Olivier me fait signe de prendre place sur un canapé rouge où semblent attendre d’autres personnes, devant un grand écran qui diffuse les répétitions en temps réel, de l’émission en plateau. L’atmosphère est à l’effervescence, et je ne perds pas une miette de la prestation complètement déjantée de Catherine Ringer, sur Ding Ding Dong. Autour de moi ça court dans tous les sens, et je suis aux premières loges pour observer l’entrée des artistes. Celles que je vais rencontrer, est sans doute définitivement bien installée dans le coeur des français. Après « 2Lor en Moi » un album qui marque son passage au « statut de femme », Lorie – et oui il s’agit bien d’elle – prépare une tournée à travers la France, avec des shows qui s’annoncent époustouflants. Pour l’heure, c’est Zazie qui entre dans la salle, puis Catherine Ringer refait une apparition, cette fois juste à coté de moi, filmée avec ses musiciens pour faire un coucou à la caméra. Olivier revient me chercher et me fait signe que l’interprète de « Ma meilleure amie » va bientôt pouvoir me recevoir. Il m’accompagne jusqu’à la loge prévue pour l’entrevue, devant laquelle, dans une autre pièce dont la porte est restée ouverte, je découvre tout un groupe de garçons qui s’affairent autour d’une demoiselle blonde, que je ne vois que de dos, mais que je n’ai pas de peine à reconnaître. C’est bien Lorie, entourée de sa sympathique équipe, et qui se fait belle pour moi (bon ok, plutôt pour l’émission à laquelle elle participe ensuite, mais bon faisons comme si). Je prends place dans la loge et j’entends les joyeux commentaires. « C’est CitéGAY ? Coooool ! Alors il y a DialH, DialHSexe … » et les éclats de rire fusent… Lorie finit par apparaître dans l’encadrement de la porte, accompagnée de son coiffeur, qui finit de mettre ses mèches en place, et de son maquilleur. Elle annonce tout de go : « Hello, j’ai deux garçons à te présenter, apparemment ils veulent passer une annonce sur ton site ! ». Tout le monde rit et Lorie vient finalement s’installer face à moi. la porte se referme puis s’ouvre rapidement. C’est la tête d’Alizée qui se penche cette fois pour faire un coucou à Lorie … Cette fois la porte se ferme pour de bon et nous laisse tout les deux, enfin seuls ! Ni une ni deux, l’interview commence !

Tof : Hello Lorie, je suis super content de te rencontrer, plus belle que jamais en plus ! Tout d’abord j’aimerais que tu reviennes sur la façon dont tu as abordé ce dernier album. Maintenant que tu es « femme », j’imagine que c’était délicat de faire évoluer ton son, sans pour autant déboussoler ton public de toujours …

Lorie : Ben écoute, avant la préparation de cet album là, mon contrat avec mon ancien producteur s’est terminé, ainsi que celui avec mon ancienne maison de disques, et donc avec mon père qui était à l’époque mon manager, on s’est dit que le moment était peut-être venu de devenir nos propres producteurs. Au-delà de cela, avant de penser à un prochain album, j’avais vraiment un énorme besoin de repos [Rires]. Imagine j’avais perdu 5 kilos! Il fallait que je me pose, que je reprenne un peu le temps de vivre, de voir ma famille, mes ami(e)s, mon chéri … Evidemment je suis aussi plus sortie, et j’ai plus fait la fête ! En fait il faut savoir que quand je travaille, c’est quelque chose que j’évite et même que je m’interdis un peu parce que tout simplement j’ai du mal à m’en remettre [Rires]. Il faut savoir que j’ai besoin de beaucoup de sommeil et bien sûr si je ne peux pas récupérer, je ne suis pas efficace au boulot et je m’en veux parce que je suis très exigeante avec moi-même. Après cette période de quelques mois, où je me suis bien éclatée à danser sur les tables, les idées pour ce nouvel album sont venues tout naturellement, sans que je me pose vraiment de questions. C’est vrai que je voulais une direction musicale un peu dans la lignée de ce que fait Kylie Minogue, et puis je me suis aperçue que l’electro dance se faisait de plus en plus en France, mais jamais en français. Je comprends d’ailleurs maintenant pourquoi ça n’existait pas en français ! [Rires]

Tof : Raconte …

Lorie : Et bien tu sais je recevais des tas de maquettes de Suède, ou de Londres, avec une voix en anglais. Et puis ça sonnait mais monstrueux ! La première impression c’était toujours « wahou mais ça c’est un tube, c’est génial ! » Mais dès qu’on essayait de mettre des mots en français dessus, on se regardait tous avec étonnement et on se disait « Ah, t’es sûr que c’est la même chanson là ? » Ca faisait tout bizarre tout à coup[Rires] En anglais on est souvent moins attentifs aux paroles. Tant que ça sonne et que ça groove et qu’on peut chanter n’importe quoi, tout va bien. Ce qui n’est pas du tout le cas en français ! Moi je suis clairement dans le camp de ceux qui veulent avant tout faire danser le public !

Tof : Tu dis que cet album est celui qui te ressemble le plus. En même temps tu y as travaillé avec beaucoup d’auteurs. Comment t’es-tu organisée avec eux ?

Lorie : En fait j’ai co-écrit pas mal de textes, mais j’ai tout de même donné la direction d’écriture en ce qui concerne l’intégralité du disque. Si une maquette en anglais me plaisait, je savais déjà exactement ce que je voulais lui faire dire. « l’accalmie » par exemple, m’a donné l’occasion de parler de mes peurs et de mes angoisses. En tout cas c’est avec ce genre d’exercice que je réalise à quel point être auteur est un vrai métier. Je dirais même carrément un don ! Quelque fois j’étais bloquée parce que je n’arrivais pas exprimer complètement mon sentiment, et donc on a essayé ensemble de trouver les mots justes.

Tof : Tu as donc travaillé entre autres avec Frédéric Château. Tu connaissais son travail en tant que chanteur dans les années 80 ?

Lorie : Ben écoute oui, « le bonheur des uns fait le malheur des autres » par exemple, et puis les Koeur’s, le groupe dont il a fait partie avant ! J’ai retrouvé un vinyle dans son studio et j’ai bien rigolé, parce qu’il a quand même bien changé. Evidemment depuis il les cache. En tout cas, je ne pense pas qu’il souhaite un jour revenir sur le devant de lascène. Il s’éclate bien trop derrière les consoles …

Tof : Parle-moi de la chanson « 2 L’or en moi », écrite par Axenn Rayen. On a l’impression qu’elle a été écrite pour donner confiance à celui qui l’écoute …

Lorie : En fait pour la première chanson de l’album, j’avais envie de remettre les points sur les i de certaines personnes qui allaient m’écouter. C’était une façon de démollir un peu les aprioris qui pouvaient circuler sur mon compte. Histoire de dire à certains médias, que je ne suis pas la gentille poupée qu’ils ont voulu que je sois, et que s’ils voulaient écouter ma musique c’était bien mais que s’ils ne voulaient pas, et bien je ne pouvais rien faire pour eux, voilà !
C’est vrai qu’on a prévu beaucoup de changements de costumes. Pour te donner une idée, sur le Lorie Tour 2006 il y avait 90 costumes. Moi je changeais de costume 7 fois pendant le spectacle. Ce qui est bien avec une tournée, par rapport aux shows télé où les possibilités sont grandes, mais où on a quand même certaines limites qui font qu’on est pas toujours complètement dans son propre univer, c’est que là vraiment, on peut se lâcher complètement. Tu vois à la télé tu peux faire des choses mais tu n’es pas forcément dans ton univers … Là avec les décors, les danseuses, la mise en scène, les effets visuels, les effets vidéo, ça va être de la folie ! Fais-moi confiance il va y avoir de la paillette, des plumes, des shorts … Bref on va continuer à voir les choses en grand !

Tof: C’est forcément beaucoup de travail et c’est quelque chose d’assez physique. Je suppose que ton passé de sportive t’aide beaucoup … Dis-moi, à quoi ressemble une journée type de Lorie ?

Lorie : [Rires] En ce moment dès que je peux je dors. Il faut dire que ça fait 5 mois que je ne fais que 4 ou 5 heures par nuit. On est quel jour ? Vendredi ! Bon pour te dire Mercredi matin j’ai pris l’avion très tôt pour aller en Suisse. Toute la journée j’ai fait des interviews, des télés etc … pour promouvoir la tournée qui passe là-bas aussi. Le lendemain pareil avec un gros plateau radio en soirée. Ensuite j’ai eu un dîner pour lequel on a surtout parlé de la marque de fringues qui porte mon nom. Ce matin j’ai repris l’avion très tôt pour arriver aux répétitions. J’ai fait des interviews toute la journée. Ce soir il y a la télé en direct. Voila donc ça n’arrête pas. Et en plus de la promo que je fais habituellement, je suis en train de préparer un téléfilm. Et pour me préparer à ce tournage, parce que je ne suis pas comédienne et que le rôle est très très loin de moi et de mon caractère, j’ai 2 à 3 heures de coaching par jour. Donc si tu veux dès que je peux, je dors [Rires]

Tof : Et quand l’emploi du temps est chargé comme ça, tu arrives encore à trouver du temps pour travailler ta voix ?

Lorie : Oh oui oui … En fait pour l’instant je ne la travaille pas trop car je chante souvent 1 ou 2 titres et que dans ce cas là, deux ou trois vocalises avant suffisent. Mais quand je vais faire ma tournée, je vais reprendre des cours, et puis travailler chanson par chanson car qui dit chanson dit chorégraphie, mise en scène, donc il faut aussi travailler le souffle, savoir quand respirer etc …

Tof : Bon, tu te doutes que sur CitéGAY on est un peu obligés de parler d’une chanson en particulier … [Rires]

Lorie : Oui ! Tu veux parler d’« Un Garçon » !

Tof : Comment est née cette chanson ?

Lorie : [Rires] C’est pas compliqué, en gros à part mon père, la plupart des gars avec qui je bosse sont gays ! On s’entend super bien ensemble et on s’éclate en soirée. Ils sont très très proches de moi et je les considère vraiment comme ma famille. Et puis je vois aussi d’autres potes gays, en dehors de la vie professionnelle, qui m’ont souvent parlé du regard des autres, de la peur de s’avouer son homosexualité, de l’annoncer à la famille, aux parents. Ils se demandent si cette révélation va faire mal à l’entourage, alors que c’est déjà difficile à accepter pour soi-même. J’avais envie de faire un texte par rapport à ça. J’en suis assez contente !

Tof : En plus, ce titre n’est-il pas un petit règlement de compte envers les mecs qui ne sont pas toujours suffisament francs …?

Lorie : Non, non pas du tout., je voulais juste appuyer sur le fait que plus on garde le silence sur quelque chose qui nous préoccupe vraiment, et plus ça peut engendrer de la souffrance. Dans le cas de la chanson ce n’est pas une mince affaire car on parle de la souffrance de trois personnes: lui, moi et « le garçon ». C’est vrai que ça peut être difficile de faire le pas mais ça vaut toujours mieux que de ruminer … Il vaut mieux être clair avec soi-même et avec les autres pour pouvoir avancer.

Tof : On a l’impression que tout le monde aujourd’hui veut avoir sa chanson un peu gay-friendly sur son album … Qu’en penses-tu ?

Lorie : C’est vrai qu’au début j’ai eu peur qu’on pense que j’étais opportuniste et puis j’ai des petits fans ados, qui ne sont pas super bien dans leurs baskets parce qu’ils sont dans cette situation là, et qui me disent que la chanson « Un Garçon » , ou même ta chanson « L’Arène » qui dit « Eclate-toi, tu es comme tu es, et on se fout de ce que peuvent dire les autres, si t’assumes et que t’es heureux c’est le principal » les rassure et les aide. J’en suis donc plutôt fière !

Tof : Déjà quand tu faisais une musique plus axée ado, tu avais pas mal de fans gays. C’était un peu bizarre non ?

Lorie : Oui c’est vrai, j’imagine que ça vient du coté festif et positif de ce que je fais … En 2006 j’avais vraiment de tout! Des ados de 15 à 17 ans et puis d’un seul coup des grands et même des mamies qui connaissaient toutes mes chansons par coeur. Je trouvais ça génial !

Tof : En tout cas sur ce dernier album il y a des tas de clins d’oeil aux années disco et 80 … Un sample de « Bette Davies Eyes » (Kim Carnes) sur « l’amour autrement » , et puis sur « Je vais vite » on croit reconnaître la rythmique de « Ring My Bell » d’Anita Ward.

Lorie : Ah oui je vois de quoi tu veux parler. Je me souviens en plus que je m’étais bien amusée en reprenant cette chanson dans un show télé.

Tof : Que penses-tu de l’idée de Cyndi Lauper qui organise chaque année en Amérique une tournée « True Colors » pour réunir des fonds pour la défense des droits des homosexuels ?

Lorie : Whaou c’est une super idée ! Je serais bien évidemment 100% partante ! Je savais pas qu’elle avait fait ça. Ca pourrait être une idée également pour la France …

Tof : Sur la chanson « A tout prix » on retrouve des sonorités un peu indiennes, qui correspondent bien au thème de la chanson. Le morceau semble parler d’une quête de sagesse. Est-ce que tu es intéressée par les choses spirituelles, voire même le bouddhisme …

Lorie : J’ai lu pas mal de livres du Dalaï Lama et j’aime bien sa façon de voir les choses en ce qui concerne la sagesse. C’est pas facile à mettre en pratique mais ce sont quand même de bonnes pistes. On m’a proposé de le rencontrer et je croise les doigts pour que ça puisse se faire …

Tof : Comment penses-tu que Lorie va évoluer ? Y a-t-il un moment où elle pourra aborder des thèmes plus sombres dans ses chansons ?

Lorie : Ben écoute, il me semble que déjà dans cet album, « L’accalmie », « Le bonheur à tout prix », et « Un garçon », sont déjà des exemples de textes qui ne s’adressent plus trop à des gamins de 15 ans. Mais tu sais en France, on veut toujours lire les textes. Ok mais quand tu bosses avec des djs, et que t’essaies de traduire des paroles anglaises, excuse-moi mais quelquefois c’est pas que ça vole pas haut, mais bon c’est limite! Là-bas c’est la sonorité qui prime. Il faut que ça groove avant tout …

Tof : Tu aimerais bien que ta musique s’exporte, en chantant en anglais par exemple ?

Lorie : Bien sûr pourquoi pas? Je ne vais pas te dire non … J’ai d’ailleurs déjà travaillé avec des potes djs en ce sens, par exemple le titre « Lonely » (featuring 2A.M) . C’était plutôt pas mal. Après il faut trouver le bon moment et le temps de le faire.

Tof : Dernière question … Y a-t-il des chances qu’un certain chanteur canadien fasse une apparition lors d’un de tes concerts ?

Lorie : [Rires] Ben écoute je pense qu’il va apparaître dans le public déjà [Rires]. Tu dois savoir que c’est lui qui fait la grosse voix sur « Play », mais pour l’instant il n’est pas prévu qu’il monte sur scène avec moi, non. Pour l’instant même une apparition sur écran n’est pas prévue. Au départ on cherchait une voix mâle de black américain, et on avait du mal à la trouver. Et puis Garou est passé par là. On a fait un essai et on a décidé de le garder. En fait on essaie de faire la part des choses tu vois. Lui vient de sortir un album très rock en anglais, alors s’il vient sur scène avec le dj, ça va peut-être faire un peu désordre [Rires]. Ceci dit, peut-être qu’un jour un soir une surprise … Il ne faut pas fermer les portes ! Pour l’instant je travaille la base du show et ensuite pour les surprises, on verra après …

Merci beaucoup pour ton accueil chaleureux et plein de bonne humeur Lorie. Ton spectacle sera forcément un grand moment à ne pas manquer (tournée du 3 Octobre au 16 Décembre, détail sur http://spectacles.citegay.com/ ). Je laisse là notre jolie blonde, et tente de m’extraire de tout ce petit monde en ébullition. Dehors il y a le double de monde qui attend, parqué derrière des barrières de sécurité. Sur le pas de la porte je croise le chanteur Raphaël, armé de sa guitare. Il y a tout de même des jours où je me dis que j’ai bien de la chance !

Découvre le petit coucou de Lorie aux internautes de CitéGAY :

Pour plus d’infos n’hésite pas à visiter le myspace de Lorie et son site officiel

copyright photos : SLAM

Lire les interviews précédentes de CitéGAY : Cinema Bizarre – Alphabeat – Maya Barsony – Jesse Mc Cartney – Louis – Roisin Murphy – Enrique Iglesias – Calogero – Maroon 5 – Christophe Willem – Zazie – Jay Jay Johanson – A-Ha – Cerrone – David Guetta – Elodie Frégé – Duran Duran – Elli Medeiros – The Killers – Kim Wilde etc, etc …



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