Communiqu de
presse – mardi 25 novembre
Journe mondiale de lutte contre
le sida
Sida : prvenir,
ne pas punir – lundi 1er dcembre
// 18h30 // Bastille
Pourquoi Act Up-Paris
manifestera contre la pnalisation de la transmission du
VIH
1) Responsabilit partage : s’en donner les moyens,
pas la remettre en cause
Depuis le
dbut de l’pidmie, les stratgies communes de lutte contre le sida consistent
informer massivement sur les modes de transmission du VIH, promouvoir le
prservatif, inciter au dpistage et affirmer la responsabilit individuelle
de chacunE – quel que soit son statut srologique – de se protger. Ce dernier
est principe essentiel, que l’on appelle la responsabilit partage en cas de
contamination. C’est ce fondamental que la pnalisation de la transmission
sexuelle du VIH vient remettre frontalement en cause.
Act Up-Paris, nous
pensons que, pour viter les contaminations, au lieu d’introduire la justice
dans nos lits, de traner les sropos devant les tribunaux puis de les jeter en
prison, il faut se donner concrtement les moyens – travers des campagnes de
prvention plus prcises et plus dveloppes – de rendre tout le monde concern
par ce virus et donc mme d’adopter des comportements
responsables.
Tous responsables : ni coupable, ni
victime
Inspire des principes de Denver [1], l’ide d’une
responsabilit partage face la maladie fait consensus parmi les acteurs de la
lutte contre le sida : Le principe de « responsabilit partage » soutenu par
les acteurs de la sant publique est n du constat que la prvention ne pouvait
pas reposer sur les seules personnes infectes. Il fallait pour cela viter les
ractions habituelles en cas d’pidmie, savoir le rejet violent des personnes
atteintes, vues comme responsables de leur tat et coupables de la transmission
. [2] Pour lutter efficacement contre le sida, il faut que tout le monde se
sente concern par le sida.
C’est
l’ignorance qui entrane l’accusation
Pnaliser la transmission du
VIH, c’est, l’inverse, dsigner les personnes sropositives – du moins celles
qui n’ignorent pas leur statut srologique – comme uniques responsables de la
propagation de l’pidmie. La raction de porter plainte, que nous respectons,
traduit souvent le sentiment de ne pas tre concern par le sida et rvle donc
bien le manque d’information de la population gnrale. Car le visage de
l’pidmie a chang. La plupart des contaminations concernent aujourd’hui des
htrosexuelLEs. Pourtant, cette population n’a pas intgr massivement la
notion de responsabilit partage. Et pour cause : les pouvoirs publics ne se
sont pas donn les moyens de faire passer ce message largement.
Le couple : fidle, forcment fidle
Une
grande part des contaminations a lieu au sein du couple. De fait, l’abandon du
prservatif dans le couple demande une ngociation clairement tablie, qui
suppose qu’il est de la responsabilit des deux partenaires de se protger en
dehors du couple, de se faire dpister en cas de prise de risque, d’en parler.
Pour autant, la plupart des procs pour pnalisation de la transmission du VIH
ouverts ce jour l’ont t dans le cadre de couples, dont l’un des partenaires
accusait l’autre de lui avoir transmis le virus. N’est-ce pas paradoxal ?
Comment peut-on penser que l’amour seul protge du VIH ? La morale, la religion
– qui ose encore prner l’abstinence et la fidlit comme moyen de prvention –
, et les rapports de genre, qui font que les femmes ont encore du mal imposer
le prservatif, sont des pistes. Tout comme le sont la mconnaissance des outils
de prvention (prservatif fminin, prservatif en polyurthane en cas
d’allergie au latex) et des modes de transmission du virus.
Et ce sont bien
l les vrais responsables : quelles campagnes de prvention abordent
frontalement les relations extra-conjugales [3] et leur implication sur un
couple en termes de prvention ? Quelles campagnes d’information sont menes
auprs des mdecins pour que ceux-ci proposent davantage le test de dpistage
leurs patientEs ? De quelles informations le grand public dispose-t-il sur le
traitement post-exposition ?
La
pnalisation de la transmission sexuelle du VIH ne doit pas tre une rponse
la dsinformation de la population gnrale sur le sida, dsinformation
due aux carences des autorits et l’inadquation des campagnes de prvention –
campagnes qui, si elles taient plus prcises et plus dveloppes, informeraient
davantage celles et ceux qui pensent encore faussement que le sida ne les
concerne pas.
Cette pnalisation,
outre qu’elle ne rglera rien, aggravera encore les choses. Elle freinera
le recours au dpistage : ceux et celles qui ne sont pas srEs de leur statut
srologique prfreront rester dans l’ignorance plutt que de risquer d’tre
ventuellement poursuiviEs pour transmission du virus tout en ayant connaissance
de leur statut srologique. La pnalisation n’incitera pas les sropositifVEs
annoncer leur srologie leur(s) partenaire(s). En termes de sant publique,
elle ne peut qu’avoir des effets catastrophiques.
>>
Demain : les plaintes, les procs, la
jurisprudence en France : suite de l’argumentaire contre la
pnalisation de la transmission du VIH
[1] 1983 :
deuxime congrs international sur le sida. http://www.actupparis.org/mot1373.html
[2] Avis du CNS sur
la pnalisation : http://www.cns.sante.fr/htm/avis/prevention/27_04_06/fr_1_b.htm
[3]
Voir la rcente campagne de l’INPES sur le sujet qui valorise l’arrt du
prservatif dans le couple – sans poser la question d’ventuelles relations
extra-conjugales et de ce qu’elles impliquerait sur la prvention au sein de ce
couple. http://www.inpes.sante.fr/index.asp?page=30000/actus2008/013.htm%20