Les quatre Killers de Las Vegas, auréolés du titre mérité de meilleur Groupe International obtenu en 2007 aux Brit Awards, sont bel et bien de retour avec « Day & Age », un 3ème album très attendu mais pour le moins qu’on puisse dire, assez désarçonnant, notamment à cause d’une touche de sonorités caribéennes, ensoleillées (sur « Joyride », complètemet inattendue.
Outre le premier single « Human », véritable hymne fédérateur, qui connaît déjà un démarrage sur des chapeaux de roue un peu partout dans le monde (N°1 en Europe, Angleterre, Irlande et Norvège, 4ème en Australie, 7ème au Japon), le groupe offre un opus à la fois plus riche en sonorités, et plus épuré au niveau de la production.
Cette fois, Brandon Flowers & co ont décidé de travailler l’intégralité des titres, avec le producteur Stuart Price, qui avait déjà réalisé pour eux le Thin White Duke remix de « Mr Brightside », au début de leur carrière.
Si le précédent album « Sam’s Town », dont la qualité a été souvent controversée sans que ça l’empêche de battre des records de vente (il y a aussi eu « Sawdust », un album de faces B et de raretés entre temps, mais ça compte un peu pour du beurre), m’avait totalement électrisé, et m’ avait fait presque oublier le tout premier « Hot Fuss », déjà très bon, il n’en a pas exactement été de même pour « Day and Age », qui a suscité en moi de nombreuses interrogations .
Tout d’abord, exit le concept de l’album qui raconte une histoire. L’ensemble paraît d’emblée légèrement moins cohérent, moins compact, moins explosif, bref, moins putassier que « Sam’s Town », mais c’est manifestement un effort qui se révèle chaque fois davantage, à chaque nouvelle écoute …
Les clins d’oeil kitsch, qui font partie autant de l’image du groupe (au secours la veste aux épaulettes en plumes d’aigle !), que de ses sonorités (remember le xylophone de Noël sur « Bones »), ont été augmentés d’un cran. Au summum de l’horreur, une intro abracadabrantesque du titre « This Is Your Life », dont on ne sait pas très bien (est-ce qu’on y tient vraiment ?) si elle a été réenregistrée, où s’il s’agit du sample original de « Le lion est mort ce soir » de Pow-Wow ! Passé quelques sueurs froides, dû aussi à l’ajout d’un son de tambour militaire et de cornemuse, on est bluffés par cette chanson qui s’avère finalement terriblement efficace.
Dès les premières notes de l’album, on est plongés dans la perplexité, tant les notes de saxo jazzy du premier titre « Losing Touch » sont inattendues. L’intro à la guitare sèche de « I can’t Stay », évoque ni plus ni moins que « The Concrete and the Clay », de Hong-Kong Syndicat (86, la musique de la pub dans laquelle la marmotte, hé ben elle met le chocolat dans le papier alu).
Pourtant on est bien obligés de se rendre à l’évidence : malgré ces nouveaux sons inattendus et a priori incongrus, cet album est truffé de hits accrocheurs et catchy. Passé le court laps de temps où on frémit en se disant « Mais mais . Qu’ont-ils fait ? », on retrouve rapidement le sourire : « Mais oui mais c’est bien sûr ! ». Et il n’y a pas besoin d’attendre la troisième écoute pour que ce postulat devienne une évidence ! Fort !
« Spaceman », par exemple est forcément un des succès endiablés qui vont suivre le « Human », déjà bien musclé… Au menu : une batterie bien énervée, qui se saccade au fur et à mesure qu’on arrive à la fin du morceau. C’est très rock, très pop, et doté d’un refrain « infectuous » que les foules vont s’empresser d’entonner lors des concerts à venir. Ma préférée de l’album !
A signaler aussi le titre « Joyride », un des plus dansants et festifs de « Day & Age », grâce notamment à une superbe ligne de basse sur laquelle tout le morceau semble avoir été construit, pour un résultat disco que les Roxy Music, ou Blondie n’auraient pas renié, l’énigmatique « Neon Tiger », sur laquelle la voix de Brandon Flower ressuscite l’esprit du groupe allemand Alphaville, et le lent bouquet final, qui résonne comme une oraison funèbre « Goodbye, Travel well »
Les textes, quant à eux, semblent résolument sombres et en phase avec l’actualité (« I got to believe it’s worthy / maybe I’m just mistaken / It’s not too late for that » dans « the world we live in » ou « I don’t know the simple answer but i know that i can answer something better » dans « This Is Your Life », « There’s nothing I can say, There’s nothing I can do now » dans « Goodnight, Travel Well » ) mais impossible d’en savoir plus en interview, car le groupe semble hélas se complaire dans une sorte d’autisme, et ne répond en général que par trois mots aux questions posés, si ils répondent .
Peut-être qu’ils sentent que « Day and Age » est une nouvelle pièce de maître à ajouter à leur discographie, qui se passe carrément de commentaires.
Plus d’infos sur www.thekillersmusic.com