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Opium, Philippe Jarousski

Philippe Jaroussky, que l’on ne présente plus, investit un nouveau territoire musical avec ce disque, consacré aux mélodies françaises de la fin du XIXème et du début du XXème siècle. « Opium », c’est le nom de l’album, emprunte son titre à une mélodie de Saint-Saëns, sans doute pour évoquer l’esprit voluptueux et volontiers onirique de la Belle Epoque.

Après les fastes de l’opéra baroque italien et les vocalises acrobatiques des castrats, Philippe Jaroussky nous prend la main pour nous conduire dans le salon de la Duchesse de Guermantes ; on y joue la sonate de Vinteuil, Reynaldo Hahn est au piano ; Marcel Proust, assis non loin, lui jette des regards appuyés et complices.

La sélection que nous propose Philippe Jaroussky comporte bien sûr plusieurs mélodies de Reynaldo, toutes très belles, mais aussi des raretés absolues, notamment de Cécile Chaminade que je ne connaissais jusqu’alors que par ses oeuvres pour le piano. Fauré, Chausson, Debussy sont aussi au rendez-vous.

Subtile, raffinée, toute en nuances, parfois éthérée voire fragile, la mélodie française n’est guère aisée à aborder. Beaucoup d’interprètes s’y sont fourvoyés, par des beuglements, une prononciation inaudible et des roulements de « r » grotesques. Aux antipodes, Jaroussky déclare : « J’ai choisi volontairement la prononciation la plus proche possible de la voix parlée actuelle, afin que les mots résonnent de la façon la plus naturelle dans l’imaginaire des auditeurs, en essayant d’écarter tout affect ou surinterprétation »

Le résultat atteint les rivages de la perfection. Par son respect absolu du texte, la clarté de son timbre, la maîtrise totale de la technique, Jaroussky vient d’apporter à la mélodie française ce que La Schwarzkopf a offert au lied allemand : une référence.

JEF pour CitéGAY




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