Communiqu WARNING – 22
avril 2009
L’association
allemande Deutsche AIDS Hilfe fait sienne le protocole
suisse
http://www.thewarning.info/article.php?id_article=0270
(Paris) Et une de plus ! Aprs l’association australienne Positive Life
NSW(1), et alors que la France attend
toujours la publication de l’avis du Conseil national du sida sur
l’intrt du traitement anti VIH en prvention(2), c’est au tour de Deutsche
AIDS Hilfe, la plus importante association allemande de lutte contre le sida, de
prendre position en faveur du protocole suisse qui affirme que les personnes
sropositives ne souffrant d’aucune autre infections sexuellement transmissibles
et suivant un traitement antirtroviral efficace ne transmettent pas le VIH par
voie sexuelle (3).
Le site anglais Aidsmap rapporte
que l’association allemande vient de publier un document reconnaissant l’intrt du traitement en
termes de prvention(4).
Risques
similaires entre traitement anti VIH seul et prservatif seul
Selon Deutsche AIDS Hilfe, si les conditions suivantes sont runies, la
transmission sexuelle du VIH est improbable si :
–
la charge virale du partenaire sropositif est indtectable depuis au
moins six mois ;
–
l’observance au traitement anti VIH est bonne
;
–
les muqueuses gnitales sont en bon tat.
Dans ces conditions, selon Deutsche AIDS Hilfe, les risques de
transmission du VIH sont comparables ceux lis un usage systmatique du
prservatif.
Comme la Commission fdrale suisse lis au sida, la Deutsche AIDS Hilfe
met en avant les risques lis aux infections sexuellement transmissibles (IST),
la fois parce qu’elles peuvent augmenter la charge virale (prsence du VIH)
chez la personne sropositive et endommager les muqueuses sexuelles chez celle
srongative, et ainsi faciliter l’entre du virus dans
l’organisme.
Comme la Commission fdrale suisse, la Deutsche AIDS Hilfe met l’accent
sur l’intrt du traitement anti VIH comme outil de prvention pour les couples
stables srodiffrents.
Pour
une prvention raliste
Deutsche AIDS Hilfe mentionne les cas o du virus a t dtect dans le
sperme d’une personne dont la charge virale plasmatique tait indtectable,
ainsi que l’unique mais controvers
cas allemand , signal en aot dernier(5).
Nanmoins, l’association plaide pour une approche de prvention
raliste reconnaissant que les individus ne veulent pas ncessairement
liminer tous les risques, mais plutt faire la balance entre le niveau de
rduction du risque et le dsir. Elle ajoute que les individus feront leur
propres choix en fonction de leurs priorits.
Aussi
valable chez les gays
Quid de l’applicabilit chez les gays ? Deutsche AIDS Hilfe rappelle
qu’il y a peu d’tudes sur l’effet du traitement anti VIH sur les infections
chez les gays, mais estime que des preuves scientifiques seront difficiles
produire dans un futur proche. En consquence de quoi l’association soutient
qu’il est logique de faire l’hypothse que la rduction drastique de
l’infectiosit en cas de charge virale indtectable a lieu aussi chez les hommes
homosexuels.
Une argumentation trs proche de celle du professeur genevois Bernard
Hirschel, dans une interview qu’il donnait rcemment au magazine Transversal de
l’association Sidaction : On ne
dispose pas d’tudes sur la transmission au sein des couples homosexuels
srodiffrents. Et il sera trs difficile d’en obtenir. Or, lorsqu’on ne dispose
pas d’tudes, il faut se rabattre sur la logique. Les htrosexuels pratiquent
galement le sexe anal, au moins 10%, selon les tudes. Il est vrai qu’il y a
depuis longtemps une controverse sur un risque de transmission possiblement plus
lev lors de relations anales que vaginales – certains proposent 10 fois plus,
mais cela ne fait pas consensus. En fait, quelques tudes menes chez des
patients non traits suggrent que les risques de transmission par sexe vaginal
et sexe anal ne sont pas trs diffrents. Par exemple, dans certains cas prcis
o les expositions au VIH sont rptes et multiples, les risques d’infection
sont similaires, qu’il s’agisse d’homosexuels San Francisco ou de prostitues
en Afrique. Enfin, une tude conduite par David Wilson aboutit des taux de
risques similaires entre les deux conditions prservatif sans traitement et
traitement sans prservatif chez les couples gays aprs 100 rapports
sexuels. (6)
Charge
virale indtectable versus prservatif
La Deutsche AIDS Hilfe fait galement le point sur les avantages et
inconvnients de chaque mthode :
– Les prservatifs impliquent des discussions moins complexes entre les
partenaires. Ils offrent une certaine protection contre les IST. Mais en
revanche, ils sont moins efficaces quand ils ne sont pas utiliss correctement
ou pas systmatiquement.
– L’approche charge virale
de son ct, fournit une protection contre les pratiques gnralement
considres comme insuffisamment risques pour rendre ncessaire l’usage des
prservatif (fellation) et le dsir d’enfant par la voie naturelle est alors
possible. En revanche, ce protocole ne protge pas contre les IST. Les
conditions de sa mise en ouvre sont complexes, et un accroissement de la charge
virale reste possible.
Warning espre que le Conseil national du sida saura prendre en compte
une telle approche raliste de la prvention, et reconnaitra l’intrt des
traitements, non seulement en termes de prvention au niveau collectif, mais
galement individuel.
Qu’il reconnaitra la pertinence des approches prventives dsormais
formules en Suisse, en Australie et en Allemagne, que ce soit en termes
d’amlioration de la qualit de vie des personnes sropositives et des couples
srodiffrents, de lutte contre la stigmatisation, d’incitation au dpistage, et
de maitrise galitaire des risques par tous.
1 –
http://www.thewarning.info/article.php?id_article=0263
2 –
http://www.thewarning.info/article.php?id_article=0265
3 –
http://www.saez.ch/pdf_f/2008/2008-05/2008-05-089.PDF
4 –
http://www.aidsmap.com/en/news/0257C267-B067-4220-9285-5E3D5957C1B2.asp ,
http://www.aidshilfe.de/media/de/0904_DAH-Papier_HIV-Therapie_und_Praevention.pdf
5 –
http://www.aidsmap.com/en/news/99DF7ED6-786E-4C29-B2D3-280ABB144C12.asp
6 – Transversal 44, sept-oct 2008, p. 49
http://www.sidaction.org/ewb_pages/t/transversal_44.php
