Act Up-Paris : 20 ans de combat

25 juin
2009

Act Up-Paris : 20 ans de
combat

Nicolas Sarkozy : 2 ans
de silence

Prs de six mois aprs
les manifestations sans prcdent qui ont secou les Antilles franaises,
Nicolas Sarkozy vient de s’y envoler pour tmoigner du  calme aprs la
tempte . Seule conclusion en tirer : ds qu’il s’agit de sujet
d’importance, le Prsident de la Rpublique a pris habitude d’arriver sur le
terrain aprs la bataille, notamment quand sa politique est soumise la
contestation publique.

Dans une lettre ouverte
envoye il y a un mois l’Elyse, nous avions donn rendez-vous son
locataire, ce vendredi 26 juin 10h, pour les 20 ans d’Act Up-Paris [1]. FortEs de notre expertise de personnes vivant avec le VIH/sida, nous
voulions soulever avec lui les problmes urgents qui se posent nous et qui
relvent pour beaucoup de la politique de son gouvernement.

Nous voulions lui
rappeler qu’en France, une personne sropositive sur deux vit sous le seuil de
pauvret, que 22% n’ont pas accs un logement individuel et que la rforme du
systme de soins (loi HPST et franchises mdicales, entre autres) ne rpond pas
aux besoins des personnes sropositives et renforce leur prcarit. Que dans ce
contexte, les annonces tendant vouloir transfrer la gestion des maladies
chroniques au secteur priv sont inacceptables : les personnes gravement
malades ne doivent-elles plus bnficier de la solidarit nationale ? Nous
entendions donc obtenir de lui des garanties sur le maintien de la prise en
charge 100 % par la Scurit Sociale pour les affections de longue dure.

Nous souhaitions
l’interpeller sur l’urgence de la mise en place de salles de consommations
adaptes pour les usagerEs de drogues et sur l’absurdit des politiques de
« guerre la drogue », qui ne sert rien sinon aggraver les problmes de
sant. Dans ce domaine, la France est en retard, comme elle a l’a t dans les
annes 90 en matire d’change de seringues. Nous aurions aim savoir si Nicolas
Sarkozy avait le courage politique de renoncer l’idologie du tout rpressif
pour promouvoir, de faon trs pragmatique, un projet qui a fait ses preuves
l’tranger.

Enfin, nous entendions
bien lui demander des comptes sur la contribution insuffisante de la France au
Fonds Mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme : le
Prsident s’tait engag pour l’accs universel aux traitements pour  2010. D’ores et dj, nous savons que
cette promesse ne sera pas tenue : rien que pour prolonger les programmes dj
existants, qui touchent 30 % des sropos dans le monde seulement, il manque 5
milliards de dollars ! Or depuis son arrive l’Elyse, Nicolas Sarkozy a
gel le financement franais au Fonds, alors mme qu’il offrait, ds 2007, 14
milliards de cadeaux fiscaux aux plus riches.

Enfin, nous lui aurions
rappel, la veille de la Marche des Fierts LGBT, la ncessit de l’galit
des droits : il est grand temps que la France s’aligne sur la plupart de
ses voisins et reconnaisse aux couples homosexuels les mmes droits qu’aux
couples htrosexuels, qu’elle allge les lourdes contraintes qui psent sur les
personnes trans’, qu’elle applique le droit d’asile pour les personnes
homosexuelles ou trans’ menaces dans leurs pays et qu’elle oeuvre pour la libre
circulation dans le monde des personnes
sropositives.

Bien sr, nous souhaitons le solliciter aussi sur de nombreux autres
sujets : la remise en cause des titres de sjour pour soins ou de la
suspension de peine ; l’avenir de la recherche sur le VIH  et la ncessit de penser celle-ci au
fminin ;  la ngociation du
prix des traitements avec l’industrie pharmaceutique ; la reconnaissance du
travail sexuel ; 
etc.

Ce sont quelques-uns des
combats que nous menons, combats rendus plus difficiles encore aprs deux ans de
mandat de Nicolas Sarkozy, de rpression accrue sur les travailleurSEs du sexe,
les trangerEs, les usagerEs de drogue ; deux ans de politique anti-sociale qui
prcarise encore un peu plus les malades et les handicapEs et dmantle la
solidarit nationale.

On ne s’tonnera donc pas
que Nicolas Sarkozy n’ait pas rpondu notre lettre. Nous en avons l’habitude.
Le Prsident n’a aucun intrt pour les questions de sant ou de handicap. Il
craint par ailleurs une confrontation qui prouverait les inconsquences de sa
politique. Il connat notre expertise, il la redoute, il n’a rien lui opposer,
si ce n’est le mpris et le silence.

Il est possible de mettre
un terme l’pidmie de sida, cela relve d’une volont
politique.

Nous sommes au regret de
vous annoncer les 20 ans d’Act Up-Paris et encore plus au regret de constater
que cette volont politique n’est toujours pas l’ordre du jour du Prsident de
la Rpublique.

Stphane Vambre et Safia
Soltani, co-prsidentEs d’Act Up – Paris