Act Up-Paris et le SNEG
Paris, le 9 juillet 2009,
Lettre ouverte Mme Roselyne Bachelot-Narquin, Ministre de la Sant
et des Sports
Madame la Ministre,
Comme chaque anne, votre Ministre, via l’INPES, lance une campagne
estivale de prvention gnrale sur le VIH ou les autres IST. Votre choix
s’est port cet t sur la cration d’une campagne spcifique IST, dont nous
ne commenterons ici ni les visuels, ni le fond, tant nous sommes dpits, mais
l n’est pas vritablement l’objet de notre lettre.
Cet t, encore une fois, aucune campagne de prvention cible gay n’aura
t commande par l’INPES. Le groupe d’experts prvention homo ,
dont Act Up-Paris et le SNEG sont membres, ne s’est pas runi depuis prs de
deux ans, priode durant laquelle l’INPES n’a produit aucune nouvelle campagne
en direction de la population homosexuelle. Ni consultation, ni runion, ni
nouvelles campagnes cibles. Rien.
Deux appels d’offres spcifiques communication homo lancs par l’INPES
n’ont pas abouti pour d’obscures raisons. Nous, acteurs de la lutte contre le
sida, proches de la communaut LGBT, nous nous inquitons aujourd’hui de la
possible rintgration des crdits des campagnes homos dans une enveloppe
financire globale et non plus spcifique, ainsi que du peu de transparence de
l’INPES quant aux moyens attribus ces campagnes. Ce n’est pourtant pas
faute d’avoir alert, plusieurs reprises, les responsables de l’INPES. Act
Up-Paris a ainsi rcemment adress une lettre
ouverte la nouvelle directrice dudit institut, Madame Thanh Le Luong,
qui a manifestement prfr garder le silence plutt que de rpondre une
question aussi urgente qu’est la lutte contre le sida chez les
homosexuels.
Nous constatons que rien n’avance en France sur le front de la prvention
gay. Et nous ne pouvons admettre comme justification d’attendre les
recommandations d’un groupe d’experts sur les nouvelles approches de
prvention [mission pilote par France Lert et Gilles Pialoux sur commande de
votre Ministre] : relancer la prvention parmi la population gay est une
urgence de sant publique. En deux ans d’inaction de l’INPES, prs de 4500
homosexuels se sont contamins. Combien en faudra-t-il encore pour que vos
institutions ragissent et que des campagnes cibles et explicites voient le
jour ? Ce n’est certainement pas au rythme de deux campagnes gnrales
par an que l’on sensibilisera toutes les cibles de la population. Au sein de
la communaut gay, les enjeux sont multiples : comment vous adressez-vous
par exemple aux jeunes homosexuels chez qui, aujourd’hui, nous le savons, les
nombres de nouvelles contaminations augmentent ? Qu’en est-il de la
gestion des fausses croyances et des ides reues qui vont bon train dans la
communaut ? Quel message est adress aux sropositifs qui se
surinfectent par des souches virales rsistantes ou se co-infectent avec des
hpatites ? Depuis deux ans, rien n’est dit aux homos. L’Etat se tait.
L’Etat les ignore.
Act Up-Paris, avec le concours du SNEG, a pu largement diffuser, quelques
jours de la Marche parisienne des Fierts LGBT, des affiches dans le
quartier parisien du Marais et les tablissements gays, ayant trait la
prvention, et plus particulirement des informations sur les stratgies
dites de rductions des risques , qui font trop souvent l’objet
d’ides reues. Bnficiant de vos soutiens sur certaines actions ou la mise
en place de projets, nous estimons que l’pidmie dans la communaut
homosexuelle ncessite galement une mobilisation de l’ensemble des acteurs de
sant et en toute premire place de l’Etat et de ses services, car si l’Etat a
besoin de l’expertise des associations VIH, celles-ci ont besoin en retour
d’un discours clair et engag de l’Etat. Ces campagnes de communication,
Madame la Ministre, devraient tre le rsultat d’un travail commun coordonn
par vos institutions, et non un travail de substitution men par les
associations.
Act Up-Paris et le SNEG portent ici les mmes exigences que celles
adresses il y a peu Madame Thanh Le Luong, qui, ce jour, ne nous a
toujours pas rpondu. Nous demandons donc expressment :
que vous vous engagiez ce que l’INPES investisse avant la
fin 2009 l’intgralit des crdits qui devaient tre attribus la
ralisation de campagnes cibles homo dans des campagnes de prvention gay ces
dernires annes ;
que l’INPES lance des campagnes d’information sur le TPE, la
primo-infection (symptmes et alertes sur le nombre de contaminations dans ce
cas), les risques de co-infection et de sur-infection pour les sropositifs,
la valorisation de l’utilisation du prservatif (pour soi, mais aussi pour la
communaut homo) ;
qu’un nouvel appel d’offre spcifique communication homo soit
relanc et attribu une agence de communication comptente, au plus
vite ;
que le travail du groupe d’experts homo soit relanc et que
les associations de lutte contre le sida soient consultes dans l’laboration
de ces campagnes, et non simplement « averties » ;
que l’hypothse d’une corrlation positive entre les discours
de rduction des risques tenus depuis des annes et l’augmentation parallle
des pratiques risque et des contaminations ne soit plus forclose.
Recevez, Madame la Ministre, face au silence et au dni de vos
institutions, l’expression de notre colre et de notre profond
mcontentement.
Act Up-Paris et le SNEG
in Hiv