Sortir les sropos du placard
Communiqu de presse – WARNING – www.thewarning.info
Les donnes prliminaires de l’tude
Prvagay1, diffuse hier par l’Institut national de veille sanitaire
(INVS), dressent une image des gays qui frquentent les backrooms, saunas et
bars parisiens. Simplement traduits, ces chiffres indiquent que sur 100 gays
dans ce milieu, 18 sont sropositifs, mais seulement 14 le savent.
Les autres associations de lutte contre le sida se
sont empresses de sortir des communiqus de presse exigeant le renforcement du
dpistage et des messages de prvention. On peut y lire des revendications pour
informer les gays de la prvalence dans la communaut (lire : faites
attention, il y a des sropos qui sortent en bote), demander plus de prvention
(lire : il faut mettre le prservatif, t’as une chance sur 5 de sexer un
sropo) et renforcer le dpistage (lire : il faut augmenter une offre de
dpistage qui ne fonctionne dj pas).
Or, le problme n’est pas l. Si vous tes surpris
des chiffres de prvalence, posez-vous la question suivante : dans une
backroom, un sropo peut-il s’afficher ouvertement ? Est-ce possible
d’arrter de paniquer sur le nombre de sropositifs dans une population et
commencer se poser des questions sur la place qu’on leur laisse ? Avec une
telle prvalence, pourquoi est-ce si difficile de discuter ouvertement du statut
srologique ?
Les sondages Baromtre gay de ces dernires annes,
effectus eux aussi Paris, rapportent des chiffres similaires,
2002 : 12%, 2005 : 14,7%. La prvalence de l’infection VIH va
continuer monter, c’est incontournable, car avec les traitements, les
sropositifs vivent plus longtemps et donc leur nombre dans une communaut
augmente. Alors mme que prs de 18% des gays sont sropositifs, nous ne
comprenons pas pourquoi des groupes se disant constitus de sropositifs ou
reprsentant les malades du sida continuent d’empcher
l’organisation de soires entre sropositifs, de contraindre nos dsirs, et de
nous interdire des espaces solidaires o nous pouvons ngocier des pratiques
risques rduites. Quand deux personnes sropositives ont un rapport sexuel,
elles ne risquent pas de se contaminer. C’est dj fait ! Le risque
de surcontamination, agit par les cassandres, est par ailleurs extrmement
rare. L’autre risque, celui de la transmission du virus de l’hpatite C, est
contrlable en limitant les pratiques occasionnant des blessures qui pourraient
entraner une transmission via le sang. Bref, il n’y a aucune raison d’obliger
les personnes sropositives quand elles ont des rapports sexuels entre elles
l’utilisation du prservatif. De plus, reconnatre la place des sropositifs
dans notre communaut, leur donner le droit une sexualit active sans
stigmates, c’est favoriser le dvoilement du statut auprs des partenaires et la
ngociation de pratiques moindre risque, que ce soit le srochoix, le
positionnement stratgique ou l’usage du prso.
Revenons nos chiffres, le communiqu
de L’INVS, sur Prvagay, rapporte que 20 % des rpondants avec un rsultat
sropositif en laboratoire ne se sont pas dclars sropositifs dans le
questionnaire. 1 sur 5 ! Il faudrait donc renforcer le dpistage ! Mais si on
regarde ces chiffres de plus prs, parmi ces 20%, plus de la moiti ont dj
pass un test dans les 12 derniers mois. De plus, 15 personnes sur 31 ayant
rpondu au questionnaire ont indiqu tre sro-interrogatives ou ne pas avoir
pass de test. La question n’est donc pas d’accentuer le dpistage mais de faire
autrement ! Cessons l’hypocrisie. Le dispositif actuel montre ses limites. Un
changement radical s’impose, en respect de la qualit de vie des personnes. Il
est temps d’arrter les atermoiements autour de l’implantation de tests rapides
en France, d’imposer de compliqus protocoles d’tudes pour valider l’intrt
des tests rapides alors mme qu’ l’tranger, en Afrique, au Royaume-Uni, au
Qubec, en Suisse ou aux tats-Unis, ces tests sont dj largement utiliss. Il
est temps d’arrter de bloquer l’usage des autotests, alors mme que la
population leur est favorable, au prtexte que l’autotest ne permettrait pas des
entretiens pr et post test quand la grande majorit des tests VIH en France est
actuellement faite sans entretien. Il suffit alors d’associer au dispositif
d’autotest un conseil par tlphone. Sida Info Service a l’exprience de ce type
d’intervention. Il faut aussi ddramatiser le dpistage, le rendre routinier et
facilement accessible.
Warning demande donc que soient rapidement mises en
place des tudes permettant de valider des techniques d’autotests rembourss et
disposition dans chaque pharmacie.
Warning demande que cessent les agressions envers
les personnes sropositives dsireuses d’une sexualit naturelle et panouie et
sans risque de transmission du VIH et que cessent les agressions envers les
poz parties qui se droulent dans la plus grande convivialit et
visibilit partout ailleurs qu’en France.
Nos dsirs sont lgitimes. Nous sommes prts
soutenir l’organisation de ces soires, y participer en mettant en
place un stand d’information en sant sexuelle. Warning demande que la charte
des tablissements gays tablie par le SNEG en partenariat avec les associations
de lutte contre le sida, soit modifie pour intgrer la ralisation de telles
soires en toute transparence.
Warning est dispose s’engager dans un dbat
sincre et honnte avec les autres associations reprsentant les personnes
sropositives, les associations LGBT et les mdias gais.