Ceux qui se sont déjà rendus aux Etats-Unis connaissent cette feuille verte à remettre aux autorités douanières à l’arrivée, formulaire où le postulant à l’entrée sur le sol américain répond à une série de question allant des antécédents judiciaires au fait ou non d’être porteur d’une «maladie contagieuse», expression qui visait notamment les porteurs du VIH et qui, s’ils répondaient par l’affirmative, entrainait un refus d’admission sur le territoire.
En effet, depuis 1987, par une décision de l’administration Reagan, il est impossible, sauf à mentir et risquer des poursuites fédérales et une interdiction à vie d’entrée sur le territoire américain, pour les personnes séropositives d’entrée sur le territoire américain.
L’administration Bush avait déjà annoncé en décembre 2006 qu’elle allait procéder à la suppression de cette interdiction. Mais cela n’aura été accompli que par Barack Obama, le 2 novembre dernier, quand il a signé l’ordre levant l’interdiction d’entrer sur le territoire. Cet ordre est devenu effectif aujourd’hui.
«Il y a 22 ans, par une décision fondée sur la peur plutôt que sur les faits, les Etats-Unis ont instauré une interdiction d’entrer sur le territoire pour ceux qui étaient porteurs du virus du sida. Nous parlons de faire disparaître le stigmate que représente cette maladie, mais cela ne nous a pas empêchés de traiter comme une menace ceux qui vivaient avec et qui nous rendaient visite» avait déclaré le président Obama.
Les réactions à cette annonce ont été multiples. Jean-Luc Romero, président d’Elus locaux contre le Sida (ELCS), avait accueilli «avec beaucoup de plaisir» cette déclaration, évoquant également à CitéGAY «l’espoir que cette annonce fasse effet «boule de neige» et soit incitatrice pour beaucoup d’autres pays». Pour la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, il s’agissait d’«Une décision d’une grande humanité» qui pourrait l’inspirer pour qu’elle lève l’interdiction faite en France de donner des soins funéraires aux personnes séropositives décédées. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, avait félicité le président américain et il «exhorte les autres pays où existent de telles restrictions à se diriger au plus vite vers leur suppression». Pour Human Rights Campaign (HRC), association LGBT américaine, «aujourd’hui, un triste chapitre dans la réponse de notre pays aux personnes vivant avec le VIH est enfin clos et notre pays s’en porte mieux» alors que «Cette politique mise en place il y a presque 20 ans n’était pas nécessaire et était inefficace».
Jusqu’ici, les personnes séropositives pouvaient obtenir un visa de séjour de 30 jours aux Etats-Unis, ce qui toutefois les empêchait d’effectuer un séjour d’études ou de travail.
Onze pays refusent toujours l’entrée des personnes séropositives sur leurs terres: la Russie, la Chine, la Corée du Sud, la Lybie, le Soudan, l’Arabie Saoudite, l’Arménie, l’Irak, le Bruneï, la Moldavie, le Qatar et l’Oman. Plus largement, la moitié des pays membres de l’ONU appliquent des mesures discriminatoires aux séjours de plus de trois mois. Parmi ces pays, plusieurs sont membres de l’Union européenne…
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Un reportage sur Itélé sur le sujet avec une réaction de Jean-Luc Romero
La déclaration du president Obama (Anglais)
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Le Guide qui recense les législations de 170 pays à travers le monde, est librement consultable et téléchargeable sur les sites www.aides.org et www.elcs.fr.
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