Parabole sur le bien et le mal, le désir et le refoulement, Billy Budd, de Benjamin Britten, est l’un des chefs d’oeuvre du XXème siècle. Le livret, tiré d’une nouvelle de Herman Melville, met en scène un beau marin, Billy Budd, qui exerce une fascination sur tous les autres personnages.
C’est le cas de Claggart, maître d’armes, qui lui voue une haine aussi forte qu’est puissant le refoulement de son désir. C’est aussi le cas du capitaine, qui ne sait plus trop quoi faire, pris entre ses responsabilités et son attirance pour Billy.
Encore plus que le Roi Roger, présenté la saison dernière, Billy Budd est, à ma connaissance, la seule oeuvre lyrique dont l’intrigue est ouvertement homosexuelle. Bien évidemment (nous sommes en 1950), l’issue de cette histoire ne peut être que tragique : en acceptant la mise à mort de Billy, le capitaine se résoud à faire prévaloir l’ordre moral de l’époque. Finalement, peu de progrès sur ce plan en 50 ans, il n’y a qu’à se souvenir de Brokeback mountain…
Compte tenu du sujet, l’oeuvre ne fait appel qu’à des voix masculines, ce qui est, là aussi, une exception dans le répertoire ; la grande richesse de l’écriture orchestrale compense toutefois largement cette singularité.
Billy Budd est aussi l’un des rares opéras écrits au cours de la seconde moitié du XXème siècle qui continue de connaître un grand succès auprès du public. Certains de ses détracteurs n’ont pas manqué de le relever, pour souligner une prétendue « facilité » de l’oeuvre. Ce sera en tout cas pour moi une découverte.
Opéra Bastille, du 24 avril au 15 mai 2010.
JEF pour CitéGAY ( http://jefopera.blogspot.com/ )
Illustration de Pierre et Gilles