En Ouganda, les déclarations et manifestations se succèdent sur fond d’une proposition de loi, toujours en attente de vote au parlement. Le texte prévoit, selon la clause 2, qu’une personne accusée d’homosexualité est passible d’emprisonnement à vie, mais si elle est également séropositive, il s’agit alors d’homosexualité aggravée et la sentence encourue est la peine de mort. La proposition de loi envisage également une sanction de trois années d’emprisonnement pour quiconque ne rapporterait pas à la connaissance de la police dans les vingt quatre heures l’homosexualité supposée d’une personne et une sanction de sept années d’emprisonnement pour toute personne impliquée dans la défense des droits des gays et des lesbiennes.
MANIFESTATIONS INTERDITES… MAIS QUI ONT LIEU TOUT DE MÊME
Aussi, des manifestations homophobes ont eu lieu à Jinja, ville au bord du lac Victoria, et à Kampala, la capitale, pour continuer à soutenir la proposition de loi criminalisant l’homosexualité alors que la marche baptisée «Million Man March» (Marche d’un million d’Hommes) avait été interdite par les autorités.
Aussi, ce sont plusieurs centaines de manifestants qui entendaient lutter contre la «sodomie» lundi et mardi dernier, le pasteur homophobe Martin Ssempa qui se présente comme le principal activiste contre le sida dans le pays (sic) réunissant 300 personnes dans une église de Kampala. A cette occasion, l’AFP rapporte que le religieux a présenté à l’assistance, pour justifier cette criminalisation et contester les oppositions internationales, des photographies pornographiques gays. Thèse récurrente en Afrique avec le mythe d’une importation coloniale de l’homosexualité et de sa prétendue promotion, Martin Ssempa a accusé Barack Obama de vouloir «apporter à l’Afrique» l’homosexualité répondant ainsi aux critiques de l’administration américaine concernant cette proposition de loi.
PRESSIONS INTERNATIONALES SUR LA PRESIDENCE OUGANDAISE
Pour le moment, le président ougandais, Yoweri Museveni, ménage l’opinion publique ougandaise tout en donnant quelques signes à la communauté internationale. Ainsi, il semble que l’interdiction de manifestation ait été décidée au niveau présidentiel, pour autant la proposition de loi n’a pas été retirée officiellement. Le mois dernier, Yoweri Museveni avait ironisé devant les parlementaires de sa majorité concernant les pressions internationales qu’il subit pour que la proposition de loi soit retirée.
Si les USA, la Grande-Bretagne, la Suède ou encore le Parlement européen se sont saisis du dossier et demandés, sous peine de sanctions, le retrait du projet, la France s’est montrée frileuse en limitant sa réaction à une simple déclaration du porte-parole du ministère des Affaires étrangères quand, pour les seuls USA, la Secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, comme le Président Obama ont adopté une position ferme.
Ainsi, Barack Obama avait fustigé au début du mois cette proposition de loi qualifiée d’«odieuse». «Nous pouvons être en désaccord avec le mariage gay, mais nous ne pouvons certainement pas accepter ce qui est déraisonnable, à savoir prendre pour cibles des gays et des lesbiennes pour ce qu’ils sont» avait déclaré le président américain. Hillary Clinton avait précédemment téléphoné au président ougandais Yoweri Museveni le 20 décembre pour exprimer ses «plus fermes inquiétudes». Gordon Brown, le Premier ministre britannique, comme Stephen Harper, son homologue canadien, avait également réagi en marge du dernier sommet du Commonwealth.
Pour rappel, la France est à l’initiative, avec quelques autres pays, d’une déclaration à l’ONU visant à la dépénalisation mondiale de l’Homosexualité.
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