Dossier de presse – 19 mai 2010
Journe Mondiale Hpatites
Pour un rel plan d’urgence plutt que des effets
d’annonce
L’hpatite C est une
affection d’origine virale, caus par un virus que l’on a appel non A,
non B jusqu’ la dcouverte en 1989 du virus responsable, le
VHC.
L’hpatite C ncessite un plan d’urgence sanitaire. La coinfection
avec le VIH encore plus. Ce plan d’urgence devrait aller d’une extension et une
diversification des outils de rduction des risques auprs des usagErEs de
drogues, des moyens affects la recherche pour largir la palette de
traitements en passant par un accroissement des efforts pour inciter au
dpistage.
Mais rien n’est fait, ou si peu. Le plan de Roselyne
Bachelot-Narquin n’est essentiellement qu’un effet d’annonce, bien en de de
l’urgence sanitaire et des moyens qu’il faudrait mettre pour viter une nouvelle
hcatombe. En effet, beaucoup de personnes co-infectes par le VIH et le VHC
sont dans la mme situation que les malades du sida au dbut des annes 80. Face
l’absence de volont politique, Act Up-Paris a dcid de faire de la question
de la coinfection la priorit des mois venir.
Selon le professeur Mark Nelson[1], le taux de survie d’une
personne co-infecte VIH-VHC est de 54 % un an, 40 % deux ans, 25 % 5
ans. Est-ce parce que beaucoup d’entre nous sommes des usagErEs de drogue que
l’industrie pharmaceutique et les pouvoirs publics nous laissent crever sans
rien faire en matire de prvention, de dpistage ou de traitements ? Nous
exigeons un plan d’urgence, nous ne voulons pas attendre que l’hcatombe qui
nous menace produise le scandale politique qui changera la donne. Il en va
maintenant de la responsabilit de chacunE.
Les
chiffres
Dans le monde, 180 millions
de personnes (soit 3 % de la population mondiale) vivent avec une hpatite C
chronique et 3 4 millions sont nouvellement infectes chaque anne.
En
France, 232 000 personnes sont atteintes d’hpatite C chroniques. Il y a entre
2700 et 4400 contaminations par an [2], et 2600 dcs par ans [3]. 43% des
personnes ignorent qu’elles vivent avec le virus. 35% des personnes vivant avec
le VIH sont aussi co-infectes par une hpatite.
L’hpatite C a un
pronostic svre en l’absence de traitement : pour 80 90 % des personnes, elle
devient chronique (c’est dire qu’elle s’installe dfinitivement dans le foie),
et est susceptible d’voluer terme et de faon insidieuse vers une cirrhose
et/ ou un cancer du foie.
Maladie
de la prcarit au centre des ingalits sociales
Cette maladie est aussi celle de la prcarit :
– chez les
usagErEs de drogues la prvalence est de 71 84 fois suprieure que dans le
reste de la population [4] ;
– chez les personnes alcoolique la prvalence
est 6 fois plus importante ;
– chez les prisonniErEs, la prvalence est
6 fois plus importante ;
– chez les personnes vivant de minima sociaux
la prvalence est 3 fois suprieure.
Les enjeux de la rduction des risques et de l’auto-support chez
les usagErEs de drogues
Rappel
historique
En France, les premiers
programmes de rduction des risques (change de seringues, accueil bas seuil,
substitution, etc.) ont t mis en place tardivement, alors qu’ils ont par la
suite prouv leur efficacit face au VIH. Ds qu’on a donn aux usagErEs de
drogues les moyens de se protger, ils et elles les ont utiliss, luttant contre
l’pidmie et prouvant leur sens des responsabilits. La transmission du VIH par
injection ne reprsente que 2 % des nouvelles contamination au virus du sida, et
ce taux est stable depuis la fin des annes 90.
Malgr le succs
incontestable de ces dispositifs, la rduction des risques est insuffisante en
France. Un tiers des dpartements dispose d’une seule structure de RDR, 13
d’entre eux n’ont aucune structure recense. Enfin, plus de 40 villes de 40
000-70000 habitants n’ont aucun dispositif de rduction des
risques.
De nouveaux enjeux face
au VHC
Des risques diffrents
du virus du sida
Si un quart des
hpatites C actuelles est due aux transfusions de produits sanguins ralises
avant 1992, 70% des nouveaux cas annuels sont lis l’usage de drogues,
principalement par voie intraveineuse. On souponne aussi le partage de pailles
et de pipes crack d’tre l’origine de contaminations. Prs de 60 % des
usagErEs de drogues et 28% des usagers de moins de 30 ans sont
infectEs[5].
Le virus de l’hpatite C est dix fois plus contaminant, et
beaucoup plus rsistant que le VIH (une seringue utilise par une personne
infecte reste contaminante 3 semaines, contrairement au VIH qui ne rsiste pas
l’air libre). Les statistiques montrent que la probabilit de transmission du
VHC est de 150 800 fois suprieure celle du VIH lors du partage d’une
seringue contamine. Les mesures mises en place pour endiguer l’pidmie de sida
chez les usagers de drogues se montrent insuffisantes pour contrler celle de
l’hpatite C. Le message une seringue = un shoot qui a march pour
le VIH ne suffit plus. Pour se protger efficacement du VHC, il faut non
seulement une nouvelle seringue chaque shoot, mais aussi renouveler tous le
petit matriel (eau strile, filtre, cuillre…) lui aussi potentiellement
contaminant lors de la prparation et du partage.
Des salles de consommation
Et encore faut-il se shooter dans des bonnes conditions, et
srement pas dans la prcarit de la rue, qui rajoute des situations d’urgence
et de prise de risques. C’est pour cela qu’il faut apprendre aux usagers
s’injecter et mettre dispositifion des usagErEs prcaires des endroits pour le
faire proprement. L’installation d’un modle de salle de consommation lors de la
journe mondiale Hpatites le 19 mai 2009, destine exposer un des outils de
rduction des risques qui pourrait rpondre ces enjeux a fait bouger quelques
politiques et mdias, mais aujourd’hui, la veille de la prochaine journe
contre les hpatites, il n’y a toujours rien de concret.
Des campagnes d’information
De plus, il y a une inconscience de la prise de risque par les
usagers de drogues. Ainsi 35 % n’ont pas conscience des risques de transmission
du VHC lis au partage du petit matriel. Sans compter les ides fausses qui
circulent entre consommateurs sur les risques et les moyens de les viter (par
exemple chauffer le mlange dtruit les virus et les bactries, etc.). Il y a
une information d’ampleur faire passer aux usagers de drogues, qui pourrait se
faire par des grandes campagnes de communication grand public.
Aucune rduction des risques en
prison !
Enfin, la population
carcral a une prvalence 6 fois suprieure la population gnrale. L’usage de
drogue et l’injection est prsent en prison. Ainsi, selon une tude dans la
rgion PACA en 1999[6], 43% des usagers de drogues injecteurs actifs avant
incarcration continuent s’injecter en prison, 21% de ceux s’injectant en
prison partagent leur matriel, 7% se sont initis au shoot en prison. L’change
de matriel d’injection n’tant pas disponible en prison, les seringues
s’echangent entre dtenus, et la contamination par l’hpatite C, voire par le
VIH avec.
Act Up-Paris exige
:
– des campagnes d’information massive destination des UD sur les dangers
du VHC et ses modes de transmission ;
– la mise en place de programme
d’change de matriel de consommation : paille, pipe crack, etc. partout ou il
y en a pas (13 dpartements)
– la mise en place immdiate de programmes
d’changes de seringues et de RDR en prison ;
– l’acclration de
l’installation de salles de consommation de drogues moindre
risques.
Dpistage
Environ 1 personne sur deux ne sait pas qu’elle vit avec un virus
de l’hpatite C chronique. Plus on attend pour traiter, plus les dgts lis au
virus de l’hpatite C ont des risques d’tre irrversibles et plus les chances
de gurison sont minces. un stade avanc, la prise en charge fait appel des
soins particulirement lourds : elle est aujourd’hui l’origine de plus de la
moiti des cancers du foie et constitue la seconde cause de transplantation
hpatique aprs les cirrhoses alcooliques.
Mais on s’attend un triplement
des cancers du foie en 2025, volution qui pourrait tre vite s’il y avait eu
dpistage et prise en charge prcoces.
Ignorer qu’on vit avec le virus
conduit de plus transmettre la maladie sans le savoir. Ainsi il existe une
mconnaissance des usagErEs de drogues de leur statut srologique pour le VHC.
L’tude Coquelicot rvle que 27 % des usagErEs se dclarent srongatifVEs au
VHC tort alors que pour le VIH, les rsultats dclaratifs et biologiques sont
quasiment concordants : 2 % des usagers se dclarent srongatifs au VIH tort.
Des usagers contamins continuent donc de transmettre le virus sans le savoir.
D’ou l’importance de permettre un dpistage dans les centres qui accueillent ces
usagers souvent prcariss, qui auront trs peu de chances d’aller dans les
CDAG.
Act Up-Paris exige :
–
que des moyens soient donnes au CDAG, et aux centres qui accueillent des
usagers de drogues (CAARUD, CSAPA) pour pouvoir dpister les hpatites ;
–
que le gouvernement investisse dans des campagnes de dpistage cibles et grand
public.
Traitements
Il existe un
traitement qui permet de gurir dans 50 80% des cas selon le gnotype du
virus. Le traitement dure de 24 48 semaines.
La prcarit rend le traitement impossible
Les effets des traitements (fatigue, anxit, pisodes
dpressifs, trouble du sommeil de la concentration…) peuvent tre trs
gnants, et peuvent avoir un effet dsastreux sur la vie professionnelle,
sociale et affective, et encore plus sur les populations cites plus haut, qui
sont trs fragiles. La duret des traitements exige d’avoir un logement. Hors,
les logements thrapeutiques ne sont pas accessibles aux malades de l’hpatite
C. Ce qui exclut des traitements les populations les plus prcaires sans chez
soi, qui sont pourtant 3,5 fois plus touch par le VHC que la population
gnrale.
Trop peu de recherche
sur la coinfection VIH-VHC
Malgr
l’existence de traitements, 2600 personnes meurent chaque anne en France, faute
d’un traitement efficace : les hpatites sont la premire cause de mortalit
chez les personnes vivant avec le VIH. Le VIH aggrave le pronostic de
l’infection par le VHC, avec une progression deux fois plus rapide de la fibrose
et un risque de fibrose dcompense 5 fois suprieur.
Ces populations qui
auraient le plus besoin des nouveaux traitements parce qu’il sont en danger de
morts[7] et qu’il ne sont pas rpondants au traitement actuel[8] , sont
actuellement exclus des essais thrapeutiques parce les laboratoires
pharmaceutiques, pour avoir des meilleurs rsultats que le voisin, ne prennent
que des bons patients, qui permettent d’optimiser les rsultats,
et non les personnes qui posent le plus de problmes et qui correspondent une
grande part de l’pidmie.
Act
Up-Paris exige :
– que les malades aient accs un appartement thrapeutique
pour se soigner
– que les personnes cirrhoses ou co-infectes VIH puissent
intgrer les essais de nouvelles molcules ds la phase 2.
Sources
:
SOS hpatites : Hepatite : La
maladie silencieuse – Dossier de presse
LeMonde.fr : « La prvention de
l’hpatite C a 20 ans de retard sur le sida », le 19 mai 2009
Co-infection
: Des progrs indniables, des obstacles nombreux, par Stanislas Pol, Hpital
Cochin , 25/03/2010 (http://www.vih.org/20100325/co-infection-progres-indeniables-obstacles-nombreux-13252)
Projections
de l’incidence et de la mortalit par cancer en France en 2010,
Inserm
Rotily (M) et al. Drogues et toxicomanies: indicateurs et
tendances. L’usage de drogues en milieu carcral. dition 1999. OFDT
p198-201
Mdicaments de Substitution Opiace & Milieu Carcral,
Laurent Michel, Juillet 2009
Le dispositif national de reduction des
risques – Enqute inter-associative, 2006
M. Jauffret-Roustide et al.
Estimation de la sroprvalence du VIH et du VHC et profils des usagers de
drogues en France, tude InVS-ANRS Coquelicot, 2004, BEH 33/5 septembre 2006, p.
244-247
INVS, Prvalences de hpatites en France, 2004
Act Up-Paris,
Co-infection VIH-VHC – Des traitements, c’est urgent ! , Protocoles
59, janvier 2010, disponible sur http://www.actupparis.org/spip.php?article3893
—-
[1] Mark Nelson est directeur du service VIH, directeur
adjoint de recherche sur le VIH, au Chelsea and Westminster Hospital Londres,
Royaume-Uni. Il a t un des principaux auteurs des recommandations pour le
traitement et la gestion du VIH et co-infection par l’hpatite C, et membre et
co-auteur des recommandations pour le traitement et la gestion du VIH et la
co-infection par l’hpatite B publies en 2003. Nous avons traduit son
intervention lors de la Confrence de Cologne : http://www.actupparis.org/spip.php?article3893
[2]
INVS, prvalence de hpatites en France, 2004
[3] ANRS et al., 03 05
2006
[4] InVS, Surveillance nationale de l’hpatite C partir des poles
de rfrence, Donnes epidiologique 2001-2007
[5] InVS-ANRS Coquelicot,
2004
[6] Mdicaments de Substitution Opiace & Milieu Carcral ,
Laurent Michel, Juillet 2009
[7] Lire la prsentation de Mark Nelson,
directeur du service VIH, directeur adjoint de recherche sur le VIH, au Chelsea
and Westminster Hospital Londres : http://www.actupparis.org/spip.php?article3893
[8]
25 40% seulement de succs selon Co-infection : Des progrs indniables, des
obstacles nombreux par Stanislas Pol, Hpital Cochin
Journe Mondiale Hpatites
Pour un rel plan d’urgence plutt que des effets
d’annonce
L’hpatite C est une
affection d’origine virale, caus par un virus que l’on a appel non A,
non B jusqu’ la dcouverte en 1989 du virus responsable, le
VHC.
L’hpatite C ncessite un plan d’urgence sanitaire. La coinfection
avec le VIH encore plus. Ce plan d’urgence devrait aller d’une extension et une
diversification des outils de rduction des risques auprs des usagErEs de
drogues, des moyens affects la recherche pour largir la palette de
traitements en passant par un accroissement des efforts pour inciter au
dpistage.
Mais rien n’est fait, ou si peu. Le plan de Roselyne
Bachelot-Narquin n’est essentiellement qu’un effet d’annonce, bien en de de
l’urgence sanitaire et des moyens qu’il faudrait mettre pour viter une nouvelle
hcatombe. En effet, beaucoup de personnes co-infectes par le VIH et le VHC
sont dans la mme situation que les malades du sida au dbut des annes 80. Face
l’absence de volont politique, Act Up-Paris a dcid de faire de la question
de la coinfection la priorit des mois venir.
Selon le professeur Mark Nelson[1], le taux de survie d’une
personne co-infecte VIH-VHC est de 54 % un an, 40 % deux ans, 25 % 5
ans. Est-ce parce que beaucoup d’entre nous sommes des usagErEs de drogue que
l’industrie pharmaceutique et les pouvoirs publics nous laissent crever sans
rien faire en matire de prvention, de dpistage ou de traitements ? Nous
exigeons un plan d’urgence, nous ne voulons pas attendre que l’hcatombe qui
nous menace produise le scandale politique qui changera la donne. Il en va
maintenant de la responsabilit de chacunE.
Les
chiffres
Dans le monde, 180 millions
de personnes (soit 3 % de la population mondiale) vivent avec une hpatite C
chronique et 3 4 millions sont nouvellement infectes chaque anne.
En
France, 232 000 personnes sont atteintes d’hpatite C chroniques. Il y a entre
2700 et 4400 contaminations par an [2], et 2600 dcs par ans [3]. 43% des
personnes ignorent qu’elles vivent avec le virus. 35% des personnes vivant avec
le VIH sont aussi co-infectes par une hpatite.
L’hpatite C a un
pronostic svre en l’absence de traitement : pour 80 90 % des personnes, elle
devient chronique (c’est dire qu’elle s’installe dfinitivement dans le foie),
et est susceptible d’voluer terme et de faon insidieuse vers une cirrhose
et/ ou un cancer du foie.
Maladie
de la prcarit au centre des ingalits sociales
Cette maladie est aussi celle de la prcarit :
– chez les
usagErEs de drogues la prvalence est de 71 84 fois suprieure que dans le
reste de la population [4] ;
– chez les personnes alcoolique la prvalence
est 6 fois plus importante ;
– chez les prisonniErEs, la prvalence est
6 fois plus importante ;
– chez les personnes vivant de minima sociaux
la prvalence est 3 fois suprieure.
Les enjeux de la rduction des risques et de l’auto-support chez
les usagErEs de drogues
Rappel
historique
En France, les premiers
programmes de rduction des risques (change de seringues, accueil bas seuil,
substitution, etc.) ont t mis en place tardivement, alors qu’ils ont par la
suite prouv leur efficacit face au VIH. Ds qu’on a donn aux usagErEs de
drogues les moyens de se protger, ils et elles les ont utiliss, luttant contre
l’pidmie et prouvant leur sens des responsabilits. La transmission du VIH par
injection ne reprsente que 2 % des nouvelles contamination au virus du sida, et
ce taux est stable depuis la fin des annes 90.
Malgr le succs
incontestable de ces dispositifs, la rduction des risques est insuffisante en
France. Un tiers des dpartements dispose d’une seule structure de RDR, 13
d’entre eux n’ont aucune structure recense. Enfin, plus de 40 villes de 40
000-70000 habitants n’ont aucun dispositif de rduction des
risques.
De nouveaux enjeux face
au VHC
Des risques diffrents
du virus du sida
Si un quart des
hpatites C actuelles est due aux transfusions de produits sanguins ralises
avant 1992, 70% des nouveaux cas annuels sont lis l’usage de drogues,
principalement par voie intraveineuse. On souponne aussi le partage de pailles
et de pipes crack d’tre l’origine de contaminations. Prs de 60 % des
usagErEs de drogues et 28% des usagers de moins de 30 ans sont
infectEs[5].
Le virus de l’hpatite C est dix fois plus contaminant, et
beaucoup plus rsistant que le VIH (une seringue utilise par une personne
infecte reste contaminante 3 semaines, contrairement au VIH qui ne rsiste pas
l’air libre). Les statistiques montrent que la probabilit de transmission du
VHC est de 150 800 fois suprieure celle du VIH lors du partage d’une
seringue contamine. Les mesures mises en place pour endiguer l’pidmie de sida
chez les usagers de drogues se montrent insuffisantes pour contrler celle de
l’hpatite C. Le message une seringue = un shoot qui a march pour
le VIH ne suffit plus. Pour se protger efficacement du VHC, il faut non
seulement une nouvelle seringue chaque shoot, mais aussi renouveler tous le
petit matriel (eau strile, filtre, cuillre…) lui aussi potentiellement
contaminant lors de la prparation et du partage.
Des salles de consommation
Et encore faut-il se shooter dans des bonnes conditions, et
srement pas dans la prcarit de la rue, qui rajoute des situations d’urgence
et de prise de risques. C’est pour cela qu’il faut apprendre aux usagers
s’injecter et mettre dispositifion des usagErEs prcaires des endroits pour le
faire proprement. L’installation d’un modle de salle de consommation lors de la
journe mondiale Hpatites le 19 mai 2009, destine exposer un des outils de
rduction des risques qui pourrait rpondre ces enjeux a fait bouger quelques
politiques et mdias, mais aujourd’hui, la veille de la prochaine journe
contre les hpatites, il n’y a toujours rien de concret.
Des campagnes d’information
De plus, il y a une inconscience de la prise de risque par les
usagers de drogues. Ainsi 35 % n’ont pas conscience des risques de transmission
du VHC lis au partage du petit matriel. Sans compter les ides fausses qui
circulent entre consommateurs sur les risques et les moyens de les viter (par
exemple chauffer le mlange dtruit les virus et les bactries, etc.). Il y a
une information d’ampleur faire passer aux usagers de drogues, qui pourrait se
faire par des grandes campagnes de communication grand public.
Aucune rduction des risques en
prison !
Enfin, la population
carcral a une prvalence 6 fois suprieure la population gnrale. L’usage de
drogue et l’injection est prsent en prison. Ainsi, selon une tude dans la
rgion PACA en 1999[6], 43% des usagers de drogues injecteurs actifs avant
incarcration continuent s’injecter en prison, 21% de ceux s’injectant en
prison partagent leur matriel, 7% se sont initis au shoot en prison. L’change
de matriel d’injection n’tant pas disponible en prison, les seringues
s’echangent entre dtenus, et la contamination par l’hpatite C, voire par le
VIH avec.
Act Up-Paris exige
:
– des campagnes d’information massive destination des UD sur les dangers
du VHC et ses modes de transmission ;
– la mise en place de programme
d’change de matriel de consommation : paille, pipe crack, etc. partout ou il
y en a pas (13 dpartements)
– la mise en place immdiate de programmes
d’changes de seringues et de RDR en prison ;
– l’acclration de
l’installation de salles de consommation de drogues moindre
risques.
Dpistage
Environ 1 personne sur deux ne sait pas qu’elle vit avec un virus
de l’hpatite C chronique. Plus on attend pour traiter, plus les dgts lis au
virus de l’hpatite C ont des risques d’tre irrversibles et plus les chances
de gurison sont minces. un stade avanc, la prise en charge fait appel des
soins particulirement lourds : elle est aujourd’hui l’origine de plus de la
moiti des cancers du foie et constitue la seconde cause de transplantation
hpatique aprs les cirrhoses alcooliques.
Mais on s’attend un triplement
des cancers du foie en 2025, volution qui pourrait tre vite s’il y avait eu
dpistage et prise en charge prcoces.
Ignorer qu’on vit avec le virus
conduit de plus transmettre la maladie sans le savoir. Ainsi il existe une
mconnaissance des usagErEs de drogues de leur statut srologique pour le VHC.
L’tude Coquelicot rvle que 27 % des usagErEs se dclarent srongatifVEs au
VHC tort alors que pour le VIH, les rsultats dclaratifs et biologiques sont
quasiment concordants : 2 % des usagers se dclarent srongatifs au VIH tort.
Des usagers contamins continuent donc de transmettre le virus sans le savoir.
D’ou l’importance de permettre un dpistage dans les centres qui accueillent ces
usagers souvent prcariss, qui auront trs peu de chances d’aller dans les
CDAG.
Act Up-Paris exige :
–
que des moyens soient donnes au CDAG, et aux centres qui accueillent des
usagers de drogues (CAARUD, CSAPA) pour pouvoir dpister les hpatites ;
–
que le gouvernement investisse dans des campagnes de dpistage cibles et grand
public.
Traitements
Il existe un
traitement qui permet de gurir dans 50 80% des cas selon le gnotype du
virus. Le traitement dure de 24 48 semaines.
La prcarit rend le traitement impossible
Les effets des traitements (fatigue, anxit, pisodes
dpressifs, trouble du sommeil de la concentration…) peuvent tre trs
gnants, et peuvent avoir un effet dsastreux sur la vie professionnelle,
sociale et affective, et encore plus sur les populations cites plus haut, qui
sont trs fragiles. La duret des traitements exige d’avoir un logement. Hors,
les logements thrapeutiques ne sont pas accessibles aux malades de l’hpatite
C. Ce qui exclut des traitements les populations les plus prcaires sans chez
soi, qui sont pourtant 3,5 fois plus touch par le VHC que la population
gnrale.
Trop peu de recherche
sur la coinfection VIH-VHC
Malgr
l’existence de traitements, 2600 personnes meurent chaque anne en France, faute
d’un traitement efficace : les hpatites sont la premire cause de mortalit
chez les personnes vivant avec le VIH. Le VIH aggrave le pronostic de
l’infection par le VHC, avec une progression deux fois plus rapide de la fibrose
et un risque de fibrose dcompense 5 fois suprieur.
Ces populations qui
auraient le plus besoin des nouveaux traitements parce qu’il sont en danger de
morts[7] et qu’il ne sont pas rpondants au traitement actuel[8] , sont
actuellement exclus des essais thrapeutiques parce les laboratoires
pharmaceutiques, pour avoir des meilleurs rsultats que le voisin, ne prennent
que des bons patients, qui permettent d’optimiser les rsultats,
et non les personnes qui posent le plus de problmes et qui correspondent une
grande part de l’pidmie.
Act
Up-Paris exige :
– que les malades aient accs un appartement thrapeutique
pour se soigner
– que les personnes cirrhoses ou co-infectes VIH puissent
intgrer les essais de nouvelles molcules ds la phase 2.
Sources
:
SOS hpatites : Hepatite : La
maladie silencieuse – Dossier de presse
LeMonde.fr : « La prvention de
l’hpatite C a 20 ans de retard sur le sida », le 19 mai 2009
Co-infection
: Des progrs indniables, des obstacles nombreux, par Stanislas Pol, Hpital
Cochin , 25/03/2010 (http://www.vih.org/20100325/co-infection-progres-indeniables-obstacles-nombreux-13252)
Projections
de l’incidence et de la mortalit par cancer en France en 2010,
Inserm
Rotily (M) et al. Drogues et toxicomanies: indicateurs et
tendances. L’usage de drogues en milieu carcral. dition 1999. OFDT
p198-201
Mdicaments de Substitution Opiace & Milieu Carcral,
Laurent Michel, Juillet 2009
Le dispositif national de reduction des
risques – Enqute inter-associative, 2006
M. Jauffret-Roustide et al.
Estimation de la sroprvalence du VIH et du VHC et profils des usagers de
drogues en France, tude InVS-ANRS Coquelicot, 2004, BEH 33/5 septembre 2006, p.
244-247
INVS, Prvalences de hpatites en France, 2004
Act Up-Paris,
Co-infection VIH-VHC – Des traitements, c’est urgent ! , Protocoles
59, janvier 2010, disponible sur http://www.actupparis.org/spip.php?article3893
—-
[1] Mark Nelson est directeur du service VIH, directeur
adjoint de recherche sur le VIH, au Chelsea and Westminster Hospital Londres,
Royaume-Uni. Il a t un des principaux auteurs des recommandations pour le
traitement et la gestion du VIH et co-infection par l’hpatite C, et membre et
co-auteur des recommandations pour le traitement et la gestion du VIH et la
co-infection par l’hpatite B publies en 2003. Nous avons traduit son
intervention lors de la Confrence de Cologne : http://www.actupparis.org/spip.php?article3893
[2]
INVS, prvalence de hpatites en France, 2004
[3] ANRS et al., 03 05
2006
[4] InVS, Surveillance nationale de l’hpatite C partir des poles
de rfrence, Donnes epidiologique 2001-2007
[5] InVS-ANRS Coquelicot,
2004
[6] Mdicaments de Substitution Opiace & Milieu Carcral ,
Laurent Michel, Juillet 2009
[7] Lire la prsentation de Mark Nelson,
directeur du service VIH, directeur adjoint de recherche sur le VIH, au Chelsea
and Westminster Hospital Londres : http://www.actupparis.org/spip.php?article3893
[8]
25 40% seulement de succs selon Co-infection : Des progrs indniables, des
obstacles nombreux par Stanislas Pol, Hpital Cochin