On se souvient du traitement par la régie publicitaire du métro parisien de l’affiche montrant un baiser lesbien pour promouvoir le défunt salon Rainbow Attitude. Cette fois, c’est l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP – ex BVP) qui est montrée du doigt concernant l’avis émis à propos du spot télé de promotion d’une compilation Têtu lancée pour le quinzième anniversaire du magazine.
«DERRIERE CETTE DECISION, IL Y A UN VIEUX FOND D’HOMOPHOBIE»>
Les faits : Têtu avec Universal lance un double album de 40 titres, standards gays ou d’icônes friendly (Kylie Minogue, Lady GaGa, Britney Spears etc). Le spot qui doit le promouvoir à la télévision a été soumis à l’appréciation de l’ARPP, Universal étant adhérent de l’organisme il doit soumettre pour avis simple toutes ses publicités. L’ARPP a indiqué que la présence d’un enfant dans la publicité pouvait être problématique pour l’annonceur, en l’espèce Universal. La publicité pourtant se limite à mettre en scène des hommes et des femmes, et un enfant dans sa première version, semblant apprécier la compilation et se concluant avec un slogan : «La compilation TÊTU elle met tout le monde d’accord».
«On y voyait en premier plan un enfant, alors que ce magazine n’est pas destiné aux enfants. On a déconseillé à Universal Music (producteur de la compilation musicale, et du spot télé lié) d’y faire figurer un enfant, puisque selon la déontologie classique en publicité, l’enfant n’est pas la cible du produit vanté dans la publicité» a expliqué Stéphane Martin, directeur général de l’ARPP, à 20minutes.fr.
Pour Gilles Wullus, directeur de la rédaction du magazine interrogé par Les Inrocks, avec cet avis de l’ARPP «On sous-entend par là que Têtu est un magazine pour adultes. Têtu n’est pas plus un magazine pour adultes que GQ ou Elle. Et je ne pense pas que dans le même cas, on aurait demandé à GQ ou Elle de retirer le plan de l’enfant». Il estime encore que «Derrière cette décision, il y a un vieux fond d’homophobie. On laisse penser qu’un homo qui côtoie un enfant est forcément suspect. Est-ce qu’il y a là un amalgame entre homosexualité et pédophilie ? Je m’interroge.».
SOS Homophobie ne s’interroge pas dénonçant dans un communiqué un acte de censure et demandant à l’ARPP de revenir sur sa décision.
POUR L’ARPP, IL S’AGISSAIT D’UN SIMPLE AVIS ET ELLE FAIT PORTER LA RESPONSABILITE SUR UNIVERSAL
Avec cette polémique naissante, l’ARPP s’est fendue avant-hier d’un communiqué reprenant la chronologie des évènements et rappelant les faits. Si l’ARPP a examiné, sur demande de conseil de son adhérent, Universal, un projet de spot télévisé en faveur de la compilation, l’autorité professionnelle estime que son «analyse du contenu de ce projet de publicité a consisté à attirer l’attention quant aux réactions possibles que pourrait susciter l’utilisation de l’image d’un jeune enfant dans ce message alors qu’il n’en est pas la cible, sans remettre en cause l’existence de cette campagne».
Au-delà, l’ARRP fait porter la modification du spot sur Universal : «Sans réaction ni échange du demandeur (qui a de lui même décidé de modifications), les spots définitifs ont été validés par l’ARPP dès réception et avant diffusion sur les chaines de télévision».
La compilation TÊTU 15 ans est disponible sur l’iTunes Store et partout dans le commerce au prix de 19,99 euros.
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Le spot initial soumis à l’appréciation du BVP