A Vienne, la conférence internationale sur le
INEGALITES REGIONALES, SOCIALES, JURIDIQUES
Les inégalités entre pays développés et les pays du Sud ont une nouvelle fois été soulignées même si des avancées encourageantes dans certains pays africains ont été notés. Ainsi, grâce à des politiques actives de prévention et à la mise sous traitements de séropositifs et l’incitation au dépistage, la prévalence du VIH chez les jeunes de 15 à 24 ans a chuté de 25% dans 15 des 25 pays les plus affectés par le Sida à travers le monde.
Toutefois, l’OMS s’est alarmée du «fossé immense» qui se creuse au sein même de l’espace européen entre pays de l’ouest et ceux d’Europe centrale qui connaissent une recrudescence des contaminations, particulièrement chez les usagers de drogues injectables, et des difficultés d’accès aux traitements liés.
Mais les barrières juridiques ont été également condamnées, entre politiques répressives contre les toxicomanes, législations homophobes et droit des brevets et accords commerciaux qui empêchent la diffusion de médicaments génériques.
DES AVANCEES SCIENTIFIQUES NOTABLES
Aussi, la révélation de plusieurs études scientifiques a permis de réinsuffler de l’optimisme en matière de lutte contre le VIH. Si des études américaines en matière de recherche vaccinale avaient été produites quelques jours avant le congrès (article), d’autres annonces ont marqué cette session.
Ainsi, pour la première fois, une offre préventive se dessine à l’attention des femmes, notamment celles des pays du Sud où l’adjonction féminine du port du préservatif, même dans le cadre d’un couple sérodifférent, est aléatoire au mieux, impossible au pire. Un gel microbicide vaginal contenant du ténofovir, un antirétroviral, permettrait de réduire de 39% en moyenne les risques d’infection par VIH chez les femmes, selon une étude menée par le Centre de recherche sur le Sida en Afrique du Sud (Caprisa). Ce taux varie en fonction de l’observance par les femmes participantes à l’étude des consignes d’application. Même s’il doit être mis en comparaison avec les 90-95% de taux d’efficacité effective du préservatif ou des 60% de la circoncision, ce taux marque un espoir réel dans le cadre de politiques combinées de réductions des risques sexuels.
LE SACRE DU «TEST AND TREAT»
Mais c’est l’admission globale du TasP (Treatment as Prevention), et de son préalable de dépistage, qui semble avoir été le fait le plus marquant du congrès. Après la déclaration Suisse il y a plus de deux ans sur une possible non transmission du virus en cas d’absence de charge virale détectable grâce aux traitements, les avis français du Conseil National du Sida, de la Haute Autorité de Santé sur le dépistage généralisé, comme le Rapport Lert-Pialoux plus récent, le consensus semble mondial sur le fait qu’il faut dépister plus, plus vite, plus simplement, plus tôt, traiter plus, mieux, plus simplement et même plus tôt. Ces voeux sont anciens concernant les séropositifs mais nouveaux quand sous un angle préventif on admet dorénavant largement que les traitements peuvent avoir un effet préventif puissant en diminuant la charge virale communautaire, sa diffusion dans la population, et qu’ils constituent théoriquement le rempart le plus puissant contre le Sida en l’absence de vaccin.
Aussi, l’actualisation du rapport sur la prise en charge médicale des personnes infectées par le VIH, dit ‘rapport Yéni‘ du nom du professeur en charge de son élaboration, a acté ce point au niveau scientifique français.
Mais c’est au niveau politique désormais que la lutte contre le VIH doit être portée en prenant en compte ces données. Si Roselyne Bachelot n’a pas fait la même erreur qu’à Mexico où se tenait le congrès il y a deux ans et où elle avait brillé par son absence, sa venue à Vienne a été parfaitement orchestrée. Après la polémique née du document de synthèse sur le projet de lutte vih-sida français (article), Roselyne Bachelot a assuré que le dépistage généralisé était une mesure phare du projet en attente, que les expérimentations de dépistages communautaires seraient pérennisés sans toutefois en apporter les garanties, que le projet serait présenté à la rentrée et comporterait des mesures fortes sans les détailler. De plus, le cabinet de Roselyne Bachelot a habilement laissé croire qu’elle annoncerait à Vienne l’expérimentation des salles de consommation pour les usagers de drogues mais il n’en fut rien, renvoyant à une nouvelle concertation éventuelle le fait d’expérimenter en France ce qui marche ailleurs, ce que l’Inserm réclamait pourtant, délaissant un sujet électoralement sensible mais impérieux à des fins sanitaires.
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