La nouvelle faisait la Une de son édition du week-end. Le quotidien Libération révèle les résultats d’une étude menée par deux économistes de l’université d’Evry, Ferhat Mihoubi et Thierry Laurent. Leur travail montre que les gays gagnent 6,5% de moins, en moyenne, par rapport à leurs collègues hétérosexuels. A l’inverse, cette discrimination salariale ne frapperait pas les lesbiennes qui bénéficieraient en revanche d’une prime de +2,16% par rapport aux femmes hétérosexuelles.
LES ECARTS CONSTATÉS
Cette étude remettra à leur place les adeptes des clichés comme quoi les gays gagnent plus d’argent que les hétérosexuels et de faire des couples homosexuels des DiNK (Double Income No Kids – Double Salaire Pas d’Enfants) par excellence et au pouvoir d’achat supérieur à la moyenne.
Ainsi, via les réponses fournies à l’Insee par des couples de même sexe, les deux économistes ont rendu des conclusions faisant le lien direct entre orientation sexuelle et niveau salarial, au détriment des hommes homosexuels et au bénéfice relatif des femmes lesbiennes.
Ainsi, dans le privé, l’écart salarial entre hommes homosexuels et hommes hétérosexuels serait de 6,5% en moyenne au désavantage des premiers (5,5% dans le public). Cet écart a été constaté «toutes choses égales par ailleurs», précise le quotidien, c’est-à-dire à qualifications et fonctions égales, dans des entreprises de même taille, etc.
Mais cette inégalité varie selon plusieurs critères. Les jeunes sont moins confrontés aux discriminations salariales que les personnes plus âgées qui sont plus visibles dans l’entreprise soulignent les auteurs, l’invisibilité étant alors un élément de protection contre une discrimination salariale liée à l’orientation sexuelle. Aussi, les moins de 35 ans gagnerait 6,7% de moins que leurs collègues hétérosexuels, cet écart s’élevant à 11,3% chez les plus de 45 ans.
Egalement, plus un homosexuel occupe un poste à responsabilité, plus l’écart de salaire avec ses semblables se fait visible. Ainsi, un ouvrier ne serait pas touché par cette discrimination salariale alors que chez les plus qualifiés, l’écart salarial dépasserait les 10%. Le fait que les catégories sociales les moins favorisées soient les moins enclines à se dévoiler dans l’entreprise expliquerait cet écart, comme l’élément égalisateur par le bas des minimas salariaux.
Enfin, une «prime au mariage» est constatée, un homme marié gagnerait en effet en moyenne 4% de plus qu’un célibataire, les gays se trouvant ainsi doublement pénalisés. Un gay salarié dans le privé en France toucherait ainsi 10.5% de moins en moyenne qu’un collègue marié.
LES FEMMES LESBIENNES NE SUBIRAIENT PAS DE DOUBLE PEINE
«Tout se passe comme si les gays prenaient les caractéristiques des femmes hétéros sur le marché du travail, et qu’au contraire les lesbiennes s’accaparaient des éléments propres aux hétéros hommes» a expliqué l’un des auteurs de l’étude, Thierry Laurent à Libération. En effet, les femmes ne seraient pas frapper par cette discrimination salariale et bénéficieraient même d’une légère «prime» (+2%) salariale par rapport aux femmes salariées hétérosexuelles. Pour les deux économistes, cela s’expliquerait par une moindre visibilité des lesbiennes dans l’entreprise, une meilleure acceptation de l’homosexualité féminine et plus grande disponibilité professionnelle par l’absence plus fréquente d’enfants.
Aussi, les lesbiennes seraient nettement moins inactives (8%) que leurs homologues hétérosexuelles (24%) alors que les gays sont davantage touchés par le chômage (11.5%) que les hommes hétérosexuels.
PARTICULARITES CONCERNANT LE PROFIL SOCIOPROFESSIONNEL
Pourtant, sur le papier, les gays bénéficient d’un profil attractif et valorisable. Comme les lesbiennes, les homosexuels masculins seraient davantage diplômés, 40% ayant fait des études supérieures, contre 24% chez les hétérosexuels. Cette surreprésentation s’expliquerait par une plus grande visibilité chez les catégories sociaux-professionnelles privilégiées, la majorité des homos travaillant dans le tertiaire et plus dans le secteur public, secteurs où l’homophobie serait moins présente ou tout moins, moins crainte. Toujours du fait d’une plus grande facilité supposée ou avérée de dévoilement, les homos sont davantage urbains que les hétérosexuels mais restent moins longtemps en poste, chiffres laissant présumer des difficultés relationnelles induites par leur orientation sexuelle.
Aussi, comme le souligne Paul Quinio de Libération dans son éditorial, l’homophobie «reste un venin coriace» et «Non content d’être macho, les monde du travail se montre homophobe». Cette donnée était déjà connue, un sondage CSA de mars 2009 indiquait que 28% des salariés ne se sentaient pas «très à l’aise» avec un collègue homo…
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23/08/2010 Actualites Gay G.L.
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