Monseigneur Léonard, Archevêque de Malines-Bruxelles et primat de Belgique était déjà connu pour ses propos homophobes. Alors que ses propos sur le Sida, «une forme de justice immanente», lui ont valu une salve de critiques, il tente de se justifier, s’expliquer alors qu’une nouvelle polémique le concernant est en cours.
«JE VOUS DOIS QUELQUES EXPLICATIONS»
C’est sous ce titre que débute une lettre ouverte publiée par le site chrétien Catho.be que Monseigneur Léonard tente de se justifier alors que son porte-parole abandonnait de le défendre en démissionnant la veille de sa publication et qu’une plainte est instruite à l’encontre du prélat.
«La vague de réactions, plus que négatives, suscitées par ce qu’on appelle «mes propos» a sans doute secoué certains d’entre vous. Peut-être même ces réactions d’indignation étaient-elles aussi les vôtres… Moi-même je réagirais vivement à ces «mes propos» tels qu’ils vous ont été présentés» écrit tout d’abord l’archevêque qui estime que ses déclarations ont été tronquées.
Sur le Sida, il se défausse en écrivant que ces propos sont anciens (de 2006, ndlr) et ne sont ressortis qu’à la faveur d’une traduction en langue flamande du livre d’entretien où ils sont reparus. «Il s’agissait de savoir si l’éclosion de cette maladie était un châtiment du ciel. Il était donc bien question de la première propagation du sida dans l’espèce humaine. Pas question, dans ce contexte, de la contamination par des transfusions sanguines, ou par des seringues contenant de la drogue et encore moins de la contagion passant de la mère à son enfant !» indique le prélat. On ne comprend pas cette distinction opérée entre les victimes du virus, laissant semble-t-il le qualificatif de «forme de justice immanente», une justice découlant naturellement des faits accomplis, aux contaminations par voie sexuelle, homosexuelles en particulier suppose-t-on.
Se défendant de toute homophobie contre les personnes, l’archevêque entretient le discours discriminant de l’Eglise avec une distinction artificielle entre la condamnation des actes, de l’homosexualité proprement dite, et des personnes, des homosexuels, qu’il ne faut pas injurier. «Je pense, d’un point de vue philosophique, qu’il y a dans la tendance et dans la pratique homosexuelle, une orientation qui n’est pas cohérente avec la logique objective de la sexualité» indique-t-il.
TRADUIRE LES ECCLESIASTIQUES PEDOPHILES AGES, «UNE SORTE DE VENGEANCE»
Mais de nouveaux propos de Monseigneur Léonard alimentent la contestation même de son autorité sur l’Eglise belge. Dans une interview accordée à la RTBF, il compare le fait de traduire en justice des prêtres pédophiles âgés qui ne sont plus en fonction à une «sorte de vengeance» et à de la «vindicte poussée jusqu’au bout». «Est-ce qu’elles (les victimes, ndlr) souhaitent vraiment qu’un prêtre de 85 ans, soit maintenant, tout d’un coup, mis au pilori, décrié publiquement?» s’interroge-t-il avant de répondre «Je pense que la plupart ne souhaitent pas ça».
Sur ces propos, l’évêque d’Anvers, Johan Bonny, s’est désolidarisé de son archevêque. «Ce qu’il a dit me pose problème» a déclaré Mgr Bonny sur le plateau de De Zevende Dag (VRT). «Il est clair que c’est la justice qui doit déterminer la manière dont elle souhaite travailler, et d’évaluer la nature des faits, ainsi que l’âge» a-t-il ajouté.
Monseigneur Léonard lui-même rétropédale dans sa lettre ouverte affirmant qu’il ne parlait que de justice canonique et non civile et se limitait à des faits prescrits et trop anciens pour être jugés par la justice pénale belge.
Etiqueté comme «réactionnaire», voire «intégriste», et surnommé le «Ratzinger belge» (ndr : nom de naissance du Pape), Monseigneur Léonard se retrouve de plus en plus isolé dans l’opinion publique même si ses déclarations se retrouvent en réalité conformes à la doctrine vaticane.
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