L’INVS a publié dans son dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) en prélude de ce premier décembre, Journée Mondiale de lutte contre le Sida, les derniers chiffres épidémiologiques concernant l’infection à VIH-sida en France en 2009. Et les chiffres sont particulièrement préoccupants avec une hausse constatée du nombre de dépistages positifs, notamment chez les gays comme chez les jeunes alors que l’accent doit être mis sur le dépistage, le plus précoce possible pour un meilleur pronostic individuel et pour que collectivement les taux d’incidence et de prévalence décroissent.
CONTAMINATIONS CROISSANTES DEPISTÉES CHEZ LES HOMOSEXUELS
Encore une fois les signaux restent au rouge vif chez les gays. Pire, alors que le nombre de personnes ayant découvert leur séropositivité en 2009 est estimé à environ 6 700, chiffre relativement stable, le nombre de contaminations d’homosexuels masculins croit significativement comme les dépistages positifs tardifs au sein de la communauté homosexuelle.
«Parmi les groupes exposés, l’augmentation de 2009 n’est retrouvée que chez les homosexuels. Le nombre de découvertes de séropositivité dans ce groupe est estimé à environ 2 500 en 2009, soit 37% de l’ensemble des découvertes» souligne l’INVS. «Concernant les nouveaux diagnostics de sida, dont le nombre diminue depuis plusieurs années (environ 1 400 en 2009), les homosexuels représentent également le seul groupe pour lequel le nombre de cas a tendance à augmenter en 2009» remarquent encore les épidémiologistes. Comment expliquer cette augmentation inquiétante chez les gays ? L’INVS, faute de mieux, ne peut que poser des hypothèses. La première, scénario du pire, est que l’incidence et donc les expositions au VIH par les gays, augmente. La seconde, privilégiée par les chercheurs, estime que cette hausse correspond à un recours accru des homosexuels au dépistage, accroissement «non vérifiable» malheureusement. Toutefois, «L’augmentation régulière du nombre de découvertes de séropositivité chez les jeunes homosexuels de moins de 25 ans depuis plusieurs années (nombre qui a doublé en six ans) est un indicateur inquiétant». Ces données, couplées avec l’espoir d’une systématisation et répétition du dépistage chez les gays, conduit à ce que ces chiffres continuent à augmenter pendant plusieurs années.
LE DÉPISTAGE, COUPLÉ AUX TRAITEMENTS, NOUVEL AXE DE PRÉVENTION MIS EN AVANT
Au niveau mondial, le rapport annuel Onusida montre pour la première fois que l’épidémie commence à stagner du fait principalement de l’accès aux traitements accrus dans les pays du Sud comme aux efforts de préventions dans ces régions. «Toutefois, en France, 150 000 personnes sont infectées par le virus du sida et on estime que parmi elles, 50 000 ne le savent pas, probablement parce qu’elles ne se pensent pas exposées» rappelle l’INPES. «D’une part, sur le plan collectif, ces personnes contribuent aux 7 000 à 8 000 nouvelles contaminations annuelles et d’autre part, sur le plan individuel, elles ne peuvent pas bénéficier de traitements» rappellent les pouvoirs publics pour inciter au dépistage, sujet central du nouveau plan de lutte VIH-sida 2010-2014.
Pour réussir à dépister les personnes séropositives qui s’ignorent et éviter les diagnostics tardifs et les contaminations incidentes, une campagne national est lancé ce jour, tant à l’attention de la population générale, chez les gays qu’envers les professionnels de santé appelés à proposer systématiquement le dépistage.
A dessein, une affiche a été créée, comme un spot généraliste.
A l’attention des gays, des bannières web rappelant que près de la moitié des nouvelles contaminations concernent des hommes homosexuels et recommandant un dépistage du VIH au moins une fois par an seront diffusées en décembre sur les sites communautaires dont CitéGAY.
Egalement, le site Yagg.com a initié une campagne vidéo à laquelle s’est jointe pour l’heure onze personnalités (Clémentine Célarié, Claire Chazal, Dave, Ysa Ferrer, Marc-Olivier Fogiel, Christophe Girard, Pascal Houzelot, José Levy, Michal, Jean-Luc Romero et le Pr Willy Rozenbaum). Baptisée «1 sur 5», cette vidéo montre ces personnalités se succéder pour un appel à la mobilisation : «En France, dans l’enquête Prévagay, 1 gay sur 5 est séropositif. Chaque année, 1% des gays est contaminé par le virus du sida: c’est 200 fois plus que dans le reste de la population. Dans dix ans, si nous ne faisons rien, 1 gay sur 3 pourrait être séropositif. Ce n’est pas une fatalité. Aujourd’hui, nous savons comment agir. Utilisons le préservatif. Faisons un test de dépistage très régulièrement. Et si l’on est séropositif, le traitement, pris le plus tôt possible, permet de vivre mieux. Il réduit aussi de façon très significative les risques de transmission du virus aux autres. Maintenant, vous savez: agissez! Maintenant, nous savons: agissons!».
La manifestation parisienne à l’appel des associations pour cette Journée mondiale de lutte contre le sida 2010 a comme slogan «Tout recule sauf le sida». Elle démarrera ce mercredi 1er décembre à 18h30 place de la Bastille, puis empruntera le boulevard Beaumarchais vers la place de la République, avant de redescendre par les rue du Temple et Beaubourg, avant de s’achever avenue Victoria, au siège de l’AP-HP.