Aujourd’hui fort d’une carrière jallonée de plus de 80 millions de disques vendus à travers le monde (18 singles au Billboard Hot 100 et 30 singles dans le Top 40 des Charts UK à ce jour), le groupe signe un incroyable 13ème opus, produit par un de leurs plus grands fans, une des personnalités les plus influentes du monde de la musique actuelle : Mark Ronson (Amy Winehouse, Christina Aguilera, Kaiser Chiefs, Robbie Williams) …
Si l’inflluence des 4 brummies s’étend sur un spectre de styles musicaux aussi vaste (du rap au hard rock, en passant par le R’n’B et l’electro), c’est que c’est probablement le seul groupe au monde à n’avoir jamais refait deux fois le même album de suite (Seven and The ragged Tiger est new-wave, Notorious est Funk, Big Thing expérimente la house music, Meddazaland le rock industriel etc …). De quoi destabiliser un public qui n’a pas toujours répondu présent de la même façon …
Avec ce 13ème opus le challenge était clair : Imaginer ce qu’aurait été la suite de « Rio » 2ème album unanimement salué par le public et la critique, 5ème meilleure vente de l’année 1982 en Angleterre (classé durant 2 ans et demi au Billboard US), un disque cité maintes fois en référence et dont le seul visuel est à lui seul un emblème des années 80 (pastiché dernièrement sur le visuel de l’album « Record Collection » de Mark Ronson, et cité entre autres dans le film « Greenberg » sorti cette année, avec un titre inclus dans sa BO soigneusement orchestrée par James Murphy du LCD Soundsystem).
L’ambition était grande et risquée : Comment faire une galette qui ait un son contemporain et neuf, mais dans lequel on retrouve les ingrédients de ce qui avait tant plu à l’époque de la naissance du mouvement new-romantique ? Comment réconcilier les réfractaires du 12ème opus « Red Carpet massacre » qui avaient accusé le groupe d’avoir vendu son âme aux infâmes co-producteurs Justin Timberlake et Timbaland, et ceux de la première heure, qui n’attendaient qu’une seule chose … retrouver la magie qu’ils estimaient perdue ?
4 ans après, les quatre garçons de Birmingham n’ont pas dit leur dernier mot et reviennent avec « All You Need Is Now » qu’ils décrivent comme étant leur meilleur disque depuis 20 ans …
Un fierté traditionnelle et systématique dont on se méfie, Duran Duran étant quelquefois capables autant du pire que du meilleur… La promesse a intérêt à être à la hauteur des espérances !
Et puis vient finalement le jour où je reçois le fameux 9 titres directement en lien streaming hyper sécurisé … Mark Ronson lui-même, au moment où je l’avais interviewé il y a 6 mois, m’avait fièrement fait écouter quelques extraits incroyables de son travail avec le groupe, et il en avait également diffusés sur sa radio new-yorkaise. C’était déjà très prometteur et catchy à souhait mais ça avait véritablement fait monter ma curiosité à son point culminant… Entre temps de nombreux effets d’annonce avaient été distillés sur le net : Ana Matronic, des Scissor Sisters a prêté sa voix à un des titres de l’album, une des chansons a été co-écrite avec Nick Hodgson des Kaiser Chiefs, l’homme chargé des arrangements de cordes n’est autre que Owen Pallett, ex Arcade Fire, l’album a été mixé par le mythique Mark « Spike » Stent (Depeche Mode, Bjork, U2) et qu’une guest-star mystérieuse a participé à un des titres au tout dernier moment.
Je clique fébrilement sur le lien et dès le premier titre … une évidence s’impose, un truc totalement bluffant ! Le son si caractèristique des débuts du groupe est retrouvé avec une précision incroyable, mais toutefois enrichi d’une vraie touche de contemporanéité. L’harmonie parfaite entre chaque instrument, qu’on n’avait plus entendu se compléter aussi parfaitement depuis longtemps, sonne d’emblée atemporelle et donc totalement dans l’air du temps !
On commence par « All You Need Is Now » choisi comme vibrant 1er single, disponible exclusivement sur Itunes dès le 8 décembre (téléchargement gratuit ce jour ICI ) ….
Il s’agit là d’un véritable ovni qui commence par un son de synthé crade distordant, et qui semble pensé pour réinstaller le groupe en tant que vrai groupe de rock (le chanteur Simon Lebon s’est d’ailleurs laissé pousser la barbe pour l’occasion). La chanson n’est pas sans rappeler certaines oeuvres expérimentales de U2 période Zooropa, et semble en fait être le collage de deux mélodies presqu’antagonistes : Un couplet très rock avec un refrain très pop. La guitare, contre toute attente, est bien plus présente que sur l’album précédent. Dom Brown, guitariste jusque là additionnel, semble en bonne voie pour une intégrer totalement la formation. La batterie de Roger Taylor semble quant à elle doppée aux amphétamines et la voix du chanteur n’a jamais été aussi puissante ! En arrière plan on reconnaît parfaitement les touches de synthé caractéristiques de Nick Rhodes qui semblent directement issues de leur 3ème album Seven and The Ragged Tiger (on pense à « Cracks in the Pavement ») … « All You Need Is Now », parfaite synthèse de rock, pop electro et new-wave, il a une saveur qui se révèle un peu plus à chaque écoute. Le côté expérimental de son gimmick au synthé rappelle aussi un des meilleurs albums de Duran Duran, à savoir le mésestimé « Medazzaland » … Un titre qui s’annonce dors et déjà comme un slogan anti-crise, un hymne au « lâcher-prise », résolument optimiste et volontaire, que beaucoup risquent de s’approprier très rapidement.
A partir du 2ème titre « Blame The machines » et jusqu’à la moitié de l’album, l’auditeur est alors littéralement embarqué sur un cheval au galop, incontrôlable, un effet incroyablement grisant ! Ce titre est dans doute celui qui sonne le plus Duran Duran de l’album, dans la lignée des hits « Girls On Film » et « Electric Barbarella ». Un morceau de pop parfait, aux intonations électro, qu’on a envie de danser, en totale insouciance, comme un jerk endiablé. Je mets quiconque au défit de ne pas avoir envie de se dandiner sur ce morceau totalement festif et insouciant ! On s’aperçoit aussi que cela fait longtemps que les textes de Simon Le Bon n’ont pas été inspirés à ce point, et qu’il sort enfin des thèmes un peu bateaux qu’il avait l’habitude d’aborder jusqu’à présent … « Blame The Machines » sonne comme une révolte joyeuse à l’encontre de l’omniprésence des machines dans notre société, et auxquelles on a souvent tendance à faire trop confiance. On aimera aussi la voix féminine qui intervient aux trois quarts de la chanson, très arrogante, très pop british, mais aussi très Kylie … Une chanson catchy en diable dont la batterie semble parfois calquée sur un battement de coeur qui ralentirait par moment pour s’emballer ensuite de plus belle. Un titre qui sortira forcément également en single pour faire un carton !
« Being Followed » est la 3 ème chanson, et c’est le titre que tout bon fan aurait voulu voir sortir en tout premier single, tellement il est efficace. Très épique, avec son très entêtant refrain « I’m not Alone, being Followed » , il est sans doute aussi un clin d’oeil à la geek attitude, voire même à la Nolife attitude de ceux qui passent leur temps sur Twitter et Facebook, pour se créer une compagnie artificielle. Dès l’intro à la guitare, qui fait penser à « A Forest » de The Cure on est emportés par une mélodie imparable. Le rythme fait penser à « Atomic » de Blondie, ou même plus récemment à certains hits de Gossip, qui eux-mêmes ont forcément dûs être marqués par la ligne de basse si caractéristque de Duran Duran … Aux trois quarts la tonalité monte d’un cran et le titre devient quasiment la BO d’un Western, avec ses sifflements à la Enio Morricone(ou plus récemment Goldfrapp). Le titre devient une véritable épopée fantastique auquel Simon Lebon met fin avec panache, avec un chant de victoire de ténor hispanique, au milieu des envolées de cordes et de sons d’alarme de voitures de police …
« Leave a Light On » est une des ballades magiques dont seul Duran Duran a le secret, un titre qui s’inscrit dans la lignée de « Matter Of Feeling » , qui figurait sur « Notorious », l’album funk du groupe … La chanson pleine d’émotion qui bénéficie d’un final qui fera surtout un effet incroyable lors des prochains concerts qui s’annoncent. Le texte y prendra par ailleurs toute sa dimension, rappelant le désormais classique « Save A Prayer », et son refrain impérissable « Don’t say a prayer for me now, save it till the morning after » …
C’est précisement avec « Safe » (In the hit Of The Moment) que les quatre garçons nous replongent dans l’ambiance disco-funk qui avait fait les beaux jours de l’album « Notorious ». Ici on les soupçonne clairement d’avoir voulu gratifier son public d’un « Cry Baby Cry » amélioré (Un titre funky méconnu, qui figurait sur le bonus japonais de l’album Red Carpet Massacre, à la grande incompréhension des fans qui majoritairement l’adoraient et l’auraient bien vu en single). Ambiance boule à facettes, « Chic » et seventies dans laquelle les interventions rappées-chantées d’Ana Matronic (Scissor Sisters) font clairement penser au phrasé de Madonna sur « Vogue ». Pas évident à la première écoute à cause d’un refrain pas tout de suite identifiable, mais cette chanson deviendra probablement un hymne des discothèques, tant il se révèle au fur et à mesure de chaque écoute …
Le titre suivant « Girl panic » est probablement celui qui a inspiré l’instrumental ovni « Circuit Breaker », sur l’album de Mark Ronson … En tout cas pour les sons de synthé qui y sont pratiquement semblables … Mark Ronson avait déclaré que son album avait été inspiré en grande partie par son travail avec Duran Duran, on comprend mieux pourquoi maintenant … Pourtant ici on est dans un tout autre univers… Le ryhtme est très festif : Il s’agit d’une sorte de salsa brésilienne sur laquelle on aurait collé les sons new-wave de l’album « Seven and the Ragged Tiger » … Un titre toujours très catchy et propice à la déconne, sur lequel on entend tout de même des guitares torturées en arrière-plan … Un titre qui mettra forcément l’ambiance, avec ses rythmes congas … ! (Raphael Dejesus es-tu là ?)
Retour à une certaine forme de gravité avec le titre suivant « The man who stole a Leopard » , un véritable MONUMENT (et je pèse mes mots) sur lequel figure la fameuse guest-star dont le nom avait été gardé secret jusqu’à présent : Kelis! La chanteuse n’a ici pas été engagée pour son registre R’n’B, mais bien pour la sensualité de sa voix, perceptible plus que jamais dans son dernier opus. Le morceau incroyablement envoutant évoque ni plus ni moins le magnifique instrumental « Tel Aviv », un classique qui figurait sur le tout premier album de Duran Duran … Les répliques de Kelis y font écho à celles de Simon Lebon, comme si la chanteuse était une sorte de fantôme, de muse irréelle … Un titre à écouter en boucle pour mieux en apprécier les subtils arrangements de cordes et son aspect hyper planant, néanmoins sur un rythme dansant qui flirte avec un disco très seventies … A la fin on repère également des riffs de guitare dans la lignée du « Seventh Stranger », autre classique impérissable du groupe. Un titre incroyablement beau qui finit dantesque … Mais je te laisse la surprise !
« Runway Runaway », quant à elle très modern brit pop, s’inspire beaucoup des arrangements du hit « Rio ». Un titre entraînant et catchy, résolument optimiste et festif dont on adorera scander le refrain … Où est le bateau ? Où est le soleil ? On a trouvé …
Si avec « The Man who stole a Leopard » la larme était prête à couler, il est très probable que les chutes du Niagara s’abattent sur « Before The Rain » , le titre sans aucun doute le plus poignant de l’album … C’est bien simple je n’ose imaginer ce que va donner ce titre très solennel, rythmée par un son de batterie militaire en concert et je me demande même si le chanteur lui-même réussira à retenir ses larmes lorsqu’il l’interprétera ! Là encore le tout est bâti sur une base de cordes qui donne vraiment à la chanson une couleur classique baroque presque nouvelle dans l’univers de Duran Duran (si on fait abstraction d’une certaine classic touch sur des titres comme « Out of my Mind » , « Tel Aviv » , « Tricked Out » , ou « Drive By » ) … Ici on entendrait presque aussi les clavecins. Pour faire court, « Before The Rain » est un peu le « Russians » (Sting) de Duran Duran, et si on pense qu’elle peut aussi vouloir dire « Avant la fin » , on imagine l’effet dévastateur qu’elle peut avoir en fin de concert. Quasiment un requiem, avec en plus des clins d’oeil au niveau des arrangements de synthé, au fameux classique « The Chauffeur » , considéré jusqu’à présent comme une des plus belles chansons du groupe … Là encore un hymne immense !
Avec « All You Need Is Now », Duran Duran réussit à réinventer le néo-romantisme, en lui injectant une touche de modernité, et en conservant les ingrédients qui déjà à leurs débuts témoignaient d’un avant-gardisme qui allaient par la suite influencer des générations de musiciens. Cet album, plus homogène que ses précédents et puisant plutôt coloré années 70, à la fois épique, puissant et revigorant, pourrait être la bande son d’un film ou d’un opéra Rock, avec une pointe de classique baroque, jusque là quasiment inédite dans leur univers … Un album qui comme Simon Lebon l’a déclaré, a quelque chose de furieusement tendance, mais de façon quasiment fortuite …
Indéniablement Duran Duran vient de signer un nouveau classique, de surcroît anti morosité, jeune et frais, aux mélodies imparables, tantôt festives tantôt poignantes, qui réconciliera à la fois les fans de la première heure, qui lors des concerts sont demandeurs de surprises sans cesse renouvellées, de ceux qui réclament inlassablement les classiques, et le jeune public qui les a découvert récemment dans les stades ou les grandes salles de concert du globe … Un album qui fait quasiment la synthèse des 12 précédents, si bien qu’on pourrait s’en contenter lors de la prochaine tournée (début probable en Février 2011 en Angleterre, d’après certaines déclarations du bassiste John Taylor …)
Cerise sur le gâteau, chaque chanson d’ « All You Need Is Now » sera déclinée en clip, comme au temps des premiers albums (Duran Duran avaient été les premiers à lancer le concept). Il est aussi fort probable que le groupe signe lui-même à nouveau ses remixes comme à ses débuts, mais là je m’avance personnellement …
Sortie du single : « All You Need Is Now » exclusivement sur Itunes et le 8 Décembre (gratuit ce jour !)
Sortie de l’album 9 titres All You Need Is Now exclusivement sur Itunes le 21 Décembre
Sortie de l’album dans différentes versions physiques en Février 2011
Sortie de « From Mediterranea with Love » un EP spécial pour l’Europe peu de temps après l’album exclusivement sur Itunes
EN SAVOIR PLUS : http://www.duranduran.com/
http://myspace.com/duranduran
VIDEO PLUS : Extrait d’All You Need Is Now (son)
Extrait de « Being Followed » (son) (dévoilé par Mark Ronson sur sa radio)
MAJ 25/03/2011 :
Après un triomphe lors de sa sortie sir Itunes en Décembre dernier (n°1 dans plus de 15 pays à travers le monde), « All You Need Is Now » sort le 22 Mars en édition physique et physique Deluxe, avec 5 titres supplémentaires : Mediterranea, Other People’s Lives, Diamond In The Mind, Return To Now et Too Bad You’re So Beautiful » / EN CONCERT AU GRAND REX LE 10 JUIN !!!
TRACK LISTING :
ALL YOU NEED IS NOW
BLAME THE MACHINES
BEING FOLLOWED
LEAVE A LIGHT ON
SAFE (IN THE HEAT OF THE MOMENT) Feat Ana Matronic
GIRL PANIC !
THE MAN WHO STOLE A LEOPARD feat Kelis
RUNWAY RUNAWAY
BEFORE THE RAIN
English translation :