Avec un nom à coucher dehors (si quand même un peu …) mais un physique à surtout pas dormir dans la baignoire, Jérôme Van Den Hole risque au pire de ne laisser personne indifférent, au mieux d’expédier l’affligeant Grégoire et son agaçant collègue Christophe Maé aux oubliettes …
Là où le premier prend des airs affectés et nous fait presqu’une pieta juste pour dire « Allez danse ! », là où l’interprétation du second ressemble à un mix entre crise d’épillepsie et syndrôme de Gilles de la Tourette, le majestueux Jérôme (un peu prince charmant version Marcel Gotlib tout de même) nous fait cadeau de la puissance d’une voix qu’on n’avait pas entendu depuis bien longtemps en France, et semble déterminé à y imposer une pop punchy et fraîche de qualité.
La trentaine souriante et fort d’une formation classique dans le domaine de l’opéra (et oui !), notre homme autoproclamé « plus grand fan d’AC/DC de France », cite aussi bien Michel Polnareff, que Jacques Dutronc, Philippe Katherine ou encore Claude François !
L’album qu’il s’apprête à nous livrer début Mai, très seventies avec ses chabadabada et ses envolées de batterie presque glam rock, est truffé de mélodies savoureuses et entêtantes, magnifiées par des arrangements de cordes et de piano, mais aussi pop, folk, jazzy et bluesy …
Maniant le second degré et l’autodérision avec une facilité déconcertante mais surtout touchante parce qu’on imagine que tout cela cache forcément une gravité réelle, Jérôme nous parle d’Amour, de Mort, de déception, mais surtout de recherche de Plaisir à tout prix.
Son album, dédié à l’hédonisme, est un peu celui d’un homme simple, un anti-héros, qui fait l’aveu de ses faiblesses : lâcheté, infidélité, paresse, révolte, etc … et qui a pris le parti de mordre coûte que coûte dans la vie à pleines dents.
Sur « Chienne de Vie » par exemple, il déclare sans rancune et de façon poignante, sa flamme à la vie devant laquelle il se sent tout petit, avec la fougue d’un crooner des années 50 et des intonations qui évoquent immédiatement et de façon bluffante le regretté Claude Nougaro.
« Paradis » sonne ensuite comme un échos au « On ira tous au Paradis » de Michel Polnareff. Une sorte de « Aimons-nous vivants » qui n’est en fait ni plus ni moins qu’une invitation à la partouze générale, et dont le refrain part un peu comme le « Fais comme l’oiseau » de Michel Fugain …
Grand moment également avec la chanson « Crocodile », un titre où l’auteur se résigne à donner « son corps à la science physique », cédant aux plaisirs de la chair alors qu’il n’attend que le grand amour.
Et puis il y a « Debout » véritable ovni délirant et décalé, interprété en duo avec la chanteuse Camille. Titre catchy qui reprend la rythmique, au choix de « Ces Années là » de Claude François ou de « I don’t Feel Like dancin » des Scissor Sisters, avec une mélodie carrément proche du rap. Un délicieux moment de régression ou Jérôme bégaie même parfois comme un certain Richard Gotainer !
Chose ultra rare de nos jours et donc à noter : Jérôme articule magistralement chacune de ses syllabes et sa façon de faire délicieusement siffler les S est un véritable plaisir pour les oreilles. Et puis ce qui est frappant, c’est un amour immodéré pour la langue française, ce même amour qu’on ne retrouve ironiquement plus que chez les chanteurs québecois …
Initialement choisie comme premier single (mais c’est finalement « S’en aller » qui a été choisie …) « Boum, boum » fait clairement un parallèlle entre l’acte sexuel et l’assassinat, les deux pouvant envoyer à leur manière, au septième ciel …
Egalement au programme de ce premier album décidément très riche, des titres aux intensités plus dramatiques et pleins de tendresse, comme « Encore » (ambiance gospel), « Ca déborde », ou même inquiétantes, avec « Je sais pas » (ambiance country).
Première chanson de Jérôme Van Den Hole à bénéficier de la clarté des projecteurs : « S’en aller » plante le décor et dévoile un univers sympathique, fait d’humour, de tendressse et d’autodérision. Avec sa rythmique seventies qui évoque clairement le mythique « Love Is All » de « Roger Glover and the butterfly ball », et son texte qui paraît léger au premier abord, mais qui en définitive parle du manque d’assurance, cette chanson devrait rapidement devenir le premier tube d’une longue série !
« Moi je veux m’en aller pour voir
S’il n’est pas trop tard
Pour entendre attends-moi » … Tout un programme !
Ah j’oubliais … Sur scène Jérôme est une véritable bête de scène, à découvrir impérativement. Vrai performer (une voix incroyable mais ça je l’ai déjà dit), vrai entertainer (Fou rire garanti pendant les interludes où il ne manque pas d’amuser la galerie), et charisme certain … On ne s’ennuie pas !!!
EN SAVOIR PLUS : http://www.jeromevandenhole.com
VIDEO PLUS : S’en aller