Emporté par un cancer du poumon, l’acteur, réalisateur, scénariste et metteur en scène Patrice Chéreau nous a quittés ce lundi 7 Octobre à l’âge de 68 ans, plongeant dans le chagrin une grande partie des français ainsi que son large public gay et lesbien.
Fils d’un peintre et d’une dessinatrice, Patrice Chéreau avait obtenu le prix du Jury au festival de Cannes en 1994 pour La Reine Margot, puis le César du meilleur réalisateur en 1999 pour Ceux qui m’aiment prendront le train.
Cet artiste majuscule, homosexuel assumé mais qui »ne voulait surtout pas se spécialiser dans les histoires gay », laisse derrière lui une filmographie géniale de sensibilité, de violence et de poésie, évoquant régulièrement le thème des sentiments amoureux et donc celui de l’homosexualité, comme dans »l’homme blessé » en 1983, où il montre des scène de drague homo, l’inoubliable »Ceux qui m’aiment prendront le train » en 1997 ,où il évoque également la séropositivité, ou encore »Persécution » en 2009 qui raconte l’histoire angoissante d’un homme (Romain Duris) persécuté par un autre (Jean-Hugues Anglade), persuadé de voir en lui »l’homme de sa vie ».
De 1982 à 1990, l’homme au regard toujours tendre et mélancolique avait également été directeur de la maison de la culture de Nanterre, devenue Théâtre Nanterre-Amandiers, Centre dramatique national à son arrivée, avant de se consacrer avec succès à l’opéra, parallèllement à la préparation de La Reine Margot. Il travaillait dernièrement à l’adaptation de »Des hommes », un roman de Laurent Mauvignier, et à la mise en scène de »Comme il vous plaira », de William Shakespeare, prévue aux Ateliers Berthier de l’Odéon-Théâtre de l’Europe en mars 2014.
Parfois incrédules, de nombreuses personnalités ont manifesté leur douleur après avoir appris la triste nouvelle:
Sur Twitter le réalisateur Xavier Dolan a ainsi écrit: »RIP Patrice Chéreau. Tu étais un héros. Ton intelligence et ta liberté me donnent du courage en ce 1er jour de tournage pour #Mommythefilm ». Dans Le Monde, le chef d’orchestre Pierre Boulez a rendu hommage au »seul metteur en scène avec qui il a eu envie de travailler », évoquant quelqu’un qui »avait une manière tellement concentrée d’être, que cela touchait quelque chose de très profond chez moi ». Toujours dans Le Monde, l’actrice Isabelle Adjani a évoqué un des regards les plus pénétrants qu’elle ait jamais croisés et avoue qu’elle croyait l’artiste éternel. Sur Twitter, Roselyne Bachelot a quant à elle écrit: »Mort Patrice Chéreau. Tristesse et émotion. Pense à sa mise en scène d’Elektra à Aix. Beauté stupéfiante et totale compréhension de l’oeuvre. »