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Le plus afro des couples gay fête un an de mariage

Alors que l’étau se resserre pour beaucoup d’homosexuels en Afrique, c’est dans la grande tradition africaine et vêtus de la tenue de peaux des jeunes mariés zoulou et tswana qu’ils se sont dit « oui » pour la vie, entourés d’amis et voisins n’ayant rien à redire sur cette union entre hommes. Un mois après leur mariage civil il y a juste un an. Ils avaient 27 ans.

« Les gens sont venus pour manger mais surtout par curiosité », s’amuse Cameron, le plus extraverti des deux. « Je suis sûr qu’ils voulaient voir qui est la femme de nous deux! », enchaîne Thoba, physique de rasta avec ses longues dreadlocks.

Un an plus tard, ce conte de fée « made in South Africa » tient ses promesses.

Le couple fête ses noces de coton, projette d’avoir des enfants avec une mère porteuse « dans quelques années » et plus que le recul des droits sur le continent, il se méfie des aléas de la vie commune: « Tes chaussettes qui traînent partout! », lance Thoba.

La Constitution sud-africaine héritée de l’ère Mandela protège la liberté de chacun d’être marié, divorcé, polygame ou homosexuel, et rien n’empêche les homosexuels d’adopter.

Leur mariage haut en couleurs, coiffe de lièvre pour l’un, couronne en léopard pour l’autre, a été suffisamment rare pour attirer plusieurs télévisions qui ont fait du couple des célébrités.

On les voit sur les plateaux TV, récemment dans un festival de cinéma canadien Massimadi. On les hèle quand ils font les courses pour poser avec eux.

Même dans les townships noirs, où l’homosexualité reste mal vue, « on n’a jamais vécu de discrimination », assure Cameron.

« J’ai pensé au suicide »

Eux-mêmes vivent et travaillent à Sandton, le quartier d’affaires de Johannesburg, à des années lumière de l’Afrique du Sud profonde.

« On voulait un mariage traditionnel pour célébrer notre africanité. Certains disent qu’on ne peut pas être gay et africain, que l’homosexualité est un truc de Blancs, de l’Occident et qu’originellement les Noirs n’étaient pas gays. Donc nous on voulait montrer qu’on est gay, et noir, fier, et fier de notre culture africaine », explique Cameron.

Au final, ce fut « une fête, un moment très heureux », dit-il tout sourire, « on a chanté, dansé, ri, pris des photos, jusqu’au bout, avec les mères, les grands-mères ».

Auparavant, les familles s’étaient échangé des cadeaux, couvertures, vêtements, lits. Mais pas de « lobola », la dot traditionnelle due par le gendre à ses futurs beaux-parents.

« C’est très rare pour une famille noire de comprendre l’homosexualité de son fils, très, très rare. Enfant, j’avais peur au début, peur de les décevoir mais en fait, ils m’ont soutenu, ce qui me rend très heureux et me met à l’aise », reprend Cameron, dont la famille vit près de Johannesburg.

Comment expliquer cette tolérance? « Je suis indépendant, diplômé, j’ai un travail (comme auditeur-comptable, ndlr), mon propre appartement, donc ils acceptent ma vie. En plus ma mère est greffière, ma tante dans l’administration, donc en quelque sorte, ce sont des gens qui ont étudié et comprennent ce genre de choses », dit-il.

Thoba, originaire des environs de Durban (est), a aussi vécu avec soulagement la révélation à sa famille de ses préférences masculines: « J’ai convoqué une réunion chez moi. Les anciens sont venus et le premier truc qu’ils m’ont demandé, était de savoir si j’avais mis une fille enceinte! ».

« J’ai dit +non+ et ils m’ont alors demandé si j’étais gay. J’ai encore dit +non+ car je voulais leur dire moi-même. J’ai pleuré, j’avais peur qu’ils me renient ou un truc comme ça. Avant mon baccalauréat, je croyais que j’étais le seul gay, j’ai aussi pensé au suicide, à comment ma famille allait accepter ça », raconte-t-il. « J’ai finalement dit que j’éprouvais des sentiments pour d’autres garçons et ils se sont exclamés qu’ils s’en doutaient depuis toujours! ».

Seule sa soeur a fait un blocage, annonçant qu’elle allait prier et jeûner pour qu’il change. En vain. « Je ne sais pas comment mon grand-père qui est décédé, l’aurait pris », ajoute Thoba. « Mais pour ma grand-mère, c’était confus. Autrefois, on n’en parlait pas (…) elle m’a demandé d’expliquer ce que font deux garçons dans une chambre… Je ne pouvais pas répondre à ça. Alors je lui ai fait comprendre que tout ce qu’elle avait éprouvé pour mon grand-père, et bien c’était pareil pour moi ».

Source : AFP



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