6e
Rencontres In&Out,
le
Festival du Film Gay et Lesbien de Nice 2014
Nice
Queer Film Festival 2014
Au regard de l’extraordinaire année qui vient de s’écouler,
entre le vote du Mariage pour tous et la déferlante de films abordant la
question de l’homosexualité sur les écrans français, nous aurions du titrer la
6e édition des Rencontres In&Out «Tout va mieux». Pourtant une
petite voix dans nos têtes ne cesse de fredonner un tout autre refrain :
«Je
t’aime, moi non plus»
La situation reste en effet dramatique pour les personnes
LGBT dans de très nombreux pays et, sans chercher si loin, les agressions et
insultes LGBTphobes ne cessent d’augmenter en France. S’assumer, rester
soi-même, être accepté par une société qui stigmatise encore la différence,
autant de questions qui habitent toujours homosexuel-le-s, bi et trans partout
dans le monde.
Nombreux sont ceux qui n’arrivent pas à s’affranchir de ce
voile de honte, de solitude et de rejet. Malgré l’évolution des droits,
l’homophobie est loin d’avoir déposé les armes, et plusieurs films de notre
sélection témoignent de ces violences, dont sont particulièrement victimes les
plus jeunes (Free Fall, Aime et fais ce
que tu veux, Floating Skyscrapers, Land of storm, L’armée du salut, Little Gay
Boy). Une violence dont les personnes séropositives sont aussi la cible (Test, E Agora ? Lembra-me).
Cette année, le renouveau et l’audace artistique sont à
chercher côté «courts». La sélection Short
en queer s’étoffe, en effet, de focus autour du travail d’Anthony Hickling
et Antonio Da Silva, deux réalisateurs à l’esthétique affirmée.
Antonio Da Silva s’inscrit aussi pleinement dans la carte
blanche qu’offre la section Vue
d’ailleurs au Festival Queer Lisboa. L’occasion de découvrir la richesse du
cinéma queer portugais, dont la créativité n’a pas été amoindrie par la crise
économique.
D’autres thématiques complètent cette très riche sélection
2014 : un hommage à l’humour «Camp»* et à son égérie trans Divine (I’m Divine, Qui a peur de Vagina Wolf),
l’exploration des nouveaux territoires sexuels (Gerontophilia, Concussion, Submerges), un regard sur le passé avec
deux chefs-d’oeuvre du cinéma queer (Sebastiane,
Portrait of Jason) et bien sûr les dernières nouveautés dénichées dans les
plus grands festivals mondiaux (Cannes, Berlinale, Chéries Chéris, Pink
Screens, Image+Nation).
Comme chaque année, de nombreux invités seront présents
durant ces dix jours de festivités. Les réalisateurs Antony Hickling (Little Gay Boy), Antonia DaSilva (shorts
focus), João Pedro Rodrigues & João Rui Guerra Da Mata (shorts focus), Tina
Ficher (Je suis lesbienne – Montréal),
Sebastiano d’Ayala Valva (Les Travestis
pleurent aussi, Angel) et Abdellah Taïa (L’Armée du salut) mais aussi l’acteur Manuel Blanc (Little Gay Boy), l’auteur Didier
Roth-Bettoni (Sebastiane ou saint Jarman,
cinéaste queer et marty), la photographe Randa Mirza et João Ferreira, le
Directeur artistique de Queer Lisboa, viendront à la rencontre du public
azuréen pour notre plus grand plaisir.
Hors cinéma, In&Out propose deux expositions de
photographies qui interrogent le corps (Randa Mirza et Nir Arieli), une lecture
qui invite à (re)découvrir les écrits de Monique Wittig, figure majeure du
mouvement féministe français et «lesbienne radicale» autoproclamée, ainsi
qu’une soirée sur le coming out ébouriffé par Les Urbanocrates (lectures,
performances, exposition, projection).
Au-delà des peurs et des violences, art et spectacles
s’offrent à tous pour révéler la richesse de nos différences. Bon festival à
toutes et tous.