En 1920 paraissait La Promenade, Der Spaziergang, de Robert Walser, cet écrivain suisse qui vécut ses vingt-trois dernières années à l’asile de Herisau. Pour cet auteur la promenade n’est rien d’autre qu’un fil conducteur pour des rencontres. Les rencontres elles-mêmes sont moins importantes par l’objet ou la personne qui en sont l’occasion que par leur charge spirituelle, les signes qu’ils distribuent et qu’il appartient au seul promeneur d’interpréter, voire d’inventer.
Baudelaire écrit en conclusion du portrait de l’aquarelliste Constantin Guy : « La fantasmagorie a été extraite de la nature. Tous les matériaux dont la mémoire s’est encombrée se classent, se rangent, s’harmonisent et subissent cette idéalisation forcée qui est le résultat d’une perception enfantine, c’est à dire d’une perception aiguë, magique à force d’ingénuité ».
Ainsi je me suis inspiré de l’architecture de l’ouvre de Robert Walser. La promenade que je mets en scène suit le trajet de cet auteur et s’ouvre à cette pensée magique issue de l’enfance qu’évoque Baudelaire.
Cette déambulation est une descente aux enfers, une confrontation aux fantômes, une évocation de la quête amoureuse, du désir inextinguible et de la perte irrémédiable. « Ai-je cueilli des fleurs pour les déposer sur mon malheur ? » s’écrie l’auteur à la fin du livre, lui qui mourut en 1956, le jour de Noël ; quittant la clinique pour une promenade dans la neige, il marchera jusqu’à l’épuisement et la mort.
Jean-Pierre BARBIER-JARDET
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