Le bilan est catastrophique. Démoralisant. Les comportements à risque vis-à-vis du VIH et des MST ont augmenté de plus de 6 %, passant de 17 à 23 %, depuis 1997. C’est l’Institut de Veille Saniatire qui le révèle dans un inquiétant rapport que l’on peut consulter dans son intégralité sur internet (www.invs.sante.fr). Les homosexuels jeunes sont en première ligne, et notamment en Ile de France. L’enquête est sérieuse : elle repose sur les témoignages de 5000 gays interrogés ces derniers mois dans la presse gay.
« Au sein des couples, l’utilisation du préservatif est moins fréquente y compris chez les couples sérodifférents. D’une façon générale, les prises de risques avec des partenaires occasionnels sont en nette augmentation et aussi plus souvent répétées qu’en 1997. Cette tendance s’observe quel que soit le statut sérologique VIH des personnes. Néanmoins, les prises de risques régulières sont plus fréquentes chez les gays séropositifs » souligne l’IVS. « Pour les moins de 25 ans, la vulnérabilité propre à l’état de jeunesse (mal-être, difficulté technique à gérer la protection ou à la négocier avec les partenaires) et le fait d’être dans une génération qui semble se sentir moins concernée par le sida peut contribuer à la prise de risques ».
Des résultats qui confirment les études similaires menées récemment dans d’autres pays d’Europe ou d’Amérique du Nord, et avec l’observation d’une recrudescence des MST (gonococcie et syphilis) en France et en Europe.
L’enquête met aussi en lumière une réalité gay : un quart des répondants déclarent ne pas pouvoir se passer de la drague. La fréquentation des lieux de drague, qu’ils soient extérieurs ou commerciaux, est importante. Le nombre de partenaires sexuels masculins déclarés par les répondants au cours des 12 mois ayant précédé l’enquête. En 2000, le nombre moyen de partenaires est de 18 mais il masque une grande diversité de situations puisque certains répondants ont déclaré plusieurs centaines de partenaires dans l’année.
« Face à cette évolution, il est nécessaire de renforcer les actions de prévention auprès de la population homosexuelle en France afin d’inciter – de façon plus ciblée – les personnes dont le relâchement de la prévention est plus marqué (prises de risque répétées) à maintenir un comportement de prévention » estime l’Institut de Veille Sanitaire.
Pour les spécialistes de l’IVS, le contenu des messages et des actions de prévention mérite d’être mieux adapté à la diversité des formes d’exposition au risque. « Il s’agit notamment de prendre en compte le fait que, pour certains gays, la prise de risque n’est pas accidentelle mais désormais fréquente » ajoute l’Institut de Veille Sanitaire qui note que les nouveaux traitements ont modifié les perceptions du risque des gays, permettant à certains séropositifs traités de se réengager dans la sexualité avec l’amélioration de leur état de santé.
Le rapport complet est consultable sur Plus d’Information sur sante.fr