En Allemagne, à partir de 1933, le pouvoir totalitaire nazi se met, peu à peu, en place. Dans son programme, au même titre que d’autres populations, les homosexuels sont considérés comme des ennemis de l’Etat et doivent, à ce titre, être éliminés. Dès 1935, sur la base d’un texte de loi (l’article 175) réprimant l’homosexualité masculine, les fichages, les arrestations et les déportations sont planifiés. (Pendant cette période, près de 50 000 hommes ont été condamnés pour effraction à cette loi et environ 10 000 hommes ont été déportés dans les camps de concentration).Dans cet ouvrage Lutz Van Dijk a réuni les témoignages de onze homosexuels ayant vécus cette période. Onze hommes, qui ont en commun d’avoir vécu la répression, l’humiliation, l’emprisonnement et la douleur (voire la mort) à cause de leur homosexualité (même si certains étant également juif ou communiste). Onze hommes tous issus de milieux différents, ayant eu des activités multiples durant la guerre, qui au moment de leurs témoignages ont entre 65 et 85 ans. Plus de cinquante ans après ce drame, certains parviennent enfin à parler, pour la première fois, de ce qu’ils ont vécu entre 1933 et 1945 et de l’incidence que ce vécu a eu sur leurs vies futures. Au delà de la souffrance et de la mort, tous ces témoignages nous offrent aussi l’image d’une résistance, passive ou active, mais toujours présente. Ce livre a, en outre, le mérite de nous donner un aperçu des rouages de la dictature nazie et de sa politique vis-à-vis, entre autres, des homosexuels ; de nous ouvrir les yeux sur une histoire et un passé que certains voudraient au plus vite voir oublier et faire oublier.
Un livre porteur d’une rare émotion sans pour autant tomber dans le voyeurisme. A lire absolument.
La déportation des homosexuels de Lutz Van Dijk publié chez H&O éditions 89 F
